D. Isaías y D. Tulio Vázquez
D. Isaías y D. Tulio Vázquez

Isaías et Tulio Vázquez créent à la fin des années 1930, au nord de Séville, leur élevage avec du bétail à prépondérance Pedrajas. La sélection des deux frères Vázquez va façonner un toro à la morphologie unique, imposant et armé, agrémenté d'une caste vive. La devise fut une des plus réputées d'Espagne, définie en un seul mot : »Tulio". Cette phonétique aux différentes consonances, suivant de quel côté du burladero vous vous situez, possède cependant une constante : l'émotion, une garantie attachée à tout jamais à l'appellation, qui fait de ce fer une légende.
Mais la grandeur du passé n’est maintenant plus qu’une histoire ancienne avec aujourd’hui un manque de caste évident et même un réel déficit de bravoure. Restent tout de même un campo idyllique et quelques fugaces toros notables qui entretiennent l’espoir.

Ancienneté : 13 Juin 1948
Devise : Bleu, Jaune et Blanc
Signal : Rasgada à chaque oreille
Propriétaire : Isaías Vázquez Quintanilla
Gérant : Isaías Vázquez Quintanilla
Fincas : "Los Guaperales"  Constantina"Valdevacas"  Villanueva del Río y Minas
   Unión de Criadores de Toros de Lidia





Crédits photographiques : Terre de Toros  

 

En 1935, Isaías et Tulio Vázquez Román créent sur leurs terres de “Valdevacas” à Villanueva del Río y Minas, au nord-est de Séville, leur élevage de bravo. Ils prennent comme fer un A surmonté d’une croix et achètent du bétail à Joaquín Murube Turmo, alors propriétaire de l’ex élevage du Marqués de Guadalest d’origine Hidago-Barquero. Durant quatre ans, les deux frères vont se faire la main avant d’opter pour un achat de poids, un lot de bêtes de Francisco Fernández Gómez époux de Magadalena García Natera, la fille de don Antonio Pedrajas. Le bétail est bien entendu d’encaste Pedrajas dont la réputation n'est plus à faire. Les frères Vázquez Román débutent en 1941 à Valence et ne tardent pas à faire parler d’eux. À la qualité originelle de leur bétail, Isaías et Tulio allient une sélection draconienne qui produit un toro à la puissance et à l’agressivité toute particulière. À Séville en 1943, ‘Gamito’, lidié par Manuel Calderón, est qualifié de toro de bandera, cependant il blesse gravement le torero qui doit arrêter là sa carrière. Cet accident dévoile l’autre facette des toros de Isaías y Tulio Vázquez, celle du danger qui en même temps que le fer triomphe, motive l’appréhension des figuras qui les évitent. Malgré cet handicap, la devise triomphe dans les plus grands ruedos d’Espagne, comme en 1946 où ‘Torbisquero’ et ‘Acaudalado’ font la vuelta al ruedo à Bilbao, ou en 1948 lors de leur présentation à Madrid, le novillo ‘Boticario’ reçoit le même honneur, l’ensemble du lot dénotant par sa présentation et son comportement. Ou encore en 1954 à Saragosse avec le toro ‘Gavilán’. La réussite est totale, au point que les toros des frères Vázquez sont appelés familièrement "Los Tulios".

À partir du milieu des années 1950, l’élevage commence à décliner. La qualité demeure mais les succès se font moins réguliers. Durant cette période, quelques mutations vont s’opérer à la tête de la vacada. Isaías décède en 1959, son héritage allant à ses trois fils Isaías, Bartolomé et Francisco Vázquez Quintanilla, l’élevage est alors rebaptisé « Tulio y Herederos de Isaías Vázquez ». Tulio Vázquez Román est quant à lui resté célibataire et à son décès en 1965, il n’a aucun héritier et ses trois neveux deviennent seuls propriétaires et maintiennent l’appellation. Des frères Vázquez Quintanilla, c’est l’aîné Isaías qui dirige l’élevage. L’homme a appris son métier aux côtés de son père et conserve les pratiques ancestrales de la famille : sélection rigoureuse, tienta a campo abierto, camada courte, lidia de toros âgés. Dans les années 1980, il transfère l’intégralité du bétail dans la magnifique finca de « Los Guaperales » proche de Constantina, un véritable paradis naturel auquel ses toros donnent un cachet idyllique. Depuis 1983, l’élevage fait courir ses toros sous le premier nom de l’élevage « Isaías y Tulio Vázquez ». Cette même année, comme un hommage aux deux ancêtres, sortit en plaza de Madrid le toro ‘Mandador’, brave et encasté, il dévoila toutes les caractéristiques qui ont fait des « Tulios » une légende, faisant chuter le groupe équestre lors de la troisième pique et remportant tous les prix de la Feria de la San Isidro.
Depuis les années 2000, les « Tulios » souffrent d’un manque de caste évident et même d’un réel déficit de bravoure. L’élevage connaît des années très délicates, le troupeau est réduit et la devise passe plusieurs années blanches sans lidier de bétail tout en opérant ces derniers temps un rafraîchissement avec un semental Pedrajas de Yerbabuena. Le troupeau existe encore et tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir.

 


L’origine des « Tulios » est sans aucun doute pedrajeña, c'est-à-dire Parladé par sa seconde dérivation. Cette branche est aussi parfois qualifiée de Correa, nom de son créateur Franciso, mais plus connue sous la dénomination de Pedrajas, en hommage à Antonio García Pedrajas, reconnu sans conteste comme le créateur de l’encaste.

Mais avant de trouver la réussite avec les Pedrajas, les deux frères Vázquez Román vont se faire la main sur un tout autre bétail. Revenons aux sources, plus précisément en 1935, date à laquelle ils constituent un premier troupeau avec des bêtes de Joaquín Murube Turmo propriétaire alors de l’ex ganadería du Marqués de Guadalest d’origine Hidalgo-Barquero. Si ce fait est avéré, l’origine réelle de ce bétail est des plus incertaines. Les historiens de la fiesta avancent cette filiation mais d’autres se réfèrent également à une provenance Murube. Incohérence due, à coup sûr, au patronyme de Joaquín, mais qui ne peut être immédiatement écartée dans la mesure où l’homme n’a conservé le bétail Hidalgo-Barquero que quelques mois. Aucun fait ne permet d’écarter l’hypothèse selon laquelle ce Murube ne détenait pas alors par l’intermédiaire de liens familiaux confus d’autres bêtes issues du tronc Murube-Urquijo. Cependant, des textes mentionnent dans les premiers temps de l’élevage la présence de robes berrendas aparejadas, caractéristiques de la race Hidalgo-Barquero. L’existence de cette origine paraît donc incontestable, sans toutefois pouvoir certifier qu’elle était la seule. Car la question est de savoir si s’ajoutaient à ce bétail des bêtes d’origine Murube. Question ouverte et sans réponse.

Mais ceci ne relève que de l’anecdote historique puisque les frères Vázquez remplacent ce bétail par des bêtes de Magdalena García Natera, fille de Antonio García Pedrajas. Précisément 50 vaches de ventre et deux étalons nommés : ‘Grillito’ et ‘Nocheysol’. Isaías et Tulio Vázquez vont faire de ce bétail d’origine Parladé la base de leur ganadería, que leur rigoureuse sélection personnalisera peu à peu. Sans la moindre concession, leur vision du toro de combat va permettre de conserver intact l’esprit du Parladé primitif, bien que le « Tulio » présente une morphologie plus affinée. Seuls quelques rafraîchissements de sang seront opérés avec des étalons de Juan Guardiola Soto. Soit la même origine, puisque cette vacada était de pure origine Gamero Cívico, successeur direct de Fernando Parladé en 1914.
Outre les liens du sang, on remarque dans l’élevage deux lignées bien distinctes. L’une à l’ascendance Pedrajas indéniable avec des toros chatos, aux profils céphaliques incurvés, très musclés et bas qui développent des formes plutôt grossières. La seconde présente une morphologie plus effilée, avec des têtes plus allongées sans être aussi larges et aux profils plus rectilignes.


Elevages disposant de bêtes d'origine D. Isaías y D. Tulio Vázquez :

 
 


Morphologie
 

Le toro de Isaías y Tulio Vázquez est doté d’une ossature moyenne, léger, ses lignes sont plutôt fines donnant un beau toro muni d’un trapío certain. Plutôt bas sur patte, le tiers antérieur y est plus développé que le postérieur (aleonado), donnant une légère inclinaison de la ligne dorsolombaire de l'avant vers l'arrière, caractéristique dénotant de son origine Parladé. La croupe est arrondie, pourvue d’une queue longue et touffue à son extrémité. La longueur du cou est moyenne. La papada est importante sans être excessive, comme la badana. La tête est large au niveau des tempes, et courte (chato), une de ses caractéristiques les plus marquées. Les cornes sont bien positionnées et très développées. Partant d’une base large, la corne s’effile peu à peu dans un ton blanchâtre pour finir dans un aigu noir. Géométriquement, le berceau de cornes est ouvert, se recourbant généralement vers l’intérieur. Les formes les plus courantes sont les acapachados, cornidelantero et corniapretado.
Le poil est brillant, encensant la beauté de ses formes. La majeure partie du bétail possède une robe noire, mais il arrive de voir quelques exemplaires castaños, colorados ou encore tostados. Les listones et chorreados sont également nombreux.


Comportement

Sa bravoure est vive et âpre, voire rugueuse. De telles qualités morales, aidées par des formes musclées et ramassées, lui permettent d’exprimer toute sa fougue rustique dans des premiers tiers spectaculaires à la charge émotionnelle certaine. Assauts qui font toute leur réputation. Cependant, le tercio de piques dans sa pratique actuelle est souvent fatal aux « Tulios » qui se dépensent sans compter et perdent là beaucoup de leur énergie pour finir éteints ou arrêtés ensuite. Telles sont les principaux reproches qui leurs sont exprimés. Avec le déclin de la devise et une perte de race certaine, ce déficit de vigueur en fin de combat s’est accentué et caractérisé par des charges incertaines, brusques, parfois au pas en conservant souvent la tête à mi-hauteur. Ce qui les rend impropres ou du moins délicats à la pratique du toreo moderne.

 

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