Agustínez
Agustínez

Ricardo Sánchez García est un ganadero qui gagne à être connu. Aimable, passionné, attentionné et d’une gentillesse infinie, il inculque les valeurs transmises par les générations passées. Héritiers des frères Sánchez y Sánchez de Agustinez qui débutèrent en 1924, le message s’est transmis de génération en génération et ses fils semblent être du même acabit. Mais, chez Agustinez, il n’y a pas que les ganaderos, il y a également une finca et un ganado. Une finca parmi les plus anciennes de la région à l’image de ces toros sortis d’un autre temps, les Villagodio, issus d’un croisement rustique : Veragua – Santa Coloma. À leur côté existe une seconde ligne d’origine Atanasio Fernández, plus classique certes, mais ô combien soignée dans les magnifiques cercados.

Ancienneté : -
Devise : Jaune et Blanc
Signal : Hendido en bas de chaque oreille
Propriétaire : Ricardo Sanchez Garcia
Gérant : Ricardo Sanchez Garcia
Fincas : "Agustínez"  San Muñoz
   Asociación de Ganaderías de Lidia





Crédits photographiques : Terre de Toros  

 

À la fin du XIX° siècle, l’excellent aficionado basque, José de Echevería y Bengoa, plus connu sous son titre de sixième marquis de Villagodio décida de créer son élevage de bravos et choisit une devise verte, blanche et jaune. Dans sa finca de Coreses, non loin de Zamora, il assemble alors des vaches de Veragua à des étalons de Trespalacios, soit la même origine. Il maintient l’élevage un quart de siècle mais ne parvient pas à faire parler de lui, son bétail manquant semble-t-il de caste. À tel point d’ailleurs, qu’un de ses détracteurs demandait un « Villagodio » à chaque fois qu’il entrait dans un restaurant, expliquant au serveur interloqué que cet élevage ne servait qu’à produire de la viande... Pour la petite histoire, l’appellation est restée et est aujourd’hui couramment utilisée ! Cet opposant du marquis avait une dent contre lui et il convient de placer ces affirmations sous le sceau de la vengeance, les toros de Villagodio n’étant pas si décastés que ce monsieur voulait bien le faire croire. Ainsi le démontra ‘Gitano’ en remportant le « Toro de Oro » du meilleur toro de la Feria de Saint-Sébastien en 1911.
Peu avant sa mort, en 1917, « El Marquesito », comme on le dénommait populairement, entreprit de croiser son bétail avec des étalons du Conde de Santa Coloma. Décédé en 1920, ce sont donc ses héritiers qui apprécièrent les résultats et ils furent plutôt favorables. Suite au croisement, le toro de Villagodio afficha un moindre gabarit et des lignes plus fines, oubliant l’aspect basto des toros d’origine Veragua. Malheureusement, ses héritiers connurent la peine d’élever ‘Bellotero’ qui tua le torero Ernesto Pastor en place de Madrid, le 5 juin 1921. Peu après, en 1924, la marquise veuve laissa l’élevage à Ignacio et Antonio Sánchez y Sánchez de Agustinez.

Ceux-ci adoptèrent une devise jaune et blanche et récidivèrent dans les derniers choix du « Marquesito », opérant de nouveaux croisements avec des étalons de Coquilla. En 1930, la ganadería est divisée en deux, la part historique allant à Germán Pimentel, tandis que Antonio Sánchez y Sánchez repartait avec un nouveau fer, bien peu modifié, il est vrai. Ganadero depuis 1930, ce n’est qu’en 1952 qu’Antonio entre dans une association d’éleveurs, en l’occurrence la Agrupación (A.G.L.). Suivent ses héritiers, puis, en 1967, Ricardo Sánchez García reste seul propriétaire.

Le troupeau est installé sur la finca Charra de "Agustínez", sur les terres de San Muñoz. Le campo est orné de merveilleuses « encinas » âgées de deux siècles et parmi les plus anciennes que compte le Campo Charro : un véritable patrimoine. À l’aube des années 1970, la ganadería conservait encore le vieux sang de Villagodio métissé Santa Coloma. Mais, côté chromatique, si jadis la vacada jouissait de toutes les particularités liées à la caste vazqueña, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les grippes des années 1960 (1964) ayant été fatales aux familles de robes jaboneras et berrendas. Ricardo est un passionné, et, en ganadero romantique, il préserve toujours le ganado de la casa même si celui-ci ne passionne guère les foules. Il se contente de perpétuer la tradition ganadera de la famille et de lidier en sans picador. Pour survivre et continuer à vendre des toros, Ricardo comme de nombreux autres éleveurs charros, a implanté une seconde lignée sous son toit, en l’occurrence du bétail d’origine Atanasio Fernández, acquis à Arturo Gallego en 1984.

 


Pour la plupart des éleveurs qui détiennent deux origines sous un même fer, la cause est nostalgique. L’ascendance minoritaire est généralement le résultat des labeurs d’une longue histoire familiale, fruit de plusieurs générations que le temps a abîmée. La conserver tient plus du caprice romantique que de la raison économique, et c’est tant mieux. Ces ganaderos perpétuent ainsi l’âme de leur prédécesseur à travers le temps et garantissent la diversité de la Fiesta. Ce bétail est généralement qualifié affectueusement de « ganado de la casa ». La seconde lignée tient dans des origines plus modernes façonnées par d’autres. Son succès commercial est généralement garanti et fait la popularité de la devise auprès du grand public. Bien qu’ici cette seconde ligne est en passe de devenir également rarissime. Mais pour l’aficionado, homme de contraste, complètement irrationnel, c’est l’origine ancestrale qui intéresse. C’est ce nucléon, vestige du passé, qui le fait fantasmer. Partons donc à la découverte du vieux sang de la casa Agustinez, le Villagodio.

Villagodio, ce nom vous est sûrement familier, ou du moins vous en avez déjà entendu parler. Et autant avouer que ce n’est pas simple. Tout d’abord, écartons un piège lié au nom de Villagodio. Notre sujet est ici le marquis et non ses fils, les frères Villagodio, dont la renommée a largement dépassé celle de leur père, avec du bétail d’origine Coquilla d’excellente qualité. En général, lorsque le nom de Villagodio est prononcé c’est pour faire référence à leur élevage et non à celui du sixième marquis du nom qui détenait un élevage complètement différent, faisant appel à des origines plus lointaines et plus rustiques, les fameux Veragua.
Aficionado réputé, José de Echevería y Bengoa, rassemble en 1882 sur ses terres zamoranas de Coreses, des vaches du XIV° duc de Veragua et des étalons de Trespalacios qui dérivent de cette même vacada en 1886. À cette date, l’influence de la descendance du toro ‘Charrengue' (lidié en 1860) n’a pas encore uniformisé les robes des Veragua et subsistent à côté des jaboneros largement majoritaires, des berrendos, colorados, negros et autres. Pendant plus d’une vingtaine d’années, le marquis va tenter d’inculquer plus de caste à ses immenses Veragua mais sans grande réussite mis à part quelques étincelles, et, en 1917, il décide de croiser avec un bétail des plus encastés de l’époque, celui du Conde de Santa Coloma dérivant de la branche de Vistahermosa. Les résultats furent probants et la ganadería prit plus de poids.
Malheureusement pour lui, le marquis ne put voir la remontée de sa devise. Les frères Sánchez y Sánchez de Agustinez qui lui succèdent en 1924 poursuivent ses dernières initiatives, en renforçant l’influence du sang Santa Coloma par la ligne Coquilla, peut-être la branche de ce sang la plus encastée. Preuve en est que le marquis, sur la fin de sa vie, avait peut-être trouvé la solution à tous ses maux. Depuis, le curieux mélange génétique est conservé tel quel, jalousement préservé par la famille jusqu'à nos jours. Un sang à classer au même niveau que les Vega-Villar et autres Hidalgo-Barquero, tous deux issus des mélanges des castes Vistahermosa et Vázquez.


Elevages disposant de bêtes d'origine Agustínez :

 


La seconde lignée découle d'une source beaucoup plus classique mais non moins intéressante, tant le bétail est choyé et conservé parfaitement dans le type.
Arturo Gallego Hernández fonda sa ganadería en 1979 à partir du fameux puits d’or du Campo Charro, l’élevage du mage de « Campocerrado », Atanasio Fernández. Point besoin de revenir sur ses origines, connues de tous. C’est vers Arturo Gallego que Ricardo Sánchez va se tourner pour créer une seconde lignée dans sa vacada en 1984, en important deux lots de 17 et 30 becerras. Souche bien évidement plus commerciale que l’antique Villagodio.

Les deux rames sont maintenues séparées et sont marquées distinctement : le bétail de la casa, le Villagodio, en bas de la cuisse, la pointe du fer vers le bas, tandis que l’origine Atanasio le porte sur le haut de la cuisse. Si les novillos sont exclusivement de sang Atanasio, c’est simplement du fait que les novillos de Villagodio sont pratiquement « invendables » et par conséquent exclusivement lidiés en novilladas sans picador. Pourtant, Ricardo Sánchez, fier de ses ancêtres, maintient à part égale les vaches des deux origines, c’est-à-dire que si le marché le sollicite, Ricardo pourra répondre…


Elevages disposant de bêtes d'origine Agustínez :

 

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