Hoyo de la Gitana
Hoyo de la Gitana

Sous l’appellation « Hoyo de la Gitana » se cache un des multiples fers de la famille Pérez-Tabernero. Il s’agit là de l’héritage d’Alipio Pérez-Tabernero via son fils Ignacio, maintenu depuis 1998 par ses trois fils. Fidèles, ils conservent l’âme du patriarche et le sang familial, du Graciliano Pérez-Tabernero personnalisé par l’introduction d’étalons de Buendía.
La camada est courte mais suffisante pour que la caste des « Hoyo » fasse de belles étincelles, principalement en France, où la devise est rapidement entrée dans le petit cercle des élevages à suivre. Cependant, les résultats restent irréguliers, caractéristique de l’encaste Santa Coloma et des petits élevages. Le piquant initial s’est quelque peu dilué pour donner parfois dans une noblesse trop douce. Il n’empêche qu’ici les idées sont claires, le métier maîtrisé et on se laisserait aller volontiers à penser que l’élevage devrait refaire surface.

Ancienneté : -
Devise : Vert et Blanc
Signal : Rabisaco à chaque oreille
Propriétaire : Ignacio, Joaquín, Fernando Pérez-Tabernero
Gérant : Ignacio Pérez-Tabernero
Fincas : "Galleguillos"  Perales del Puerto"Galleguillos"  Vecinos
   Unión de Criadores de Toros de Lidia





Crédits photographiques : Terre de Toros  

 

L’élevage Hoyo de la Gitana constitue avec Pilar Población et José Juan Pérez-Tabernero les vestiges de la devise familiale d’Alipio Pérez-Tabernero. Alipio Pérez-Tabernero, voilà un nom historique du Campo Charro. Avec lui sonnent toute la classe et le prestige du toro de Santa Coloma. Un nom mythique pour les anciens mais qui reste imprécis pour les plus jeunes. Parce qu’aujourd’hui, Alipio Pérez-Tabernero n’est plus qu’histoire. Une histoire encore relayée par ses filiations, bien qu’elles s’amenuisent de jour en jour.

Alipio est né d’une des familles, sinon de LA famille la plus importante du Campo Charro taurin. Son père, Fernando Pérez-Tabernero, et sa mère, Luisa Sanchón, avaient tous deux hérité des ganaderías familiales fondées au XIX° siècle ; ce qui, en matière de brave pour la zone de Salamanque, est la préhistoire. Le couple eut quatre enfants et tous connurent une prestigieuse carrière d’éleveur. Il y eut bien-sûr Alipio, mais aussi Antonio (Pérez de San Fernando), Argimiro et surtout Graciliano. C’est dire si la terre de la finca paternelle de « Villar de los Alamos » fut fertile. Au décès de leur père Fernando (1909), ils reprirent ensemble la destinée de l’élevage familial, un croisement de vaches veragueñas avec un étalon de Miura. Mais ce sang était sur le déclin et, en 1920, Graciliano forma un nouveau troupeau avec du sang pur Vistahermosa acheté au comte de Santa Coloma. Le succès fut quasi immédiat et Graciliano Pérez-Tabernero devint une référence. Sa réputation était si forte qu’elle fit grimper celle de tous ses confrères du Campo Charro, jusqu’alors dépréciés et moqués par leurs rivaux andalous.
Alipio s’était détaché de ses frères en 1911, tout en conservant le bétail de ses aînés. On donnait son sang comme 7/8 de Murube et 1/8 de Veragua. Ainsi, les Alipio de la première époque étaient le plus souvent negros, mais aussi parfois jaboneros. En 1921, il avait déjà connu le malheur de voir un de ses toros tuer un torero. Il s’agissait de Isidoro Martín Flores sur le sable des arènes de Béziers. En 1924, il se présenta à Madrid mais les résultats furent irréguliers, comme on dit, et les compétences de don Alipio souvent décriées. Pourtant, tout le monde reconnaissait l’homme et son afición. Excellent cavalier, il faisait des envieux au campo lors des acosos y derribos, exerçant même comme rejoneador lors de spectacles officiels. Mais le ganadero était connu comme peu rigoureux et utilisant le bétail de desecho de ses frères. La presse de l’époque ne mâchait pas ses mots à son encontre. Ainsi, on pouvait lire, sous un dessin des arènes madrilènes en feu, les conseils d’un journaliste aux aficionados : « Je conseille vivement à ceux qui vont aux arènes voir une Alipiada de se munir préalablement d’extincteurs ! ». Allusion évidente à la mansedumbre des toros de don Alipio trop souvent condamnés aux banderilles de feu.

Insatisfait, Alipio va donner raison à ses détracteurs en refondant complètement son élevage (1925) avec le nouveau sang de son frère Graciliano : les fameux Santa Coloma. La réussite n’est pas immédiate. Il y a d’abord une longue période de transition (une décennie) où ses toros vont connaître de nombreux problèmes lors des reconocimientos au cours desquels le ganadero va se voir sanctionner par des amendes pour non respect du poids et de l’âge réglementaires. Une période où le qualificatif de « bœuf » reviendra plus fréquemment que celui de « brave ». Le temps d’écouler l’ancien bétail, puisqu’en 1931 courent encore des Alipio jaboneros. Mais, à partir de 1935, naît un nouveau ganadero.
Le manque de rigueur se voulait sûrement un mal de jeunesse, puisque Alipio Pérez-Tabernero Sanchón va s’avérer par la suite un excellent éleveur, et retourner les opinions. Des braves de son frère Graciliano, il va en faire les braves Alipio. Dès lors, les succès vont s’enchaîner et faire de lui un des éleveurs reconnus du Campo Charro. Il est d’ailleurs à noter que si Alipio portait, comme son père Fernando, les fameuses longues patillas, il n’a jamais utilisé le nom de Tabernero pour nommer sa ganadería. Il est vrai que le nom était déjà largement utilisé. Fort de son expérience et de son passé familial, il eut toujours une curiosité très affûtée vis-à-vis du taureau de combat. Alors que la tradition était de fermer ses portes, il a ouvert les siennes et, en 1965, des vétérinaires purent mettre en œuvre diverses expériences sur les « tientas chimiques ». Alipio, qui était un grand personnage, s'éteint en 1977, laissant une filiation éduquée dans la tradition et capable de préserver son patrimoine.

Son mariage avec Pilar Sánchez de Agustínez, de la maison ganadera du même nom, avait été fécond, puisqu’ils eurent six enfants et tous des garçons : Julio, Javier, Alipio, Ignacio, Fernando et Ricardo. En 1939, Alipio leur créa un fer qu’il nomma « Hoyo de la Gitana ». Le dessin du fer porte le F en hommage au père d’Alipio, Fernando, quant à l’appellation, il s’agit tout simplement du nom d’un des cercados de « Galleguillos », une des fincas familiales qui abrite l’actuel Hoyo de la Gitana. Mais alors, il n’est pas encore question d’héritage et l’afición intarissable de ses fils allait devoir attendre un peu, Alipio restant seul à la tête des deux fers. Il ne tarde pas à acquérir une ancienneté pour sa nouvelle appellation et fait lidier une novillada à Madrid le 6 août 1944. Cependant, ce fer n’est pas simplement une doublure. Sans doute titillé par la nostalgie de la caste Veragua, Alipio installe sous le fer du F, aux côtés de ses Santa Coloma, une ligne veragueña achetée au voisin Arturo Sánchez y Sánchez. Mais l’aventure n’est qu’illusion. La réalité le rattrape bien vite et malheureusement l’histoire se répéta pour les Veragua d’Alipio et les terres de Matilla de los Caños resteront le domaine exclusif des toros Santa Coloma.
À la fin des années 1950 commença le partage du patrimoine de don Alipio. Alipio fils poursuit avec le fer historique et ajoute un fer au nom de son épouse María Lourdes Martín. Fernando conservera seul le fer « Hoyo de la Gitana », tandis qu’Ignacio, installé à « Galleguillos » en 1958, et Javier, à « Villar de los Alamos » en 1966, créèrent leurs propres fers.

La ligne qui nous intéresse ici est celle créée par Ignacio dont l’étendard est le fer du A en arabesque des frères Ayala créé en 1932. Ricardo et Demetrio Ayala avaient repris un vieil élevage de la province de Ciudad Real avec un bétail que nous qualifierons d’hétéroclite. Bien qu’étant parvenus à améliorer considérablement la qualité de leur toros, les deux frères ne passèrent pas à la postérité pour autant, et si leur nom est familier nous le devons à un triste événement : la mort d’Ignacio Sánchez Mejías sous la corne de ‘Granadino’. Les deux frères furent assassinés dès le début de la Guerre civile (1936-1939) et l’élevage fut démantelé. S’ensuivirent de nombreuses successions sans intérêt. Après être passé par les environs de Madrid, où Rafael Bernal tenta de le remodeler avec des bêtes de Clairac, le fer des Ayala arriva finalement dans le Campo Charro en 1958. Là, Ignacio Pérez-Tabernero choisit de le repeupler avec le bétail de la casa qu’il rafraîchit avec des étalons Buendía. À sa mort en 1992, ce sont ses enfants, les Pérez-Tabernero Silos, mordus par la même passion, qui poursuivent. À partir de 1998, ils reprennent le nom « Hoyo de la Gitana », dénomination du deuxième fer de la maison, créé en 1934 et laissé en désuétude à partir de 1974, après que ‘Cuchareto’ avait blessé mortellement José Falcón. Trois ans plus tard, ils lèguent les droits du fer Ayala à José Cruz et repartent avec un nouveau dessin. C’est la marque du renouveau et l’annonce de la reconquête, qui débutera à l’aube du nouveau millénaire dans les arènes de Vic-Fezensac avec des toros braves et de grande caste. Malheureusement, le piquant initial s’est dilué quelque peu pour pâtir d’irrégularités et verser parfois dans une noblesse douce sans saveur. Cela dit, ici les idées sont claires, le métier maîtrisé, et on se laisserait volontiers aller à penser que ces déconvenues ne sont dues qu’à des erreurs de dosages.

 


Alipio Pérez-Tabernero a débuté comme ses frères avec le bétail à influence veragueña de son père. Il sera le dernier à s’en séparer au début des années 1930 après, il est vrai, les avoir largement remodelés avec les nouveaux sangs de ses frangins. Mais passons sur l’étape d’initiation de don Alipio pour nous consacrer à l’aventure de sa vie : les Santa Coloma de son aîné Graciliano.

Entre 1925, date de son cuisant échec à Madrid, et 1929, Alipio va acheter plus d’une centaine de vaches de pure origine Santa Coloma à son frère Graciliano, le tout agrémenté de quelques étalons. Un peu plus tard, en 1933, il cimente son sang en trouvant la perle rare : l’étalon qui fait une ganadería : 'Hornero'. Lui aussi du fer de Graciliano, 'Hornero' est de la race de ceux qui font un encaste et Alipio le gardera jusqu'à sa mort, soit une quinzaine d’années en tant que reproducteur. Alipio façonne un toro homologue à celui de Graciliano avec cependant quelques nuances. La sélection d’Alipio est en effet plus douce que celle de son aîné ; que ce soit du point de vue morphologique, le toro d'Alipio étant d’un trapío plus modeste, ou du tempérament, plus docile que les sauvages et redoutables Graciliano. Mais restons dans la mesure car tout est relatif. Le toro de don Alipio n’en demeure pas moins un toro exigeant comme tous ceux de son encaste.

Dès 1939, Alipio crée un fer pour ses fils. Ce fer, nommé « Hoyo de la Gitana », abrite évidemment les Alipio Santa Coloma, mais aussi, et ce jusque dans les années 1950, des Veragua de chez Arturo Sánchez y Sánchez. Bien qu’inscrit au nom des fils, le fer est mené par Alipio et le bétail est le même que celui du fer titulaire. Il faudra attendre le courant des années 1960, pour voir les fils d’Alipio prendre les directives. Ils ne trahiront pas leur père puisque Ignacio, Javier, Alipio fils et Fernando allaient tous les quatre devenir d’excellents ganaderos. Lors du partage, Fernando resta seul à la tête du fer de « Hoyo de la Gitana » tandis qu’Ignacio hérita d’un lot composé de quelques dizaines de vaches et de l’étalon ‘Guarrito’. Pour se distinguer de son père et transmettre sa propre orientation à son élevage, Ignacio retourne à la source Santa Coloma, qui se nomme désormais Buendía. En 1963, il importe sur les terres charras ‘Fuentecillo’, n° 35 marqué du fer de Joaquín Buendía. Très vite, mais en prêt seulement, trois autres étalons de la casa suivront : ‘León’, n° 35, ‘Rondeño’, n° 67, et ‘Aguacate’, n° 84. Ces étalons iront couvrir l’ensemble des fers familiaux et même plus puisqu’ils seront également prêtés à la ganadería Ana Romero.

La sélection de don Ignacio est plutôt spécifique puisqu’elle ne repose pas sur l’épreuve de la tienta, du moins pour le choix des étalons. Le principe est simple et s’applique aussi dans d’autres maisons : le but d’un étalon n’est pas d’être brave mais de produire des descendants braves, les résultats des enfants prévalant sur le comportement en tienta d’un prétendu futur étalon. Aussi, seul fut tienté à « Galleguillos », dans la placita qui fut jadis celle d’Alipio père, ‘Hortellano’, premier fils de ‘Fuentecillo’, car il fallait rapidement vérifier la qualité de la descendance mâle du nouvel étalon, futur patriarche de la devise. Les Pérez-Tabernero Silos, les fils d’Ignacio, qui s’occupent désormais de la devise, ont conservé intacte cette tradition.
Une autre singularité de la sélection chez Hoyo de la Gitana réside dans le choix des vaches. S’ils sont bien trois frères propriétaires, seulement deux s’occupent réellement de l’élevage : Ignacio et Fernando. Et lorsqu’il faut faire un choix à plusieurs, la partie se complique. Il est certain qu’il s’agit là d’une nouvelle problématique dans l’élevage brave, la personnalité autoritaire des ganaderos ou ganaderas d’antan ne laissaient pas même entrevoir le sujet ; mais, aujourd’hui, la démocratie s’invite partout, même dans les grandes familles espagnoles ! Les élevages confrontés à ce dilemme sont nombreux, chaque maison optant pour sa solution, proportionnelle ou à majorité absolue. Les Pérez-Tabernero Silos, eux, ont choisi : ce sera chacun son tour. C’est-à-dire que, avant d’être tientées, les vaches sont attribuées à chacun des frères, et chacun d’eux mène à sa manière la tienta de ses vaches et décide de leur destination finale. Curieux et intéressant stratagème.

L’élevage Hoyo de la Gitana n’est donc pas de pure ascendance Graciliano, mais issu d’un subtil mélange des branches Ibarra et Saltillo du Santa Coloma. Une alliance dont ils n’hésitent pas à fixer les proportions : 75 % Ibarra et 25 % Buendía. Rien d’arbitraire là-dedans, seulement un objectif que ces deux éleveurs se sont fixé. Pour y parvenir, le manège s’avère complexe et oblige à jongler en permanence avec les deux origines ; les 120 vaches de ventre de l’élevage sont réparties en deux enclos, dans lesquels, suivant les années, les reproducteurs alternent en fonction de leur ascendance.


Elevages disposant de bêtes d'origine Hoyo de la Gitana :

 
 

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