Marquês de Rio Maior
Marquês de Rio Maior

 




Dans son ouvrage O toiro de lide em Portugal, Francisco Palha Botelho Neves1 fait remonter les origines de l’élevage de taureaux de combat au Portugal au coeur même des Ordres religieux qui, comme en Espagne, furent les pionniers d’un prémisse de sélection et qui profitèrent du paiement de la dîme que leur devaient les propriétaires terriens pour récupérer, sous cette forme originale, des têtes de bétail. Et de citer par exemple le cas des Dominicains de Benavente. Mais Palha Botelho Neves, qui semble connaître son sujet, ajoute qu’un des premiers élevages « civils » de Lusitanie peut être attribué à la maison de Rio Maior dont les activités ganaderas sont identifiées au moins depuis la date de 1645 ! Depuis cette époque, le XVII° siècle donc, c’est le patronyme de Saldanha Oliveira e Sousa que l’on retrouve à la tête de cette maison aristocratique portugaise. Sans creuser de trop, il apparaît que les Saldanha Oliveira e Sousa étaient liés au marquis de Pombal, celui-là même qui dirigea le pays au milieu du XVIII° siècle et qui conduisit les travaux de reconstruction de la capitale Lisbonne après le terrible tremblement de terre de 1755.

La famille Saldanha était liée à la Quinta do Miranda située aux abords d’Azinhaga do Ribatejo. Les quelques bribes d’informations que l’on peut glaner sur cette proto-histoire de l’élevage brave au Portugal font référence à un toro de Rio Maior combattu en 1805 dans la arènes du Salitre de Lisbonne. Après cette date, l’élevage ne ressurgit qu’à la fin du XIX° siècle, comme s’il s’était endormi durant près de soixante-dix ou quatre-vingts ans. Peut-être que l’invasion française du Portugal en 1807 a pu mettre à mal l’élevage. Ce qui semble certain, c’est que la Casa Rio Maior a traversé l’épreuve de la « Guerre péninsulaire » (1807-1813) et s’est même complexifiée à la fin du XIX° siècle. En effet, longtemps la maison Rio Maior fut associée au seul titre nobiliaire de comte mais en 1886, le roi Luis Ier institua le titre de marquis pour récompenser António José de Saldanha Oliveira e Sousa qui était fils du troisième comte de Rio Maior. Lorsque António José décède sans enfant, son titre passe à son neveu, João de Saldanha Oliveira e Sousa (1878-1970) qui fut donc cinquième comte de Rio Maior et deuxième marquis du même nom. C’est lui qui fait réapparaître le patronyme des Rio Maior dans le monde taurin du début du XX° siècle. Ainsi, il mena un élevage de toros de Casta portuguesa en association avec un autre représentant d’une ancienne et puissante famille d’Azinhaga : José Serrão de Faria. L’association des deux caciques s’acheva en 1930 et le Marquês de rio Maior demeura seul aux commandes de son troupeau qu’il bouleversa totalement à l’aube des années 1950.

Le marquis se convertit au milieu du XX° siècle à une mode née une vingtaine d’années auparavant : le Parladé. Pour ce faire, il achète des vaches chez Claudio Moura qui détenait les Soler depuis 1936 et chez Pinto Barreiros ainsi qu’un reproducteur de ce dernier. En 1950, le Soler de Moura est très largement dominé par la ligne Parladé injectée dès le règne de la veuve Soler via des reproducteurs du Conde de la Corte. Le Pinto Barreiros, on le sait aussi, penche sérieusement vers la ligne Parladé – Gamero Cívico que Rio Maior renforce encore en louant un toro d’António Silva (Pinto Barreiros à l’époque) qui avait déjà servi de reproducteur dans d’autres élevages. Au milieu des années 1950, lacamada est courte et compte 53 vaches : 39 Pinto Barreiros et 16 Soler.

C’est de cet élevage aujourd’hui oublié qu’est né celui, dans les années 1960 et toujours en activité, de Dias Coutinho dont la famille est parente de celle des Rio Maior. Si l’on en croit João Dias Coutinho, l’actuel éleveur, le sang n’a pas été croisé ni modifié depuis l’achat à Rio Maior il y a plus de quarante ans maintenant. Autant écrire que Dias Coutinho est l’héritage le plus proche et le plus « pur » des Parladé de Rio Maior. Pour autant, après la vente à Dias Coutinho, l’élevage de Rio Maior exista quelques années encore. Le marquis décéda en 1970, suivi de près (1972) par son fils aîné, João António de Saldanha Oliveira e Sousa. Le titre passa donc au fils de ce dernier, João Vicente de Saldanha Oliveira e Sousa, quatrième marquis, né en 1930. C’est certainement lui qui, en 1983, revendit l’élevage à la famille Braamcamp Lobo de Vasconcellos qui changea le fer et créa l’élevage toujours existant de São Marcos.

1 Palha Botelho Neves, Francisco - O toiro de lide em Portugal, Ediçoes Inapa Lisboa, 1992

 
 

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