Hermanas Azcona
Hermanas Azcona

Depuis 2014, la Navarre possède un autre fer de première (U.C.T.L.) celui des hermanas Azcona, filiation de l’élevage de Sierra Borja créé en 2002 par Daniel Ruiz avec du bétail de sa propre devise. Les sœurs Azcona ne sont âgées que d’une vingtaine d’années mais leur afición, comme celle de leur père, est des plus puissantes. Motrice inépuisable, on sent ici que rien n’est impossible, un bol d’air et d’espoir pour aficionados.
L’ascendance Domecq provenant d’une grande maison facilite leur genèse et la devise débute rapidement en novilladas sans picador. Le succès et l’enthousiasme de l’afición locale leur permet de passer aux novilladas piquées dès 2017. Depuis, le petit élevage présente au moins une novillada par an.

Ancienneté : -
Devise : Vert et Grena
Signal : Hoja de Higuera à chaque oreille
Propriétaire : Ganaderia Hnas. Azcona S.L.U.
Gérant : Yolanda Azcona Blasco
Fincas : "Orfanato"  Olite
   Unión de Criadores de Toros de Lidia





Crédits photographiques : Terre de Toros  

 

Daniel Ruiz crée en 2002 avec Manuel Serna Borja López la société Sierra Borja, S.L. et profite de l’article 7 des statuts de l’U.C.T.L. pour créer une division de son élevage au nom de la nouvelle société. Le bétail part alors pour la province d’Albacete. Il n’y restera que quelques années car en 2009, l’élevage est vendu dans sa totalité à Rafael Muñoz qui transfère le troupeau dans la sierra au nord de Cordoue sur la commune de Belmez.
Rafael Muñoz Muñoz est un torero cordouan modeste surnommé « El Andaluz » mais c’est dans les affaires immobilières qu’il réussit à se faire un petit pécule pour s’offrir une première ganadería de toros de lidia. Il achète en 2001 l’élevage de El Tinajar et l’inscrit au nom de « Ana Muñoz » (A.G.L.), le bétail étant d’origine Nuñez et installé dans les environs de Morón de la Frontera. Ce n’est que six ans plus tard qu’il achète la devise de Sierra Borja. Malheureusement pour Rafael, la crise de l’immobilier va rendre les affaires difficiles et il va devoir se séparer de son élevage. Mais ses rancœurs envers le monde taurin sont telles qu’il ne veut en aucune manière vendre à quelqu’un du milieu. Son chemin croise alors celui de la famille Azcona et l’affaire est rapidement conclue, le bétail est acheté au prix de la viande !

Félix Azcona détient la société de démolition Erri-Berri basée à Olite en Navarre mais qui intervient dans toute l’Espagne. Il n’a d’autre lien avec le monde taurin que son immense afición, mais c’est déjà bien plus que d’autres. Son affaire florissante lui permet d’envisager quelques rêves et parmi eux celui de fonder un élevage de toros bravos. Un de ses encastes préférés est le Santa Coloma mais l’acquisition de la ganadería est faite par opportunité et non par choix, pourtant aucun Azcona ne regrette ce choix.
Félix est un homme atypique. Il est à l’image de l’homme du nord, vaillant et travailleur, jamais dans l’apparence ou le faste. Bien que fortuné, ici aucune exubérance, aucune fioriture mais du travail et du bon sens. Si les ancêtres des Azcona étaient Auvergnats cela n’étonnerait personne. La finca fut bâtie en une dizaine d’années sur un terrain plat et vide. La totalité des matériaux utilisés provient de la récupération des différents chantiers de la famille. Ainsi la plaza de tienta est issue de l’ancienne arène de Vitoria, les pierres utilisées pour la construction de la salle de réception viennent également de cette plaza où on peut encore lire les numéros des assises. La cheminée n’est autre que la porte d’entrée de l’ancienne prison de Pampelune, les barrières d’un des cercados viennent d’un parc de Valladolid et ainsi de suite. Faite de bric et de broc, la finca n’est pas pour autant un grand bazar, tout est soigné donnant lieu à un ensemble totalement farfelue et atypique. Si la première raison pour laquelle Félix Azcona a créé un élevage est son afición, la seconde et non moins essentielle est la famille. Ses deux filles, Yolanda et Beatriz, jouissent de la même afición et le père de famille a vu dans l’affaire un projet pour se rassembler au quotidien. Quoi de plus beau que de travailler dans ce que l’on aime avec ceux que l’on aime ? Et cela aucune fortune ne peut vous l’offrir fait remarquer Félix.
Yolanda et Beatriz sont mordues et cela fait plaisir à voir. Présentes à tous les étapes de vie de la ganadería, pour le plaisir mais aussi et surtout pour les moments de labeur. Yolanda ne cache d’ailleurs pas que ses moments préférés sont ceux du campo, voir son bétail en piste lui est beaucoup plus pénible. La sélection se fait à trois entre Félix, Yolanda et Beatriz. Les avis divergent parfois et il n’est jamais facile de se mettre d’accord. Félix a une tendance naturelle à la bonté, sa fille lui faisant remarquer que si elle l’écoutait ils garderaient toutes les vaches ! Les filles sont quant à elles intransigeantes et ne laissent passer aucune faille. Si bien qu’une année, une seule vache fut approuvée en tentadero répond Félix. La vérité est sûrement au milieu, entre la sagesse des anciens et l’intransigeance de la jeunesse. Il est bien là le charme de cette nouvelle devise et on ne peut que lui souhaiter de trouver rapidement l’équilibre.

 


L’élevage des Hermanas Azcona, anciennement Sierra Borja, décline directement de la devise de Daniel Ruiz, soit du pur Jandilla. En effet, Daniel Ruiz avait acquis en 1986, 70 vaches et un étalon de son ami Fernando Domecq propriétaire de la devise étoilée de Jandilla. Sous la baguette de la sélection de Daniel Ruiz, son toro va acquérir un morphotype particulier. Bas, harmonieux, au gabarit plutôt modeste, le Daniel Ruiz va conquérir le cœur des figuras et autres ganaderos, si bien qu’on peut le considérer aujourd’hui comme un sous-encaste Domecq avec des dizaines d’élevages présentant ce sang en ligne directe.
Les « Danieles » comme on les surnomme dans le milieu arrivent à Olite à la fin de l’année 2013. La transition entre Navarre et Andalousie est délicate, sur les 70 vaches achetées, il y aura de nombreuses pertes. La finca située sur une vaste plaine propose peu d’abris contre le froid et le vent ainsi les ganaderos décident de déplacer les vaches de ventre dans « les montes » à une dizaine de kilomètres de là. Cette vaste finca de 260 hectares louée à la municipalité est très vallonnée et vierge de toute installation pour le bétail brave. Les clôtures, les chemins, l’embarcadère sont l’œuvre des Azcona et de leurs amis aficionados practicos aux œuvres des champs. Sur ce terrain aride et sauvage poussent de nombreux arbustes et petites « encinas » qui constituent d’excellents abris pour le bétail.
Pour renforcer le troupeau et combattre les problèmes de consanguinité une vingtaine de vaches fut achetée en 2017 à Daniel Ruiz et Fernando Domecq (Jandilla) soit la même origine. En homme avisé, Félix Azcona a choisi des vaches âgées d’une dizaine d’années pour s’assurer de leur qualité. La devise dispose aujourd’hui de 6 étalons. 4 sont issus de la sélection propre et 2 sont marqués du fer de Daniel Ruiz. L’un fut acheté avec les vaches de 2017, l’autre est prêté pour une période de 2 ans. Là aussi, pour être sûr de son choix, Félix a opté pour acheter un semental titulaire de la ganadería de Daniel Ruiz qui opérait déjà depuis 2 ans.
Le troupeau compte 110 vaches de ventre réparties en 3 lots. Quant à la sélection, Yolanda parle de « transmission » et de « forces » comme critères essentiels. La morphologie du Daniel Ruiz plaît et on cherche à garder un toro dans ce type sans dériver sur un toro plus fort ou plus armé car ici « on ne cherche pas à entrer à Madrid ». La ganadera, si elle n’aime pas les armures trop ouvertes, aime néanmoins que les cornes montent et ne soient pas trop fermées.

 
 

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