Hros. De D. José Infante da Cámara
Hros. De D. José Infante da Cámara

 

En 1924, Emilio et José Infante de Câmara achètent l'élevage de Emilio Campos Fuente (ex "Campos Varela") et ajoutent dans les années 1930 des vaches de Alves do Rio et des étalons du Conde de la Corte, Juan Belmonte (origine Gamero Cívico) et Juan Guardiola (origine Gamero Cívico).
En 1944, Emilio et José se partagent l'élevage, José conservant le fer et la devise de Campos Varela. Depuis son décès en 1961, l'élevage est annoncé au nom des héritiers.
Depuis de nombreuses temporadas, l'élevage de Infante da Câmara, qui connut par le passé une belle réputation, n'a pas lidié de toros en corrida formelle. Si l'illusion des dernières générations pût susciter un mince espoir, la réalité les rattrapa à la fin des années 2010 où le troupeau semble disparaître de la scène.




C’est un certain Emilio Ornelas (on trouve aussi Emidio) Infante da Câmara, né en 1799 et époux d’une certaine Emilia Mac-Mahon Garrido de Cesan, qui plongea la famille dans l’élevage de bétail brave. Il reste peu d’informations sur son cheptel si ce n’est qu’il fut transmis à son fils Emilio Infante da Câmara (né en 1853), annoté comme padre par toutes les plumes de l’époque pour le différencier de son fils, un autre Emilio. Emilio Infante da Câmara, padre donc, convola en noces avec Emilia da Mota ce qui lui permit de récupérer le cheptel brave du père de celle-ci, un certain José da Mota Gaspar dont la mémoire a retenu qu’il avait officié comme régisseur des affaires de Rafael José da Cunha, personnage central de l’histoire des premiers ganaderos portugais du début du XIX° siècle duquel il hérita une partie du ganado.

C’est à Vale de Figueira qu’Emilio Infante da Câmara (padre) fit de son élevage l’un des plus réputés du Portugal de la fin du XIX° siècle et du début du XX° et c’est dans cette quintaque ses progénitures acquirent l’afición nécessaire à la sauvegarde et à l’enrichissement de ce patrimoine unique. Emilio confia les destinées de ses deux filles à d’autres grands noms de l’aristocratie nationale à laquelle la famille Infante da Câmara appartenait depuis au moins le XV° siècle puisque la généalogie atteste qu’un des aïeux n’était autre que Nuno Tristão, navigateur aux ordres du fameux Dom Henrique et dont les chroniques font le premier capitaine de marine à avoir déambulé sur le pont d’une caravelle nouvellement créée. Emilio Infante da Câmara maria donc son aînée Maria Emilia à Augusto Francisco de Assis et de leur union naquit Isabel future épouse de José Van-Zeller Pereira Palha. Sa seconde fut donnée et dotée à Norberto de Vasconcellos Mascarenhas Pedroso, ganadero de renom lui aussi dont le bétail de caste portugaise a plus ou moins survécu jusque dans les cercados de la famille des Irmãos Dias. L’entre-soi du gratin fonctionnait à plein de même que la préférence mâle dans les affaires d’héritage.

Quand il décède en 1923 à l’hôtel Borges en plein cœur de Lisbonne, Emilio padre laisse son élevage à ses deux fils, Emilio fils (né en 1888) et José (né en 1891). Le bétail qu’ils récupèrent est à l’image de celui de tous les autres ganaderos portugais de ce temps : une partie est composée de bétail de caste portugaise tandis que le reste est de plus en plus conforme au comportement et à la morphologie attendus d’un toro de lidia. Le sang vazqueño introduit dans les années 1830 a essaimé partout dans le dernier quart du XIX° siècle et les Infante da Câmara n’ont pas échappé à la mode. En 1902, l’évocation d’une corrida familiale lidiée à Lisbonne fait mention de « quatre de l’ancienne race portugaise destinés au rejón et 6 de la nouvelle caste qu’il est en train d’affiner et dont le semental est un Palha Blanco (Miura/Veragua) [...] Ceux de la nouvelle origine étaient de pelages différents : un berrendo en castaño, un autre noir et quatre berrendos » . En 1923, il est louable de penser que le toro d’Infante da Câmara ressemblait fort à celui d’un Palha Blanco dont la dominante essentielle était vazqueña voire même veragüeña. Emilio et José se sentirent plus forts à deux mais pour autant pas moins ambitieux. Ils tentent un croisement étrange avec un toro de Saltillo mais la décennie qui s’ouvre annonce plutôt le triomphe d’une autre rame de l’immense Vistahermosa : le Parladé. En 1924, ils achètent à Emilio Campos Fuentes le troupeau qu’il avait hérité de Gregorio Campos Varela (origine surtout Jijón) dans le seul objectif d’intégrer la Unión et donc de pouvoir lidier tras-os-montes(Areva, dans son Origenes e historial de las ganaderías bravas, situe cet achat en 1929). Entre 1933 et 1942, tous les croisements opérés ne sont que de nouvelles injections de sang Parladé dans leur élevage — et il semble que toutes les autres origines aient été envoyées à l’abattoir. Il en va ainsi en 1933 avec l’achat de bétail à la ganadería portugaise de Alves do Rio (le reste de cet élevage fut vendu à Coimbra et Albayda en Espagne) ainsi que de l’acquisition la même année de vaches auprès de João Assunção Coimbra (Tamarón par Alves do Rio). Il en est toujours de même lorsque les frères acceptent le cadeau du marquis de Villamarta, cadeau qui n’est autre qu’un semental issu du Conde de la Corte et nommé ‘Mayorquino’ (certains auteurs évoquent aussi l’étalon ‘Farolito’). On évoque également l’introduction de reproducteurs de Juan Belmonte et Juan Guardiola en 1937, ceux-là issus de la ligne Gamero Cívico du Parladé. L’exhaustivité de tous ces apports n’a de sens, à la fin, que de saisir la ligne directrice du projet de la fratrie : construire un toro moderne avec tout ce qui se faisait de meilleur en ce temps : le Parladé via surtout le Tamarón.

Les historiens ne s’accordent pas sur la date de séparation des deux frères : Carlos Abreu note 1947, Areva 1942 mais il semblerait que la décision fut scellée à la fin de la temporada de 1943 et effective en 1944. Peu importe. Chacun prend son envol mais c’est José qui conserve le fer de Campos Varela (Un C entrecroisé d’un V) et, a priori, le bétail le plus parladeño qu’il renforce par deux étalons achetés à Juan Pedro Domecq y Díez en 1960. À son décès, en 1961, ses deux fils, José et Maria Luísa, maintinrent le nom des Infante da Câmara sous la bannière des Herdeiros de Dom José Infante da Câmara qui enchaînait les succès et les triomphes comme lors de la corrida madrilène de 1967 au cours de laquelle le brave ‘Desleixado’ reçut les honneurs d’une vuelta al ruedo tout comme son maioral à la fin de la course. En 1986, la ganadería réinjecte un reproducteur de Juan Pedro Domecq mais José décède l’année suivante. Ce sont ses huit fils qui héritent de la ganadería et l’on imagine que cela complique les choses au moment de prendre des décisions. À l’heure actuelle, l’élevage a disparu des radars ou à tout le moins se trouve en dormance. C’est ce que nous espérons car le nom d’Infante da Câmara fait partie de la grande histoire du toro brave.

Revenons à la séparation de José et Emilio dans les années 1940. C’est Emilio qui décéda le premier, en 1949, laissant sa part à une veuve et à trois fils qui bientôt firent le sacrifice d’un siècle d’histoire ganadera familiale. Ainsi, en 1951, António Centeno Infante da Câmara vend sa part à Alberto Cunhal Patrício. Dix ans plus tard, c’est Fernando qui cède son tiers à Francisco Vaz Monteiro de Goes du Bocage qui le revendra en 1984 à Francisco José Braamcamp Lobo de Vasconcelos qui nommera son fer, toujours existant, Santa Maria. Enfin, c’est en 1963 que le dernier des fils d’Emilio (hijo), Emilio Centeno Infante da Câmara, permet à David Godinho Ribeiro Telles d’étoffer son élevage de bravos et de s’ouvrir les portes de l’Espagne.

 
 

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