Fernando Angoso Catalina
Fernando Angoso Catalina

Du vieux fer de Victoriano Angoso Blanco inscrit à l’U.C.T.L. à l’actuel des Angoso Catalina inscrit à l’A.G.L., il y a un siècle d’une même passion, celle du taureau de combat. Ici, en plein Campo Charro, on aime le Santa Coloma, on aime le premier tiers et on aime le toro qui humilie. On aime le toro brave, tout simplement.
Fernando a repris l'élevage en 2007, au décès de son frère Adrián. Il s’agit de la troisième génération de ganaderos et sa fille Carmen s’apprête à constituer la quatrième. Le bétail est du Santa Coloma dans la ligne Ybarra version ancienne. Par commodité, le bétail est vendu pour des spectacles mineurs, comme on dit. En 2009, ils ont fait grande impression à Saragosse. Souhaitons-leur d’avoir l’occasion de récidiver.

Ancienneté : -
Devise : Blanc, Noir et Vert
Signal : Orejisana
Propriétaire : Fernando Angoso Catalina
Gérant : Carmen Angoso Clavijo
Fincas : "Cubo de don Sancho"  Villoria de Buenamadre
   Asociación de Ganaderías de Lidia





Crédits photographiques : Terre de Toros  

 

La ganadería d’Angoso n’est pas une jeunette ; elle a fêté son centenaire en 2008. Et des élevages encastés Santa Coloma centenaires, il n’y en a pas beaucoup. C’est peut-être d’ailleurs le seul. Angoso, doyen de l’encaste Santa Coloma ! Avouez que c’est une raison largement suffisante pour s’y intéresser.

Victoriano Angoso Blanco a créé son élevage de braves en 1908. Comme il se doit pour l’époque, il choisit du vieux sang, j’entends par là du bétail un peu passé de mode. Concrètement, il s’agit de vaches Veragua et d’étalons de Eulogio Oñoro (vaches Jijón et étalons de Miura). Il s’installe à Villoria de Buenamadre, dans les environs de Salamanque à quelques lieux de la Fuente de San Estebán, et fait rapidement sa présentation à Madrid avec une novillada le 19 mars 1914. Victoriano n’est pas vraiment un homme de la terre, il fait partie du grand monde de Salamanque. Impliqué dans la vie de son pays, il se présentera même aux élections des députés et les nombreuses réceptions à Villoria sont largement commentées dans les journaux de l’époque. Cependant, Victoriano s’avère un excellent éleveur, sachant « voir » l’évolution de la Fiesta. Il se rend très vite compte que son cheptel n’est pas compatible avec les nouvelles tendances de la tauromachie et part en Andalousie chercher deux étalons du Marquis de Saltillo. Cet élevage est alors d’une grande réputation et les figuras les affrontent sans réticence. De plus, le pouvoir génétique de cet encaste est extrêmement fort, capable de transformer très vite un élevage. C’est concrètement ce qui va se passer chez Angoso. À partir des années 1920, la critique considère ce bétail comme des Saltillo à part entière et les photos de l’époque ne démentent pas leurs dires. La ganadería jouit alors d’une excellente réputation. À Salamanque bien sûr, mais aussi dans les arènes les plus exigeantes d’Espagne comme Barcelone, Bilbao ou Madrid. Madrid où, en 1924, le toro 'Colillero' fait parler sa bravoure et est récompensé par deux tours de piste posthumes. L’élevage, entré à l’U.C.T.L. en 1910, est l’un des plus réputés de Salamanque, mais aussi un des rares à pouvoir soutenir la comparaison avec ses confrères andalous.

Au décès de Victoriano en 1920, ses deux fils lui succèdent. Amador et Manuel Cesaero en profitent pour fortifier leur nouvelle origine en intégrant deux étalons et des vaches Santa Coloma, ainsi qu’un autre étalon de Saltillo. Les bons résultats se poursuivent et, en 1932, les deux frères se séparent. La part de Manuel Cesaero vivra longtemps dans les mains de la famille Molero, avant de finir au matadero pour cause de problèmes sanitaires. Amador, quant à lui, conserva le fer historique mais il vendra (1934) les droits du fer affilié à l’U.C.T.L. à Rogelio Miguel de Corral, mais l’élevage persiste.
Plus tard, dans les années 1950, son fils Adrián prend la suite. Fidèle aux traditions ganaderas les plus rustiques, il va faire passer le siècle à son vieil élevage. Il consacrera toute sa vie à ses Santa-Coloma/Saltillo, tentant d’éliminer peu à peu l’influence Saltillo pour ne conserver que le bétail le plus fidèle aux Santa Coloma dans la ligne Ybarra. Entrée en 1957 à l’A.G.L., la devise fait toujours partie de l’association ayant depuis modernisé son fer. Durant cette période, elle s’est consacrée aux novilladas, le peu de tête de l’encaste Santa Coloma lui fermant pratiquement la porte des corridas.
Adrián décède en 2007 et c’est son frère Fernando, chirurgien de profession et propriétaire d’une clinique à Salamanque, qui lui succède. Bien qu’évoluant dans un milieu différent du monde taurin, il a toujours gardé la liaison avec lui. Fernando passait évidemment beaucoup de temps dans la ganadería aux côtés de son frère mais aussi dans les ruedos, suivant assidûment la carrière de son ami Julio Robles. La vie de l’élevage se poursuit et loin d’être en décrépitude, on rénove en pensant à l’avenir. Au passage de témoin, Fernando changea la stratégie de l’élevage. En 2007, il y avait 250 vaches de ventre, ce qui demandait un négoce important. Ainsi, il décida de réduire la part de brave et d’augmenter la part de manso, beaucoup plus facile à vendre, et de jouer les modestes en vendant au plus tôt. La re-tienta dura pratiquement une année. À son terme, le troupeau ne se composait plus que de 60 vaches. La sélection, Fernando connaît bien, puisque même du temps de son aîné, c’est lui qui dirigeait la tienta. Ses critères sont plutôt sévères : « D’abord le cheval et ensuite le torero. Mais ce que nous regardons le plus c’est le cheval. C’est essentiel, sans un bon comportement au cheval, une vache ne peut être sélectionnée, pour aussi bonne qu’elle soit ensuite ». La finca est en travaux tel un symbole. Coté bétail il en est de même. Jamais, depuis 1920, le sang de l’élevage ne fut modifié et aujourd’hui il est nécessaire de rafraîchir. Alors, en 2010, Fernando achète un eral d’origine Dionisio Rodríguez. Pour lui, furent mises à part les meilleures vaches de l’élevage. Les vues de l’élevage sont résolument tournées vers le futur, parce que derrière Fernando il y a sa fille Carmen, vétérinaire de métier.

Signe du temps, une deuxième ligne bien évidement d’origine Domecq fut créée il y a quelques années, mais l’ambition première est de maintenir le pur Santa Coloma. Les bases sont là pour que l’élevage d’Angoso dispose d’un avenir. Tant qu’il subsistera des élevages de cette trempe, oubliés de tous et pourtant bien vivants, présents dans le quotidien du campo, la tauromachie aura de beaux jours devant elle. Angoso est déjà un vieil élevage, mais il n’est pas près de s’éteindre !

 


En 1908, Victoriano Angoso débute comme il se doit avec un bétail classique pour l’époque et la région, un croisement de vaches de Veragua (50) et d’étalons de Eulogio Oñoro (2), lui aussi issu d’un croisement ancien : vaches Jijón et étalons de Miura. Même si, vue d’aujourd’hui, la chose peut paraître bien originale, elle ne représente rien de bien de neuf à tous les sens du terme. En effet, au début du siècle dernier la tauromachie est en profonde évolution, le toreo moderne s’impose peu à peu, reléguant au second plan les élevages aux origines anciennes : le Jijón est déjà oublié, le Cabrera et le Gallardo se réduisent à une petite poignée d’élevages et le Vázquez perd de plus en plus de terrain. Ne subsiste que le Vistahermosa où de nouvelles rames éclatent aux côtés des illustres Murube. Parmi les élevages de pointe de l’encaste Vistahermosa, on retrouve les Saltillo que Guerrita a imposés. Ces toros sont alors appréciés des figuras et considérés comme de petits toros nobles à la bravoure exemplaire ; nous sommes à mille lieux de leur réputation actuelle ! En 1910, c’est vers le Marquis de Saltillo que Victoriano Angoso va se tourner pour repenser son élevage. Il ramène d’Andalousie l’étalon ‘Pinalito’ puis deux ans plus tard, ‘Gineto'. Le pouvoir génétique de cet encaste fera le reste. En quelques années, les Angoso deviennent des Saltillo à part entière et considérés comme tels par la critique. Ce n’est pas une première d’importer du bétail Saltillo, mais dans le Campo Charro, oui ! Et c’est en cela que Victoriano Angoso est un précurseur. Il fit son acquisition avant même Argimiro Pérez-Tabernero, connu de tous comme l’importateur de l’encaste Saltillo dans le Campo Charro.
Les résultats furent à la hauteur de la renommée du sang Saltillo et la ganadería d’Angoso se fit une belle réputation. Le pelage classique de la ganadería est alors le cárdeno oscuro.

En 1920, au décès de Victoriano, ses fils héritent d’un élevage qui est l’égal de celui de Argimiro Pérez-Tabernero ou du Duc de Tovar, pour rester dans l’encaste. Il est vrai loin derrière les Félix Moreno, qui vient alors de reprendre l’élevage de Saltillo, mais à une place estimable. Au palmarès 1920, un élevage renfermant les gènes Saltillo surclasse ceux-ci : c’est celui du Conde de Santa Coloma, fondé en 1904. Son idée fut de croiser Saltillo et Ybarra (Murube). La réussite fut celle que chacun connaît, mais elle tarda quelque peu à se concrétiser pour s’imposer définitivement au cours des années 1910. Les toros de Santa Coloma, bien qu’issus d’un métissage, se présentent comme les successeurs des Saltillo et les fils de Victoriano Angoso, Amador et Manuel Cesaero, vont voir en eux une suite logique pour leur ganadería. Cette même année 1920, ils partent pour l’Andalousie, comme leur père, d’où ils ramènent des vaches et l’étalon 'Navajero' du Conde de Santa Coloma. Achat renforcé un peu plus tard par l’étalon 'Miñoto', toujours du Conde de Santa Coloma. Puis, retour à la source en 1928, où ils repartent chez Félix Moreno acheter l’étalon 'Ganchón' d’origine Saltillo. Bon sang ne saurait mentir, l’élevage se maintient dans les années 1920 avec une bonne réputation, participant à de nombreuses corridas-concours, notamment à Salamanque en 1930.

 


En 1932, les deux frères se séparent et Amador poursuit avec le fer historique. Lui puis son fils Adrián ne changeront pas le sang, mais effectueront un profond travail de sélection en s’accordant, comme Victoriano, avec l’évolution de la tauromachie. Dans les années 1950, les Saltillo sont passés de mode, si bien qu’ils délaissent leur influence au profit des Santa Coloma, entretenus dans la ligne Ybarra. Ainsi, la robe mute du cárdeno oscuro vers le negro. Adrián va d’ailleurs s’avérer un ganadero des plus « racistes », chassant avec une scrupuleuse attention le moindre poil blanc. « Le seul fait qu’une vache possède un poil blanc lui suffisait pour l’envoyer au matadero » commente son frère Fernando. Il y eut tout de même une exception, l’introduction d’un étalon du beau-frère Paco Galache. Celui-ci apporta beaucoup de qualité à la muleta mais détériora le comportement face au cheval. Et comme dans la casa « Angoso » le cheval est primordial, il fut éliminé il y a déjà bien longtemps.
À la mort d’Adrián en 2007, c’est Fernando qui reprend. Et depuis, les poils blancs sont revenus. Fernando n’a pas moins d’afición que son frère mais sa profession de chirurgien ne lui a pas laissé le temps nécessaire pour se consacrer pleinement aux toros. Sa motivation est bien-sûr le toro brave mais aussi l’avenir du fer familial. Poussé par sa fille Carmen, il accorde toute l’attention nécessaire à sa vacada. Après une re-tienta totale, le nombre de vaches mères est passé de 260 à 60. Lesquelles sont regroupées en deux lots : l’un pour l’étalon 'Rifero', toro d’une grande bravoure et plutôt incommode ; l’autre pour 'Bravito' dont l’atout est sa noblesse.
Pour Fernando il est très important d’élever le toro de Santa Coloma dans son type. « Par le passé ils ont voulu augmenter sa taille et lui donner plus de tête, mais ce fut un désastre ». Il ne s’exclue pas pour autant de cette tendance, en avouant avoir fait de même, et le résultat fut que ses toros s’arrêtèrent de charger. « Non, le toro de Santa Coloma est comme il est, et il faut le conserver comme tel ». Pour autant, sans rien changer, il était aujourd’hui nécessaire d’injecter du sang neuf. Ainsi, Fernando et Carmen choisirent un des élevages qu’ils considèrent des plus purs dans la ligne Santa Coloma-Ybarra, celui de José Ignacio Rodríguez Gómez. Le bétail provient directement de la maison Dionisio Rodríguez, un des meilleurs éleveurs que connut le Campo Charro et qui excella avec ses Santa Coloma. Pour ce nouvel étalon nommé ‘Carpenta' furent réservées les meilleures vaches de l’élevage (2010).

Tout récemment, une deuxième ligne a été créée. Menée en parallèle, il s’agit bien évidement de bêtes d’origine Domecq, acquises auprès de la Casa Matilla et portant les fers de Hnos García Jímenez, Peña de Francia et Olga García Jímenez. Le premier mâle Domecq à porter le fer d’Angoso est né en 2010 mais la priorité de la casa reste le Santa Coloma.

 
 

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