Don Tomas Prieto de la Cal
Don Tomas Prieto de la Cal

En 1945, Tomás Prieto de la Cal récupère d'Enrique Calderón la part la plus importante de sang Veragua de l'élevage de Juan Pedro Domecq. Il place les jaboneros de l’ex-ganadería royale sous le fer de Florentino Sotomayor et débute sa carrière de ganadero. Les débuts sont prometteurs et les résultats s'enchaînent, les années 1950 constituent un âge d’or. Mais le destin va s'acharner sur l'élevage. Tomás tombe malade, le troupeau est quelque peu délaissé et les résultats s'en ressentent. En 1975, Tomás père décède, lui succède son fils Tomás. Le fiston n'a que neuf ans, à l'évidence il ne peut gérer seul toute une ganadería. Les amis de la famille l'appuient, cependant le destin frappe à nouveau deux ans plus tard avec le décès du conocedor de la ganadería, Pepe Doblado. Qu'à cela ne tienne, Tomás résiste et fait tout son possible pour faire rejaillir la bravoure et la caste des anciens Veragua. Se réservant aux novilladas, des améliorations se font sentir, puis quelques succès isolés apparaissent. Les résultat des dernières temporadas restent irréguliers mais il y a toujours une paire de toros pour raviver la flamme. Nous sommes encore loin du toro de bandera, mais souhaitons le meilleur à la famille Prieto de la Cal. Celle qui a su faire connaître le XXI° siècle aux toros du duc de Veragua.

Ancienneté : 23 Mai 1919
Devise : Grena et Or
Signal : Hoja de higuera à droite - Punta de lanza à droite
Propriétaire : Tomas Prieto de la Cal Picon
Gérant : Tomas Prieto de la Cal Picon
Fincas : "La Ruiza"  San Juan del Puerto
   Unión de Criadores de Toros de Lidia





Crédits photographiques : Terre de Toros  

 

Petit piège. Si vous cherchez un jour dans un livre généalogique l'élevage de Tomás Prieto de la Cal, ce n'est pas au chapitre de la caste Vázquez qu'il faudra faire référence mais à celui de la caste Cabrera. Oui mais, me direz-vous, la caste vazqueña est un mélange des castes Cabrera et Vistahermosa. Elégante façon, en effet, de retomber sur ses pieds et de se sortir du piège des fers dont la filiation est uniquement historique et sans aucune relation avec l’origine du bétail. Ce qui complique parfois considérablement la chose, il faut bien se l’avouer.

Qui dit Cabrera, dit Miura et c'est ici notre point de départ. En 1912, Florentino Sotomayor réussit l'exploit, car ils sont peu, d'acquérir un lot complet de la célèbre devise andalouse. Précisément 90 têtes, dont les étalons ‘Lagarto’, ‘Guineo' et ‘Inspector’. Florentino ajoute également 10 vaches de Fernando Parladé. Le fer rappelle sans équivoque celui de Miura, les deux anses ayant fusionné pour donner un cercle. Avec de telles origines, les toros de Sotomayor étaient redoutables et durs. Le ganadero mit par la suite de l'eau dans son vin et alla chercher en 1917 trois étalons d'origine Parladé chez la marquise de Tamarón dont ‘Macarrón' et ‘Medialuna’. Il se présente à Madrid le 23 mai 1919.
Le 13 juin 1926, le toro ‘Gallego’ blessa mortellement le torero Manolo Montes dans les vieilles arènes madrilènes de Carabanchel. Le fait n'arrangea en rien la réputation des toros de don Florentino qui vendit finalement aux Martín Alonso en 1931. Les deux frères, négociants, ont fait transiter des dizaines de ganaderías. Ils trouvent un acquéreur pour l’ex-devise de Sotomayor en 1935, et non des moindres, puisqu'il s'agit du célèbre torero, Martial Lalanda qui place l'élevage au nom de son épouse Emilia Mejia. Durant la Guerre civile (1936-1939), le bétail est anéanti, le torero ganadero repartant avec des bêtes de caste Albaserrada, avant de vendre en 1945 à Tomás Prieto de la Cal.

Tomás élimine alors la totalité du bétail de Lalanda et le remplace par 250 bêtes de José Enrique Calderón (120 vaches de ventre et 2 étalons) d’origine Veragua. La devise connaît rapidement la réussite. Les figuras comme Ordoñez, les Dominguín et les Bienvenida sauront trouver le meilleur parti de la noblesse des Prieto de la Cal. Mais dans les années 1960, Tomás tombe malade et ne pouvant plus assumer toutes les tâches, la ganadería pâtit peu à peu du manque de soin. À son décès, en 1975, Tomás fils n'a que 9 ans, la situation est grave. Aidé par de nombreux amis dont Antonio Bienvenida, la famille maintient le troupeau tant bien que mal. En 1983, Tomás Prieto de la Cal alors âgé de 17 ans, impose une sélection très stricte pour retrouver les qualités du passé. À la fin des tientas, ne restent plus que 51 vaches de ventre et 1 étalon, 250 vaches partant au matadero. Alors, le toro de Prieto de la Cal possède une mansedumbre importante, il a également perdu beaucoup de sa classe d'antan. Le jeune ganadero se centre sur les novilladas et peu à peu récupère un peu de la bravoure des anciens Veragua. Un croisement avec 3 étalons de Torrestrella fut même essayé au début des années 1990, mais il fut par la suite totalement éliminé. Aujourd’hui encore, les novilladas constituent le principal débouché de la devise, mais chaque année sont tout de même lidiés une dizaine de toros. Ce qui, au regard de l’histoire et de l’évolution de la tauromachie, constitue un véritable miracle.

 


Le toro de Tomás Prieto de la Cal est l’un des derniers à posséder du sang de caste vazqueña, ou plus précisément du sang Veragua. Car la sélection des ducs de Veragua a profondément modifié le toro de Vázquez. Il est important d'en faire la distinction, qui s'illustre difficilement aujourd'hui, puisque de Vázquez ne restent aujourd’hui que quelques miettes. L'exemple le plus probant est la différence entre le Prieto de la Cal et le toro de Concha y Sierra.

En 1778, Vicente José Vázquez reprend le troupeau de son père, Gregorio, qui avait réuni en 1755 du bétail provenant des institutions religieuses de Jerez et de Séville, majoritairement d'origine Cabrera. Mais, à l'époque de Gregorio, l'élevage à la devise noire et blanche possède peu de succès. Lorsque Vicente José prend en charge la devise tout s'inverse. Il part du principe d'unir les sangs les plus prestigieux et recherche les meilleurs produits de ses concurrents pour refondre sa ganadería. Ainsi, il achète du bétail à José Rafael Cabrera, au marquis de Casa Ulloa et à Juan José Becquer, tous d'origine Cabrera. L'élevage de Vázquez est une ganadería de mélange, dont découle une grande diversité de pelages. Il est dit que les toros noirs ou berrendos sont de provenance du marquis de casa Ulloa, les colorados de Becquer, les sardos et ensabanados de Cabrera. Mais l'âpreté du comportement des premiers produits n’est toujours pas du goût du ganadero qui est un fervent admirateur de la noblesse des toros du conde de Vistahermosa. Cependant, ce dernier refuse toutes les propositions de ventes y compris celles de Vicente José Vázquez. Alors, notre homme élabore un stratagème pour parvenir à ses fins. Il s'adresse aux institutions religieuses pour leur acheter le bétail cédé en guise de dîme par les autres éleveurs. L'opération réussit et lui permet enfin d'obtenir du bétail de sang Vistahermosa en 1790. Il déclare alors avec beaucoup d’arrogance : "Je possède ce que chacun a et ce qu'aucun de vous n'a jamais réussi à réunir. Réunir le meilleur est une chose, le perpétuer en est une autre. Tâche que José Vázquez va conduire avec succès, façonnant en un demi-siècle un toro aux caractéristiques propres, entre le Cabrera et le Vistahermosa. À son décès, l'élevage est un des plus prestigieux de son temps et le plus vaste qui n'ait jamais existé avec un total de 1300 têtes. Plus qu'une ganadería José Vázquez venait de créer une des castes fondamentales du toro de lidia.

Sans héritier, c'est le général sévillan Vicente Genero Quesada qui s'occupe de gérer le richissime héritage. La majeure partie, comptant 700 têtes, est achetée par le roi Fernando VII. Le troupeau quitte alors l'Andalousie pour la terre d'Aranjuez, à deux pas de l'élevage du marquis de Casa Gaviria. Un croisement fut alors opéré entre les deux devises, vaches vazqueñas et étalons Jijón.
Le duc de Veragua, qui miroitait la ganadería depuis déjà de nombreuses années, achète finalement l'élevage avec son associé le duc de Osuna en 1835. Ne disposant d'aucune confiance envers les anciens propriétaires, ils éliminent toutes les bêtes issues du croisement Jijón et toutes les vaches marquées du fer de la Real vacada. Au décès du duc de Osuna, en 1849, le duc de Veragua reste seul propriétaire. Ses toros provoquant des premiers tiers spectaculaires et développant ensuite une belle noblesse, font le prestige de l'élevage jusqu'à la fin du XIX° siècle. Dans un premier temps, l'élevage maintient des pelages variés, si bien qu'il n'était pas nécessaire de marquer les toros pour les distinguer. Mais en 1860 fut lidié à Valence le toro jabonero ‘Charrrengue', qui fut extraordinaire. Ses fils furent utilisés comme étalons et sous leur impulsion le pelage jabonero s'imposa.

1927 voit la fin du règne de la famille Veragua, son troisième représentant vend aux frères Martín Alonso de Tolède pour finalement partir en Andalousie en 1930 lors de la vente à Juan Pedro Domecq y Nuñez de Villavicencio. Sous l'aire Domecq du sang Parladé via le Conde de la Corte est injecté. Alors, le troupeau rassemble trois origines, les purs vazqueños, les purs Parladé et un mélange des deux castes. Au partage de l'élevage entre les frères Domecq y Díez, la plupart des purs Veragua iront dans le lot de Salvador, qui s'en défait rapidement au profit de José Enrique Calderón. C'est de ce dernier que Tomás Prieto de la Cal père obtiendra ses Veragua, en 1945. Depuis, la famille préserve intacte cette origine qui constitue un joyau génétique.

 
 


Morphologie
 

Le toro de Prieto de la Cal est harmonieux, musclé, de taille moyenne et de type aleonado. Les cornes sont astisucias et ne sont généralement pas très agressives, prédominent les cornianchos, brochos ou corniapretados. Il possède un museau large et brillant, de petites oreilles et de grands yeux qui donnent un regard vif. Le poitrail est large, la ligne dorsolombaire droite, voire légèrement ensellée, la croupe est musclée et la queue longue et épaisse avec un borlón touffu. Le ventre est imposant et incurvé, les extrémités courtes et larges. Enfin, la robe majoritaire et caractéristique de ce toro est jabonera, mais il existe aussi des negros, des colorados et des berrendos.


Comportement

Toro de tempérament, il a l’habitude de sortir « fort » des chiqueros, suscitant l’intérêt dès son entrée en piste. Manso ou brave, il derrote toujours dans les burladeros. Mais au fil du combat, il a tendance à baisser de régime et à aller un peu à menos. Don Tomás tente d’améliorer le fond de son toro, pour qu’il "dure" plus longtemps, sans pour autant chercher un toro qui supporte une centaine de muletazos. Lorsqu’il sort encasté, il n’ouvre jamais la bouche et lutte jusqu’ au dernier souffle.
Au campo, il s’agit d’un toro extrêmement agressif, qui complique ses manipulations, notamment l’embarquement. Les mâles se battent très fréquemment, si ces bagarres engendrent peu d’incidences sur les novillos, elles provoquent des pertes importantes pour les toros.

 

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