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La ganadería de Sánchez Rico de Terrones est relativement récente, puisqu’elle fut fondée en 1997. Pourtant, sous ses faux aspects de jeunette, elle cache un passé ancien ou plutôt une riche expérience. Mais débutons par la version officielle avant de se pencher sur son histoire occulte.
Paloma Sánchez-Rico Clavero est représentante de mode. Mais dans la famille on n’a pas l’habitude de faire les choses à moitié ; il s’agit donc de haute couture. Pour raison professionnelle elle vit à Madrid, mais ses racines sont restées sur la terre de ses ancêtres, à la finca Terrones, au fin fond du Campo Charro en direction de la Peña de Francia. Le pécule assuré et la vie avancée, elle voulut renouer avec le passé et repeupler cette finca mythique du bétail qui la rendit célèbre : le bravo. Alors, en 1997, elle négocie avec son ami « Toni », Antonio Peláez Lamamié de Clairac, l’achat d’un lot de bêtes de son élevage d’origine Gamero Cívico. Pour marquer son bétail, Paloma a repris le dessin utilisé sur ce lieu par le passé : la fleur à six pétales de Juan Contreras. En une dizaine d’années, conservant un nombre de têtes réduit, Paloma et son époux Rafael de Basterra Lombardero ont gommé les problèmes sanitaires qui minaient la ganadería de Clairac dans les années 1990. La présentation y est irréprochable et les ganaderos se disent profondément toristas, leur bétail étant parfaitement inscrit dans les goûts de l’afición française, toujours d’après eux. En 2007, le fer des Sánchez Rico est admis comme titulaire à l’U.C.T.L.
Après avoir présenté l’actuelle ganadería, revenons à présent sur le passé et la finca Terrones d’où est issue la famille Sánchez Rico. Le toro de combat a élu domicile sur ce lieu magique au milieu du XIX° siècle sous la gouverne de Andrés Sánchez de Terrones. À l’époque, il s’agissait bien entendu de toros de la tierra et Terrones n’était rien moins que la première finca du Campo Charro dont le bâtisseur n’est autre que Gil de Hontañón, l’architecte de la cathédrale de Salamanque. Le fer d’Andrés sur lequel se croisent le A de son prénom et le T de Terrones, jouit d’une ancienneté de 1882 et est actuellement la propriété de José Maria Manzanares. Après lui, le site restera attaché au ganado bravo et ira jusqu'à compter quatre élevages différents sur ses terres.
La célébrité de Terones se bâtit aux alentours des années 1920, lorsque le bétail d’origine Murube de Juan Contreras arriva sur place. Juan Sánchez y Sánchez et les frères Sánchez Rico se partagent alors la finca et le bétail d’origine Contreras étend son prestige au nom de Terrones, qui devient un classique du vocabulaire taurin. L’hospitalité de la famille Sánchez Rico fera le reste, accueillant à bras ouvert qui aime les toros. Toreros, empresarios, aficionados et ganaderos en firent un de leurs passages obligés, certains et non des moindres y étant comme chez eux, y passant de longs séjours, tel « Manolete » ou plus récemment Luis Francisco Esplá.
Élevée dans ces conditions, ayant grandi au milieu des toros et des hommes qui se passionnent pour eux, quoi de plus naturel pour Paloma que d’avoir voulu faire renaître la magie de Terrones ? Pour elle sa ganadería ne pouvait être que charra et torista. C’est pour ces raisons qu’elle se tourna en 1997 vers le bétail de Clairac et depuis les souvenirs sont redevenus réalité et on peut à nouveau assister aujourd’hui à des scènes de acoso y derribo à Terrones.
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Les familles Sánchez Rico et Clairac ont toujours eu d’étroites relations et, en conséquence, il y eut de nombreux échanges de bêtes dans l’histoire de ces deux ganaderías charras.
Les frères Sánchez Rico, Santiago, Fernando, Idelfonso, et Juan Sánchez y Sánchez, dit « Juan de Terrones », avaient fondé un élevage au début des années 1920 sur la finca de Terrones après avoir récupéré le troupeau de Juan Contreras. À cette même époque, la ganadería de Clairac, alors propriété de Rafael Lamamié de Clairac, est « encastée » par un mélange de toro de la tierra largement rafraîchi par du sang parladeño. Rafael, afin de réduire encore l’origine ancestrale, importa du bétail des frères Sánchez Rico ; il est ainsi le premier à tisser le lien du sang brave entre les deux familles. Chemin faisant, chacun fit son parcours, avec pour tous du bétail issu des vieux Murube : Parladé pour Clairac et Contreras pour les Sánchez Rico.
Les aléas de la vie et des familles feront perdre aux Sánchez Rico leur héritage ganadero. Mais les souvenirs de Paloma sont tenaces et elle ne rêve que d’une chose : renouer avec la tradition. Alors, quand elle le put, en 1997, elle reconstruit entièrement une ganadería sur les lieux mêmes de celle de ses ancêtres. Et pour ce faire elle alla chercher le vieux bétail rustique de son ami Antonio Peláez Lamamié de Clairac. Ainsi les Sánchez Rico actuels sont-ils de vieux Parladé, les moins dénaturés du genre, étant parvenus jusqu’à nous par le seul intermédiaire de Luis Gamero Cívico et de la famille Clairac.
La fondation de la ganadería de Sánchez Rico s’est faite à partir d’une cinquantaine de vaches issues de trois des quatre grandes familles que compte l’élevage de Clairac. Elevé depuis 1925 en vase clos, le bétail de la ganadería de Clairac pâtit de graves troubles liés à la consanguinité. Paloma et Rafael eurent donc comme première épreuve d’endiguer ce fléau. Leur politique de sélection fut centrée sur l’ouverture, afin de réduire au maximum le phénomène. L’élevage étant pour eux une affaire d’afición et non un commerce, ils voulurent rester avec un nombre restreint de vaches, pour connaître parfaitement l’élevage et ne garder que le meilleur. Cette sage résolution fut un atout pour éliminer les problèmes de consanguinité. Aujourd’hui, la mission est accomplie, le taux de bêtes mort-nées et la mortalité juvénile ayant retrouvé des valeurs courantes, la devise possédant même la carte verte. Des bases saines pour appréhender l’avenir.
En 2006, un nouvel apport de bétail Clairac fut opéré afin d’enrichir encore le génome des Sánchez Rico.
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