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Adolfo Rodríguez Montesinos est un passionné. Entre le journalisme et les animaux, son cœur ne put choisir. Alors, l’homme se consacra aux deux. Il débute des études de journalisme et intègre rapidement Radio National España (RNE) puis se consacre à son diplôme de vétérinaire. Cette seconde passion va le conduire tout près d’une troisième, née dès son enfance, « los toros ». Adolfo se spécialise naturellement dans l’élevage de bétail brave auquel il dédie sa thèse. L’homme excelle particulièrement sur les thèmes des pelages et des encastes, des matières dans lesquelles bien peu de monde peut le concurrencer. Et notamment au sujet de l’encaste Santa Coloma auquel il a réservé un livre spécifique qui fait référence.
Mordu, il débute comme ganadero à 22 ans et s’installe dans la province de Tolède sur la finca "Dehesa del Roble" à Ventas de San Julián. L’homme est modeste et ne cherche pas à concurrencer les grands noms, mais plutôt à se faire plaisir : simplement élever un toro qui lui plaît. Ainsi, en 1978, ce n’est pas à l’U.C.T.L. au pays des lumières qu’il inscrit son élevage, mais à l’A.G.L. : le royaume des ombres. Les droits du fer sont ceux de Manuel Sánchez Fabrès. Coté bétail, il choisit bien entendu l’encaste Santa Coloma et favorise la proximité en incorporant des bêtes de Victor Huertas.
Mais tout ceci n’est qu’un début, le temps de l’apprentissage. En 1981, il élimine l’ensemble du troupeau et repart avec des bêtes de Bernardino García Fonseca. L’homme du fameux fer de la cloche qui détenait des Saltillo – Santa Coloma de don Argimiro Pérez-Tabernero. À partir de 1983, Adolfo fit différentes acquisitions de vaches à son ami Javier Sánchez-Arjona d’origine Santa Coloma ligne ibarreña via la rame de Paco Coquilla. Les Coquilla deviendront la base de la ganadería épaulés par des étalons de divers fers provenant de toutes les autres lignes Santa Coloma : Graciliano et Buendía. Peu à peu, l’origine Buendía s’imposera pour être aujourd’hui majoritaire.
En 1996, le ganadero fait l’acquisition d’une seconde finca : « Valderrevenga » située à Oropesa, toujours dans la province de Tolède. De belles installations voient le jour et la vie de l’élevage s’accélère. Adolfo a alors la trentaine, les temps des débuts sont révolus. Après les becerradas vient le temps de la novillada. La première sera pour la feria de Santa Cruz del Retamar, proche de Tolède. Des débuts en trombe, ‘Español’ étant primé comme meilleur toro de la Feria. Durant les années suivantes, le fer fait combattre une petite vingtaine de novillos par an, et, en 2006, il fit sa présentation en corrida. Ce fut à El Casar de Talamanca (Guadalajara) où, là encore, son ganado se fit remarquer et notamment ‘Naranjero’, n°100, qui remporta le prix du toro le plus brave de la Feria. Hélas, la corrida présentée à Orthez en 2009 eut de quoi décevoir, tant par la présentation car il y eut beaucoup de pertes au campo que par le comportement même s’il convient de noter que certains toros de cette course démontrèrent de belles qualités de noblesse voire de bravoure comme le cinquième ‘Marques’. Depuis cette date, l’élevage est retombé dans un certain anonymat, certainement à tort car le fonds de caste est des plus intéressants.
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L’encaste Santa Coloma est le mélange des Ibarra et des Saltillo. Ses dérivations, bien qu’issues du mélange, conserveront une ascendance particulière et s’orienteront vers l’une ou l’autre de ses composantes de base. Fondamentalement, on entend par toro de Santa Coloma le bétail déclinant du mélange de ses deux origines essentielles : Saltillo et Ibarra ; aujourd’hui on reconnaît trois branches : les Coquilla et les Graciliano où l’ascendance Ibarra prévaut, et les Buendía chez qui la ligne Saltillo est dominante. Je laisse volontairement de côté les Albaserrada où l’écrasante majorité du sang Saltillo les éloigne, à mon sens, du concept actuel de Santa Coloma. La majorité des élevages d’origine Santa Coloma se développe au sein de la même branche, ainsi les Sánchez Fabrès et Sánchez Arjona pour la branche Coquilla, Juan Luis Fraile et Hoyo de la Gitana pour la branche Graciliano ou Rehuelga, entre autres, pour la branche Buendía. Mais peu d’éleveurs ont choisi d’élever ce bétail dans sa diversité, en rassemblant ces trois composantes. C’est pourtant dans cette démarche que s’est inscrit Adolfo Rodríguez Montesinos lorsqu’il a créé son élevage en 1978.
Vétérinaire de profession et éminent spécialiste de l’élevage brave, Adolfo Rodríguez Montesinos excelle sur les thèmes des pelages et des encastes. Et plus particulièrement sur l’encaste Santa Coloma auquel il a dédié un livre. C’est donc tout naturellement que l’homme l’a choisi pour monter sa propre ganadería qu’il base sur ces trois composantes: Coquilla, Graciliano et Buendía. Mélangeant ainsi les lignes d’ascendance Ibarra avec celles de provenance Saltillo, recréant à l’envers la démarche du Conde de Santa Coloma, un siècle auparavant. Le ganadero vise par là à réunir la régularité des Buendía à la bravoure de premier tiers des Graciliano, tout en conservant les qualités de charge des Coquilla. Mais il avoue aussi le danger d’une telle opération : cumuler les défauts de chaque souche.
Implanté dans la province de Tolède, Adolfo Rodríguez a débuté en 1978 avec le bétail santacolomeño d’un de ses voisins : Victor Huertas. Mais les résultats ne le convinrent pas et en 1981, il s’essaye à nouveau avec des bêtes de Bernardino García Fonseca. Ce dernier détenait du vieux sang Santa Coloma-Saltillo de Argimiro Pérez-Tabernero, le Saltillo du Campo Charro. Là non plus, les résultats ne furent pas à la hauteur des exigences d’Adolfo et il élimina l’ensemble. Enfin presque car subsistait encore en 2009 une vache de cette origine, pure nostalgie, sans doute.
Les véritables débuts de la ganadería actuelle se firent avec la branche ibarreña des Santa Coloma et plus particulièrement la rame Coquilla qui constitua dans un premier temps le socle de son élevage. Paco Coquilla, éleveur du Campo Charro, avait acheté en 1916 un lot au Conde de Santa Coloma. Sa sélection orientée sur la souche ibarreña va donner à son bétail des caractéristiques bien particulières : petits, ramassés, peu armés mais dotés d’une âme de guerrier. Suite à de gros problèmes financiers, il laissa une partie de son bétail aux Sánchez Fabrès en 1934. Depuis, la famille Sánchez Fabrès préserve le sang Coquilla avec la plus grande fidélité à ses origines. En 1944, l’élevage des Sánchez Fabrès donna naissance à une autre devise, celle de Javier Sánchez Arjona (un parent). Elevé dans le même concept, ce fer est aujourd’hui un des fleurons de ce sang. Quoi de plus naturel alors que de se tourner vers ces deux élevages pour rassembler les meilleures origines Coquilla ? Ce fut, en tout cas, la démarche de Adolfo Rodríguez Montesinos qui de 1983 à 1991 acheta de nombreux lots de vaches et trois étalons, ‘Sonajero’ n°30 et n°60 et ‘Dadivoso’ n°31 à Javier Sánchez Arjona. Les deux hommes sont proches, leur confiance fut donc toute naturelle. Ainsi, Adolfo acquit des vaches de très bonnes notes, la période étant également favorable, puisque Javier Sánchez Arjona désirait alors réduire son nombre de bêtes pour faire de la place à ses Domecq. Durant cette période de structuration, Adolfo utilisa également deux étalons de Sánchez Fabrès : ‘Relucido’ n°74, pur Coquilla, et ‘Soberbio’ n°19, croisé Coquilla - Martínez Elizondo (Buendía). Mais ils n’eurent que peu d’importance et actuellement leur influence est pratiquement éteinte.
Cependant, notre ganadero ne désira pas se cantonner à une seule composante de l’encaste Santa Coloma, il choisit d’élargir son spectre et pour ce faire inséra des étalons d’origine Graciliano Pérez Tabernero, l’autre branche ibarreña du Santa Coloma.
Graciliano Pérez-Tabernero avait en 1920 acheté un lot de bêtes au Conde de Santa Coloma et comme son confrère, Paco Coquilla, les installe dans la finca familiale à l’ouest de Salamanque. De même origine que les Coquilla, les Graciliano n’en sont pas moins différents. Si l’âme rebelle reste une constante, le plumage est ici en corrélation avec le ramage, les toros de don Graciliano, forts et armés, étant connus comme les « Miuras de Castille ». D’abord associé avec son frère, Alipio Pérez-Tabernero va prendre son indépendance et poursuivre avec autant de succès mais dans une ligne plus douce. C’est aux descendants de ce dernier que Adolfo Rodríguez Montesinos va s’adresser pour acheter 4 étalons et inscrire les gènes Graciliano dans sa vacada. Ceux-ci ont pour nom : ‘Canastero’ n°7, ‘Huelgista’ n°1, ‘Jabato’ n°7 et ‘Tinarejillo’ n°15. Une fois bâti le socle ibarreño de son troupeau, Adolfo chercha à injecter des influences Saltillo et se tourna vers la branche Buendía.
Joaquin Buendía, basé au sud de Séville, avait succédé au Conde de Santa Coloma en 1932. Sa sélection s’orienta très vite sur l’ascendance Saltillo, définissant un toro à la morphologie réduite, noble avec un grand moteur, qui ravit les figuras. En 1964, les fils de Martínez Elizondo achètent un lot important à Joaquín Buendía et l’exportent sur leurs fincas de la province de Salamanque et de Badajoz. Là, les Martínez Flamarique inversent l’évolution imposée par Buendía et grandissent le type, les armures et l’agressivité de leurs toros. Pour arriver à de tels résultats, la sélection seule ne put leur suffire et ils utilisèrent des étalons de la rame Graciliano via les élevages de Juan Luis Fraile et Dionisio Rodríguez. Adolfo compléta ainsi sa palette Santa Coloma en achetant l’étalon, ‘Milagroso’ n°41 et un lot de vaches des deux devises des Martínez Flamarique : Martínez Elizondo et La Ermita. Dans l’élevage, l’origine Buendía tient aussi d’un étalon des héritiers de Felipe Bartolomé qui intervint lors des fondations. Felipe Bartolomé n’était autre que l’associé de Joaquín Buendía et possédait de fait une des plus pures origines Buendía qui soit.
Dès lors, les ascendances ibarreñas diminuèrent pour s’équilibrer avec les gènes Saltillo, puis leur laisser la place. D’autant plus que depuis, seuls des étalons d’origine Buendía furent utilisés et cette ligne a été renforcée depuis le début des années 2010 par l’apport de vaches de Flor de Jara. Actuellement la devise compte une origine majoritairement Buendía et une part mineure de Coquilla.
Elevages disposant de bêtes d'origine Adolfo Rodriguez Montesinos :
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