Hrd. de Angel Sanchez y Sanchez
Hrd. de Angel Sanchez y Sanchez

L’élevage des héritiers de Ángel Sánchez y Sánchez est aujourd’hui mené par son petit-fils Félix García Cascón. La devise charra associée à l’histoire des Trespalacios doit sa réussite à l’encaste Murube importé d’Andalousie depuis la maison mère. Felix ne ménage pas ses efforts pour faire perdurer ce passé et maintenir ses Murube à leur juste niveau de bravoure. Mais avant, il a d’abord dû remettre le troupeau dans un état sanitaire satisfaisant.
Malheureusement, le marché taurin s’est fermé sur cet encaste et Félix fait désormais combattre la quasi-totalité de la camada en rejón. Mais il en est ravi. Avec le temps, il a appris à comprendre le comportement de ses toros dans ce type de course et juge les résultats comme excellents. Si bien qu’il est pour lui difficile d’envisager des améliorations !

Ancienneté : -
Devise : Blanc, Rouge et Vert
Signal : Punta de espada à chaque oreille
Propriétaire : Félix Garcia Cascon
Gérant : Félix Garcia Cascon
Fincas : "Miguel Muñoz"  Monterrubio de la Sierra
   Asociación de Ganaderías de Lidia





Crédits photographiques :  

 

Dans le milieu taurin du Campo Charro, la famille Sánchez est une institution. Le nombre d’éleveurs de cette famille est incalculable, au point que même ceux qui ne portent plus le patronyme sont de la famille ! Nous nous intéressons ici aux Sánchez y Sánchez issus du couple Juana Sánchez de Carreros et Matías Sánchez-Cobaleda et communément appelés « los de Calzadilla », en rapport à leur finca.
Matías Sánchez-Cobaleda avait débuté comme ganadero avec son frère Arturo, celui des Vega-Villar, en achetant en 1910 l’élevage des fils de Julián Presencio d’origine Raso de Portillo. Mécontents des résultats, les deux frères revendent leur élevage en 1913, Matías renouant immédiatement avec le bravo en achetant l’élevage de Trespalacios. Son élevage était simplement annoncé Matías Sánchez mais jusqu'à sa mort, son nom fut toujours précédé de la mention « antes Conde de Trespalacios », tant il était difficile de faire oublier ce formidable éleveur, ou plutôt cette famille d’éleveurs qu’étaient les Trespalacios. Une réputation qui mérite qu’on s’y arrête quelque peu, même si le lien avec la ganadería actuelle n’est plus qu’histoire.

Originaire de Galice, la famille Trespalacios va écrire son histoire taurine en Estrémadure. Jacinto ouvre la voie en 1870 avec un premier élevage de bravos pour lequel il puise dans le bétail de son voisin et ami Juan Fernández de Trujillo. Les origines du troupeau proviennent de la terre de Castille avec des Jijón du marquis de la Conquista, un éleveur fameux de la région. Installé dans les environs de Trujillo, Jacinto Trespalacios choisit une devise verte et rouge et crée un fer à ses initiales. Il se présente à Madrid une dizaine d’années plus tard, le 29 avril 1883 avec au cartel "Lagartijo", "Currito" et "El Gallo". La course fut fameuse, les toros de Trespalacios prenant 53 piques, renversant 16 fois les chevaux et laissant au sol 18 cadavres. Dès lors, la popularité de la ganadería grandit et, aux alentours de l’an 1885, la devise jouit d’un grand cartel. Cette réussite ne semble pourtant pas suffire à don Jacinto qui puise dans d’autres origines pour renforcer son troupeau. Parmi celles-ci on trouve l’achat intégral de l’élevage du vicomte de Garci-Grande, l’étalon 'Roñoso' de Barrionuevo (origine Murube) et surtout des Veragua acquis en 1883. Peu à peu le sang veragueño prend l’ascendant et Jacinto, sur la fin du siècle, vend les restes de ses toros d’origine Jijón pour donner l’exclusivité au Veragua. À sa mort, en 1900, l’élevage passe à son frère, parfois présenté comme son neveu, Antonio Trespalacios Orellana, troisième comte de Trespalacios. Le comte est très riche, il vit dans un palais à Cáceres et est reconnu comme un grand aficionado. À vrai dire, l’afición, conjuguée à l’argent, fait souvent bon ménage. Fervent adepte des tientas, à une époque où elles sont encore rares, le comte va sélectionner à outrance, parfois à l’excès, et les résultats sont à la hauteur des sacrifices. En une seule décennie, il va faire du nom de Trespalacios une référence, surpassant la réputation de son frère. Les Trespalacios sont bien-sûr connus pour leur présentation remarquable et leur bravoure remarquée, mais aussi pour leur noblesse et leur « bon » comportement en piste. Comprenez que leur sentido était discret et qu'on les qualifiait souvent de « maniables », propos à remettre dans le contexte du début du XX° siècle. À la mort du comte, en 1909, lui succède son fils Diego. Le troupeau comprend alors 300 vaches de ventre aux robes noires, jaboneras, castañas, berrendas et cárdenas. Diego, un jeune homme doué en affaire présente les mêmes convictions que son père. Pour marquer de sa personnalité le troupeau, il entreprend de re-tienter l’ensemble du troupeau comme l’avait fait avant lui son père et étale à qui veut l’entendre les plus hautes ambitions pour sa devise. Une ambition vite annihilée, puisqu’il vend trois ans plus tard l’intégralité de l’élevage à Matías Sánchez-Cobaleda. Sans que le motif de sa débandade taurine ne soit dévoilé.

Matías Sánchez-Cobaleda implante les Veragua de Trespalacios dans le Campo Charro en conservant fer et devise. Les débuts sont prometteurs, le ganadero profitant de l’excellent travail du comte de Trespalacios. Mais, dès le début des années 1920, les affaires se gâtent, les résultats étant de plus en plus irréguliers et ce malgré une présentation qui demeure fidèle à leur réputation. De « très braves » les qualificatifs passent à « manque de nerf », « perte totale de la bravoure », « mansos ». Cependant, les toros de Matías Sánchez sont présents dans toutes les ferias aux côtés des figuras. La devise est une des plus réputées du marché. En 1929, l’année de son décès, la devise fait combattre treize corridas. Des lots complets puisque le ganadero prenait grand soin de préciser dans ses contrats qu’aucun toro de fer distinct ne pourrait être inséré dans les corridas de son étiquette. Une précision qui lui valut d’ailleurs quelques procès. Le troupeau fut divisé en cinq lots, un pour chacun de ses fils : Ignacio, Ángel, Antonio, Arturo et un pour sa veuve. Des cinq, aucun ne conservera la ligne Trespalacios, ce qui en dit long sur la dégénérescence de cette illustre lignée.

Ángel Sánchez y Sánchez ajouta la couleur blanche à la devise de son père et se présenta à Madrid le 14 octobre 1934. Mais il ne tardera pas à substituer ses Trespalacios vieillissants, qualifiés par certains critiques de « bœufs », pour un sang plus en vogue. En 1932, il choisit les Murube de doña Carmen de Federico.
Dans les années 1940, son nouvel élevage commence à faire sa place. Les figuras affrontent régulièrement ses toros et Manolete en est particulièrement friand. C’est précisément dans ce moment de gloire qu’Ángel va choisir de vendre une partie de son troupeau ainsi que son fer à Rafael Romero de la Quintana. Ce qui explique que les droits du fer d'Ángel Sánchez y Sánchez sont aujourd’hui la propriété du Marquis de Albaserrada, successeur de Romero de Quintana. Ángel conserve une portion de son troupeau et maintient le dessin de son fer. La renommée d’Ángel se poursuit et, dans les années 1950, Juan Pedro Domecq a le coup de foudre ! Il prend alors contact avec Ángel qui lui fait une proposition. En homme d’affaire avisé, il lance une offre démesurée pour s’assurer la tranquillité. Mais contre toute attente, Juan Pedro accepte et la quasi-totalité du troupeau d’origine Murube part pour l’Andalousie. Le célèbre 'Desteñido' qui remporta le concours de Jerez en 1955 était un fils d’une vache du fer de don Ángel.
N’ayant conservé qu’une trentaine de vaches, Ángel Sánchez y Sánchez repart de presque rien. Patiemment, il reconstruit une ganadería qui va de nouveau connaître un âge d’or du temps du Cordobés. Depuis 1946 et la vente à Romero de la Quintana, l’élevage n’était plus inscrit au premier groupe. Il va renouer avec le prestige de l’étiquette grâce à l’épouse d'Ángel, Carmen Ramírez Zubano, qui hérita en 1953 de l’élevage de son père Francisco Ramírez y Bernaldo de Quiros. L’origine de ce bétail provenait d’« Espioja » (Lorenzo Rodríguez) mais il va très vite laisser sa place aux Murube de la casa. L’élevage comptera deux fers jusqu’en 1972, date de la vente du fer de Carmen, aujourd’hui propriété des Matilla sous l’appellation de García Jímenez. Dès lors, le seul fer de la casa est inscrit à la discrète « Asociación » connue comme second groupe et la visibilité de l’élevage s’en ressent.
Au décès d’Ángel, c’est son petit-fils, Félix García Cascón qui reprend l’affaire. Fidèle à l’encaste Murube, il renforce en 1993 son troupeau avec un lot de Capea du fer de Carmen Lorenzo, de même origine. Une origine si peu en vogue par les temps qui courent qu'il est obligé de faire lidier pratiquement toute la camada en corrida de rejón.

 


Ángel Sánchez y Sánchez a débuté avec le sang veragueño des Trespalacios mais il l’a très vite abandonné pour l’encaste Murube.
En 1932, il fait venir d’Andalouie 50 vaches et les étalons 'Cerrajero' et 'Orejón' de Carmen de Federico. C’est à partir de ce petit lot qu’il va construire une des ganaderías les plus reconnues du Campo Charro. Ses Murube seront adorés des figuras et ce à diverses époques : Manolete en était un habitué et le Cordobés connut avec eux de grands succès. Mais les figuras ne furent pas les seules à s’intéresser aux toros de don Ángel, les ganaderos aussi. Et parmi eux figure un des plus reconnus : Juan Pedro Domecq qui n’a pas hésité en 1947 à acheter la presque totalité des vaches et à les mélanger à ses fameux Domecq. Cette affaire, financièrement excellente, obligea Ángel Sánchez à repartir de presque rien. Mais son expérience fit le reste et il cimenta un nouveau troupeau à partir de seulement trente vaches.

Au décès d’Ángel, c’est son petit-fils, Félix García Cascón qui prit la suite. Félix décrit le toro d’alors comme un toro brave, formidablement brave. Mais il connaissait des problèmes sanitaires et notamment la tuberculose qui engendrait de nombreuses pertes et maintenait une camada courte. Ces problèmes amenèrent Félix à renforcer son troupeau avec un lot de vaches du Niño de la Capea en 1993. L’achat se fit en toute garantie. Pendant deux ans, Félix suivit avec minutie les tientas de cet élevage et au final c’est lui qui put choisir les vaches. Des précautions qui montrent bien toute l’attention que porte Félix à sa ganadería. Les résultats de cette augmentation de capital sont bons, le ganadero décrivant ses toros comme aussi braves qu’à l’époque de son grand-père mais avec une dose de noblesse supplémentaire.

 
 

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