Daniel Ruiz Yagüe
Daniel Ruiz Yagüe

Daniel Ruiz est un éleveur d'expérience. Son père a débuté dans la profession en 1952, mais c’est en 1976 avec l’achat de l’ex-fer de Coquilla qu’il entre dans la cour des grands. Après une première aventure avec du bétail d’Eusebia Galache, c’est son ami Fernando Domecq qui va lui enseigner la voie du succès. Appliquant attentivement ses conseils, Daniel Ruiz va suivre sa trace à partir d'un bétail de même origine : Jandilla. Ses toros, “terciados” et "bonitos" font le bonheur des figuras par leur noblesse mais déçoivent aussi fréquemment par leur manque de race ou leur faiblesse. Toujours est-il que la devise occupe depuis près de 30 ans une place de choix. Cependant, le format réduit de ses toros l'empêche d'être présent dans les ferias de tout premier plan qui exigent un trapío minimum.

Ancienneté : 20 Septembre 1914
Devise : Jaune et Vert
Signal : Zarcillo à chaque oreille
Propriétaire : Daniel Ruiz Yagüe, S.L.U.
Gérant : Daniel Ruiz Yagüe
Fincas : "Cortijo del Campo"  Alcaraz y Vianos
   Unión de Criadores de Toros de Lidia



Daniel Ruiz Navarro était médecin et aficionado. En 1952, il décide de passer à l’acte et construit son élevage, choisit une devise jaune et s’inscrit à l’association des “Ganaderías de Lidia de Segunda Categoria”, future A.G.L. Il s’installe à “Cortijo del Campo” à proximité de Vianos dans la province d’Albacete et choisit du bétail de la région provenant de chez José Tomás Frías. Daniel se prend rapidement au jeu. Il obtient de bons résultats en novillada et devient même le représentant des éleveurs de sa zone. Mais son élevage restera modeste et discret jusqu’en 1976, date à laquelle son fils Daniel Ruiz Yagüe achète le fer de Paco Coquilla et entre dans le premier groupe d’éleveurs, l’U.C.T.L.

L’histoire du fer de Coquilla nous fait remonter au début du XX° siècle. En 1912, Francisco Sánchez Hernández de Coquilla hérite avec ses frères de l'élevage que leur père, Andrés Sánchez Rodríguez, avait créé en 1901. Le bétail était d’origine Faustino Udaeta renforcée par des bêtes de Carreros et des vaches de Veragua. Francisco Sánchez se présente à Madrid avec une novillada le 20 juillet 1913, mais il obtiendra son ancienneté l’année suivante en faisant lidier le 20 septembre 1914 pour la première fois des toros dans les arènes de la Carretera de Aragón. Mécontent des résultats, Francisco, appelé populairement Paco Coquilla, cherche très vite à changer le sang pour repartir sur de meilleures bases. Son choix l'amène en 1916 sur les terres andalouses du marquis de Albaserrada, d'où il ramène dans sa finca du Campo Charro baptisée "Coquilla" un important lot de bêtes. Le lot d'origine Santa Coloma est un mélange des deux origines matrices, tantôt typé Saltillo, tantôt typé Ibarra. La sélection de Paco Coquilla va s'orienter sur l'origine Ibarra et rapidement les bêtes asaltilladas (origine Saltillo) aux pelages gris disparaissent de son cheptel. Recherchant un toro aux lignes fines et d'une grande noblesse, sans pour autant négliger la caste, il crée un toro particulier, à la morphologie réduite, qui permet le toreo moderne.
Le succès ne se fait pas attendre et l'élevage devient en quelques années un des préférés des toreros, d'autant plus que sa présentation agréable ainsi sa petite tête rassurent les figuras. Mais caste et bravoure ne font jamais défaut, comme le souligne la célèbre phrase de Manuel Jiménez "Chicuelo" : "Los Coquillas son dulces como rosquillas, o picantes como guindillas ». Faits démontrés par ‘Madroñito’ lors de la corrida-concours de Saint Sébastien en 1931 où il remporte le prix "Toro de Oro". Entre 1920 et 1934, le style et la bravoure des toros de Paco Coquilla en feront un des élevages les plus demandés du marché.

Pour des raisons économiques, croulant sous les dettes, Paco Coquilla est malheureusement contraint de se défaire de son élevage en 1934. Celui-ci est alors partagé en cinq lots. Santiago Ubago, originaire de Vilches dans la province de Jaén, obtient la part contenant le fer historique et exporte les "Coquilla" sur ses terres. Il se défait presque immédiatement de l'élevage pour Julio Garrido Larrubia, lui aussi jienense. Originaire de Linares, l’homme avait hérité de l’élevage de son père Andrés Garrido Catena, fondé en 1908 avec des bêtes de Pellón, Veragua et Tamarón. Il vut sans doute là, l’opportunité de moderniser son troupeau et d’obtenir une autre réussite. Malheureusement, suite à la Guerre civile (1936-1939), le troupeau se trouve considérablement amoindri et Julio Garrido aura toutes les peines du monde à retrouver la réputation de son fer. Finalement, il vend en 1976 les restes à Daniel Ruiz Yagüe.

Ce dernier reconstruit complètement l'élevage avec du bétail de doña Eusebia Galache (origine Urcola), mais maintient quelque temps le bétail Coquilla qu’il vendra un peu plus tard à quelques éleveurs de la zone dont découle la devise actuelle de “El Añadio”. Mais après dix ans d'efforts, il élimine la totalité du bétail pour repartir en 1986 avec 70 vaches et un étalon de l'élevage de son ami Fernando Domecq, alors à la tête de Jandilla. Son fer de seconde est également vendu en 1991 à Manuel Díaz Camacho.
Cette nouvelle formule semble la bonne, du moins la bonne formule pour lui. L’élevage devient un des préférés des figuras, avec un toro noble mais qui manque malheureusement trop souvent de caractère. L’élevage connaît une vraie réussite commerciale et fait courir chaque année une grosse trentaine de toros, mais son type de toro terciado ne lui permet pas d’entrer dans les arènes les plus exigeantes en terme de présentation comme Madrid ou Bilbao. Vous l'aurez compris, la devise sait faire briller les toreros, mais se cache aussi à côté des lumières une face plus sombre, celles de certaines sales affaires qui entourent Daniel Ruiz. Sa finca fut notamment mise sous scellés en 2004 par le tribunal d'Albacete pour cause de falsifications de pièces d'identités sur des ventes de bétail.

Pour finir, il convient de signaler les dernières ramifications issues du fer de Daniel Ruiz. D'abord "Los Chospes" en 1997 puis "Sierra Borja" en 2002. De ce dernier, repris par Rafael Muñoz, découle le fer de ce même Rafael et celui de la famille navarraise de Azcona.

 
 

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