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Si vous consultez l’annuaire de l’UCTL, association où est inscrite cette vacada portugaise, vous pourrez croire que la ganaderia de Coimbra est toute jeune avec sa petite dizaine d’années. Pourtant, il s’agit d’une devise portugaise traditionnelle dont la tutelle se perpétue de père en fils, depuis plusieurs générations.
Le premier ganadero fut João Assunção Coimbra, qui, âgé de la quarantaine, débute dans le bravo (1905) avec un fer à ses initiales. Il se penche alors sur du bétail local et achète au Conde de Sobral, 250 têtes. Après des tientas dites « scrupuleuses », João ne conserve qu’une centaine de bêtes dont les étalons « Castelo » et « Navegante ». L’élevage connaît rapidement une belle réussite et s’inscrit parmi les meilleurs de son pays, récoltant de nombreux prix de concours. Durant la temporada de 1931, il fit lidier 38 toros, les robes caractéristiques étant le negro, castaño, cardeno et le berrendo.
A partir des années 20, João Assunção Coimbra effectue de nombreux rafraîchissements de sang ou apports. L’objectif est sans doute d’orienter la lidia de ses toros vers la corrida à pied et de délaisser les courses à cheval. Ainsi sera ajouté du desecho de la Marquise de Tamaron (1921) et un étalon de Infante da Camara. Mais les résultats furent sans doute peu probant puisque à partir de la temporada de 1932, ce bétail fut réservé en exclusivité au spectacle de rejon.
L’année 1931 fut charnière, puisque cette année-là, João acquiert pour ses deux fils, Manuel et Joaquin, l’élevage lusitanien de José Martinho Alves do Rio. Ce bétail, d’origine Parladé par Tamaron, venant constituer une seconde ligne, élevée en toute indépendance du vieux sang Sobral. Le tout est marqué du même fer et orné d’une devise rouge et blanche (permutation des couleurs de l’ancienne devise pour conserver les couleurs de José Martinho Alves do Rio).
A partir de ce bétail Espagnol de la meilleure origine qui soit, le Parladé, Manuel et Joaquim se préparèrent à attaquer le marché espagnol. Ainsi, ils font leur début à Barcelone le 8 Octobre 1933 et vont lidier de nombreuses corridas en Espagne. Le nom de Coimbra devient peu à peu familier des aficionados.
A partir de 1959, Manuel poursuit seul et introduit un étalon de Atanasio Fernandez, encore du pur Parladé, mais dans un type différent. Les années soixante seront celles de la consécration avec comme révélateur Madrid où la devise fait la présentation de son nouveau fer (Manuel seul) le 5 Mai 1963. Ce jour là, « Misionero », cardeno salpicado, fit grande impression. Répété l’année suivante, « Clarin » obtient les honneurs de la vuelta al ruedo et l’année d’après « Jabato », magnifique salpicado, rafle le prix du meilleur toro de la San Isidro (1965).
En 1980, la famille Coimbra est contrainte à la vente et c’est José Luis Vasconcellos de Souza Andrade qui devient propriétaire et qui change le fer. Il se présente à Madrid le 17 Octobre 1982 avec une novillada. L’homme saura conserver le meilleur de ses Atanasio-Corte pour s’offrir de beaux succès, comme la vuelta al ruedo de « Avelar» en 1994 à Barcelone ou celle du novillo « Presumido » en 1997 à Arnedo, ville où la devise remporta le prix du meilleur élevage en 1989.
Bien que le señor Vasconcellos conserve son bien, il cèdera en 1995 un lot de bêtes à Manuel pour lui permettre de reconstruire l’histoire. Désormais, ce n’est plus Manuel Assunção Coimbra, mais son fils, Manuel Mendes de Assunçao qui gère la ganaderia. Tout semble identique excepté la devise qui devient noire et blanche, fer comme origines sont ceux du passé. Origines qui se sont enrichies de deux rafraîchissements de sang : des vaches d’origine Atanasio Fernandez via Louro Fernandez en 1996 et tout récemment un étalon du Conde de la Corte (Maria Olea).
Après être entré à l’UCTL en vertu du fameux article 5 bis) b) de ladite association, en 1998, la devise est devenue titulaire en 2007.
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Les Coimbra sont ganaderos de père en fils. Depuis plus d’un siècle ils élèvent du bravo et depuis près de soixante-dix ans ils se consacrent à l’encaste Parladé version portugaise. Un Parladé d’abord élevé dans un type massif, conforme à ses origines ancestrales, et qui s’est orienté au fil du temps sous l’influence du sang Atanasio Fernandez pour proposer aujourd’hui un bel équilibre entre La Corte et Atanasio .
João Martinho Alves do Rio acquiert en 1919 un lot de rebut du fer de la Marquise de Tamaron. Un rebut certes, mais un bétail de qualité, le moins bon du très bon étant qualifié communément de bon. Le choix était en effet judicieux puisque la devise était menée de main de maître par les enfants de la Marquise, les Mora Figueroa, qui sont peut-être les meilleurs éleveurs de toute l’histoire taurine. Jaime et Ramon avaient fait des miracles avec leurs Parladé acquis en 1911 et qu’il laissèrent ensuite au Conde de la Corte (1920). La suite vous la connaissez, un des meilleurs sangs qui soit, dénommé le sang bleu et mis en exergue par Juan Pedro Domecq. D’ailleurs, les deux frères contribuèrent grandement au succès de don Juan Pedro. Le contrat qui liait Martinho à la Marquise comptait un second apport de bêtes un peu plus tard. Mais l’année suivante, le Conde de la Corte reprit l’affaire de la Marquise, le bétail ne lui appartenant plus, c’est La Corte qui céda une vingtaine de vaches de « desecho » pour respecter l’engagement de la Marquise. La parole de ganadero est sacrée ! Un bétail de pure origine Parladé qui fut complété par deux étalons de Luis Gamero Civico. En 1931, il se défit de son troupeau en de nombreux lots dont le plus important alla à la famille Assunção Coimbra .
Ainsi, lorsque João d’Assunçao Coimbra offre à ses fils, Manuel et Joaquin, l’élevage de Alves do Rio, il fait une excellente affaire. Par contre, si Juan Pedro Domecq a pratiqué une sélection qui a affiné le type de ses Parladé, les deux frères choisissent la ligne traditionnelle, allant vers un toro fort et imposant. De ce fait, leur première mesure d’éleveur vise à affirmer la ligne poursuivie après Fernando Parladé par Luis Gamero Civico et qui se retrouve chez Juan Belmonte. Ratifiant cette voie, ils achètent cette même année au torero-ganadero plusieurs étalons.
En 1959, Manuel reste seul propriétaire et oriente quelque peu le type Parladé traditionnel en insérant l’étalon « Madrileñito » de Atanasio Fernadez. Cette insertion reste sur l’origine Parladé / Tamaron, mais le bétail de don Atanasio à quelque peu muté. Moins massif que le Parladé traditionnel, il présente un toro plus haut, qui, malgré une ossature prononcée, paraît plus effilé. Ainsi, Manuel obtient un affinement de ses toros, tout en conservant leur aspect imposant.
En 1980 la famille Coimbra est contrainte de vendre à José Luis Vasconcellos Souza d’Andrade, duquel elle renaîtra en 1995. Le fils de Manuel, Manuel évidement, dirige maintenant la vacada et a conservé les concepts de son père. Aussi, il a naturellement inséré du bétail Atanasio Fernandez par un lot de vaches de son homologue lusitanien Ernesto Louro Fernandez de Castro. Et plus récemment, il a introduit un étalon du second fer du Conde de la Corte, Maria Olea, dont les produits seront essayés en 2009.
Enfin, pour être complet, lors de la refonte de l’élevage en 1995, Manuel s’est essayé sur une seconde ligne d’origine Pinto Barreiros (famille parente), aujourd’hui éteinte.
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