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Aurelio Hernando est un passionné. De toros, bien entendu, mais pas seulement. Le cheval est également son « dada ». L’homme tient un centre équestre à Soto del Real et concourt à haut niveau sur des parcours de saut d’obstacles. Des toros, des chevaux, vous imaginez son emploi du temps, mais quand on aime on ne compte pas. Côté bétail, son amour se porte sur l’encaste Veragua. Un amour impossible. C’est de l’amour que naissent les illusions qui poussent à la déraison. Et parfois il convient d’être déraisonnable, en tauromachie on nomme cela romantisme, ce qui permet d’ôter la part de folie que contient le mot. Aurelio Hernando n’est pas fou, bien au contraire. Il s’agit d’un homme calme, doux, posé et seul l’amour pour le toro de combat et l’encaste Veragua a pu le pousser dans un projet aussi déraisonnable qu’élever les descendants du Duc de Veragua au XXI° siècle.
Il a débuté comme ganadero en 1992 en s’associant avec Javier Gallego García pour sauver le nucléon restant d’origine Veragua de l’élevage familial de ce dernier. Ils partirent avec 17 vaches et 1 étalon. Une ganadería type « arche de Noé » baptisée « Hernando-Gallego », qui regroupe les vestiges veragueños de l’ancien élevage de Enrique García Gonzalez, dont le fer original annoncé « Hijas de don Enrique García » est dès lors vacant. Les deux hommes attaquent avec foi et passion leur quête salvatrice. Le sort semble avec eux. Bien que l’unique étalon meure très vite, un mâle sortira des vaches pleines. Sa filiation lui impose sa fonction et cet étalon désigné se révèle d’exception. Il y a des signes qui ne trompent pas. La bête régnera sur le troupeau durant quatorze années.
Peu à peu, les deux hommes consolident leur ganadería. Si toute leur attention est portée sur la caste Veragua, une vingtaine de vaches ne peuvent constituer une ganadería. Ils augmentent ainsi le troupeau avec des vaches d’origine Domecq de chez Victoriano del Río. Cette seconde lignée étant maintenue séparément. À Force de travail, Aurelio et Javier arrivent au nouveau millénaire avec une centaine de vaches Veragua. Mission accomplie. L’amour l’a emporté sur la raison et grâce à la déraison de nos deux ganaderos les Veragua de la famille Gallego nous sont parvenus. En 2002, Javier et Aurelio se séparent. Aurelio déménage dans la banlieue de Soto del Real, dans l’ancienne finca de José Aleas (frère de Manuel) dont la placita est d’époque. Sa devise caña y negro a fait sa présentation à Soto del Real à l’occasion d’une novillada sans picador en 2004. L’année suivante, l’élevage fait sortir ses premiers novillos en novillada avec picador. Suit en 2006 la première corrida, toujours à Soto del Real. La camada est courte mais Aurelio ne peine pas à vendre son bétail qui est lidié principalement dans les alentours de Madrid. 2011 est une année charnière, l’élevage fait sa présentation en France à Orthez et un sobrero sort à Madrid. Dès lors, elle y sera répétée presque chaque année. L’élevage commence à se faire un nom et on ne peut que s’en réjouir.
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Aurelio Hernando tient son bétail Veragua de son association avec Javier Gallego. Une alliance qui avait pour but de sauver les origines Veragua des vestiges de la vacada du grand-père de Javier : Enrique García. La renommée de l’élevage de don Tomás Prieto de la Cal fait que la filiation du Duc de Veragua à Enrique Calderón, est bien connue ; par contre les origines de l’élevage de Enrique García le sont beaucoup moins.
Enrique Calderón, après s’être défait en 1945 d’une partie de son troupeau au profit de Tomás Prieto de la Cal, introduit un étalon du Conde de la Corte. L’année suivante, il décède. Ses héritiers lui succèdent et se partagent en quatre lots la devise en 1949. Le lot de José Enrique, son fils, compte 60 vaches et 2 étalons, nommés ‘Nevero’ et ‘Quijato’, il est acheté par Pedro Solís y Lasso de la Vega, Duc de Gandía y de Osuna. Basé en Andalousie, l’homme augmente son troupeau avec du bétail de Guardiola Fantoni auprès duquel il se procure un lot de 90 vaches et 2 étalons. C’est au Duc de Osuna que s’adresse Enrique García, le grand-père de Javier Gallego, pour créer sa propre ganadería en 1951. Le bétail Veragua qui a subsisté aux différents métissages, arrive alors en terre madrilène. Élevé dans le plus grand respect des traditions, Enrique García va le protéger et lui donner du temps, jusque dans les années 1980 où apparaît une nouvelle offensive de panachages avec le classique Parladé.
À la fin de ces années de peu de renom, Javier Gallego prend la survie de la devise familiale en main et s’associe avec Aurelio Hernando. Il ne reste plus alors que 17 vaches et 1 étalon ! Les deux hommes créent un nouveau fer qu’il nomme Hernando – Gallego et pâtissent de la mort de leur unique étalon. Par chance, sortira un étalon d’exception de sa dernière saillie, un semental, père du nouveau troupeau, qui régnera pendant quatorze années. Partis de presque rien, les deux hommes s’efforceront d’éliminer les influences parladeñas pour retrouver l’ascendance Veragua la plus fidèle possible. Ils ajouteront bien du bétail d’origine Domecq pour agrandir le troupeau, mais pas sans avoir pris la précaution d’isoler l’origine Veragua.
Depuis la séparation des deux associés, bien que de même sang, les deux vacadas tiennent déjà leurs propres caractéristiques. Si Javier Gallego a choisi d’importer une nouvelle rame (Torrestrella) élevée en complète indépendance, Aurelio Hernando a, quant à lui, conservé les vaches d’origine Domecq acquises à Victoriano del Río. Mais, point de ligne Domecq chez Aurelio car l’homme, peu intéressé par cette parenté si ce n’est pour constituer un troupeau digne, y a astucieusement placé un étalon d’origine Veragua. Ainsi, toute bête de sa ganadería possède au moins 50% de sang veragueño. Son ambition fut d’éliminer cette souche bâtarde au fil du temps, à mesure que le troupeau d’ascendance Veragua prit de l’importance, démarche qui fut achevée en 2015.
Les différences entre les deux élevages ne s’arrêtent pas là. Le troupeau de Aurelio Hernando étant beaucoup plus homogène de robe, entrant tout à fait dans l’image d’Épinal de la caste Veragua avec toutes les variantes du jabonero et même le très rare berrendo en jabonero.
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Morphologie
De taille moyenne, le toro d’Aurelio Hernando dispose d’une grande tête pourvue d’armures moyennement développées à la chromatique variée. On note certaines cornes d’une blancheur à faire pâlir n’importe quel dentifrice ! Le frontal est large et le museau allongé. Il possède de petites oreilles et de grands yeux qui donnent un regard vif. Le poitrail est large, la ligne dorsolombaire droite, voire légèrement ensellée, la croupe est musclée et la queue longue et épaisse avec un borlón touffu. Le ventre est imposant et incurvé, les extrémités courtes et larges.
Enfin, la robe majoritaire et caractéristique de ce toro est jabonera, dans toutes ses variantes, allant du clair au foncé en passant par les berrendos.
Comportement
Le toro de caste vazqueña est reconnu pour ses qualités de bravoure et passe comme particulièrement spectaculaire au cheval de par sa puissance. Ensuite, il accuse malheureusement trop souvent les efforts consentis lors du premier tiers pour finir a menos. Aurelio Hernando définit son toro comme une bête de très grande force et surtout d’un grand moteur. Son toro semble avoir plus de charge que la moyenne de l’encaste, des charges avec le mufle léchant le sol dont n’est pas peu fier Aurelio. Par contre, au cheval, il semblerait que la bravoure légendaire des Veragua se soit quelque peu diluée.
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