Francisco Galache de Hernandinos
Francisco Galache de Hernandinos

Galache. L’appellation renifle le Campo Charro et ses familles avec bien plus de méandres que n’en compte un fleuve tortueux. Paco Galache est le plus reconnu des éleveurs de la famille. Ses heures de gloire furent les années 1950 où son bétail était goûté avec grand plaisir par les figuras. Une réussite originale puisque les devises des Galache s’articulent toutes autour des deux encastes de la casa : les Urcola originaux et les Patas Blancas de la ligne Encinas.

Sans héritier, c’est son neveu Paco qui avait déjà hérité de la moitié des élevages de ses parents, Salustiano Galache et Teresa Calderón, qui reprit le fer. Cependant, l’époque dorée des années 1950 est bien loin et les Galache semblent plus aujourd’hui un patrimoine historique qu’un fer d’époque. Loin des rendez-vous d’importance, ils sortent le plus souvent en rejón. Mais « Hernandinos » vit toujours avec la même âme et la même passion du toro bravo.

Ancienneté : 16 Juin 1904
Devise : Vert et Grena
Signal : Horca à chaque oreille
Propriétaire : Francisco Galache Calderón
Gérant : Francisco Galache Calderón
Fincas : "Hernandinos"  Villavieja de Yeltes
   Unión de Criadores de Toros de Lidia





Crédits photographiques : Terre de Toros  

 

Félix Urcola était un banquier bilbaíno vivant à Séville, très aficionado et intime du torero « El Espartero ». Sa passion pour les toros le poussa à créer son propre élevage de bravos en 1902. Le 25 juin de cette année, il achète 214 vaches et 113 toros à José Antonio Adalid, soit la moitié de la ganadería de ce dernier. Les origines de cette vacada remontent au Conde de Vistahermosa par la branche du Barbero de Utrera, relayées par Arias de Saavedra et Nuñez del Prado, soit un sang antique. Basé sur le cortijo de Zahariche, sur les même cercados qu’occupent actuellement les Miura, Félix Urcola applique ses concepts, qui traduisent parfaitement ses origines basques puisqu’il avait la réputation d’élever des toros monstrueux. Il se présente à Madrid, le 16 juin 1904, lors de la Corrida de la Presse, avec une devise verte et grise. À la présentation des Urcola, il faut ajouter leur puissance qui fit toute leur renommée. De tels critères étaient faits pour plaire au public madrilène et du jour de leur présentation au décès de don Félix, il n’y eut pas une année sans que leur nom ne soit annoncé au cartel de la plaza madrilène.

Au décès de Félix Urcola (1918), la ganadería devient la propriété de Francisco Molina y Arias de Saavedra ; le bétail est alors transféré à Utrera sur le cortijo Zarracatín. Francisco garde le fer et inverse les couleurs de la devise pour se présenter à Madrid le 4 avril 1920. Durant la gouvernance de Francisco, un étalon du Conde de la Corte fut introduit, donnant d’excellents résultats et n’égratignant en rien la réputation « difficile » de la ganadería. Suit, en 1928, Eduardo Pagés, impresario taurin qui achète la devise pour rendre service au señor Molina sans jamais ambitionner de devenir ganadero, il la revend aussitôt, en 1930 au profit de José Maria Galache lui promettant au passage d’écouler toutes ses premières camadas dans ses arènes. Une promesse restée sans lendemain, comme de bien entendu. Débute alors un long voyage d’Andalousie vers le Campo Charro ; voyage qui durera plus d’un mois. Délaissé durant ces années de transition, l’état sanitaire du bétail n’était pas propice à un tel voyage et de nombreuses bêtes périrent.

Arrivée en terres charras, aux mains de la famille Galache, l’élevage entre dans une profonde mutation. Sánchez Mejías disait : « les toros ont la personnalité de leur ganadero » ; l’histoire de la vacada d’Urcola illustre parfaitement cette phrase, les toros « terrorifiques » de don Félix réservés aux toreros modestes, se transforment sous la gouverne des Galache en toros nobles du goût des figuras.
Si José Maria Galache se présente rapidement à Madrid le 13 avril 1930, cette mutation a pris du temps. Un des personnages clef dans l’évolution des Urcola fut Manolete. Le torero prit goût à la noblesse des Urcola de Galache et prit ses habitudes à « Hernandinos ». Manolete et les enfants de José Maria se prirent alors d’amitié, il se dit aussi que le torero eut une amourette avec sa fille Eusebia. Si bien que Camara, l’apoderado de Manolete demanda une course de Galache pour organiser un festival pour son torero, les résultats furent excellents. S’en suivit, l’année suivante, deux corridas toréées par le torero. Ses compagnons de cartel durent suivre et découvrirent avec surprise la noblesse des Galache. Même Marcial Lalanda qui refusait catégoriquement les Urcola de don Félix se laissa convaincre de les affronter et il n’eut pas à le regretter.

Mais avant de rencontrer le succès, José Maria Galache décède en 1938 et laisse son élevage à ses enfants Eusebia, Francisco et Salustiano. Ils s’annoncent « Señores hijos de don José Maria Galache ». Installés sur la finca de « Hernandinos » à Villavieja de Yeltes, ils doublent la ganadería d’un deuxième sang inscrit au nom de leur mère Caridad Cobaleda Marcos, veuve Galache. Il s’agit des fameux Patas Blancas de José Encinas qui avaient déjà très bonne réputation. Sous la direction des Galache, les Encinas vont eux aussi muter. Leur présence s’amenuisant et leur caractère tendant à une noblesse douce et allègre, relevée par une bravoure sans faille. Les toros ont la personnalité de leur ganadero, disait-il. Avec de tels attributs, l’élevage obtient un fort succès commercial. Les années 1940 et 1950 situent l’âge d’or de la devise : c’est avec un toro de Caridad que Luis Miguel Dominguín s’autoproclame « El número uno » ou encore qu’Antonio Ordóñez prend l’alternative. Toujours menés séparément du bétail Urcola, les vedettes de « la casa » sont désormais les Vega-Villar.

En 1953, le troupeau est partagé entre les trois frères et soeur, chaque part comprend du bétail des deux encastes et des fincas, le fer de leur mère sera vendu plus tard, en 1971 à Justo Nieto. Salustiano, le plus jeune, conserve le fer historique, comme il est de coutume dans la famille et s’installe sur une partie de la finca de « Campocerrado ». Eusebia prend l’autre partie de la finca et crée un nouveau fer aux initiales de sa mère. Francisco, quant à lui, garde la finca de « Hernandinos » et nomme son nouveau fer Francisco Galache de Hernandinos. Tradition oblige, comme ses frères et sœur, il maintient les deux encastes de la maison : Urcola et Vega-Villar. Il fera preuve d’une afición à toute épreuve et restera toute sa vie proche de ses Galache, même si à partir des années 1970, son bétail ne pouvant s’adapter à la demande du public de voir des toros lourds et armés, il dut se contenter d’occuper les seconds rôles.

Dans les années 1990, arrivé à un âge avancé, il ne peut plus s’occuper comme il se doit de l’élevage, les vaches ne sont plus systématiquement tientées et les résultats s’en ressentent. Francisco décède le 28 juin 2000, sans enfant. Il laisse son héritage à sa veuve Encarnita Angoso Catalina de la famille ganadera de « Villoria de Buenamadre (voir l’élevage de Angoso). Finalement, en 2004, l’élevage est partagé entre ses 4 neveux. Le fils de Eusebia, José Maria vend sa part à Victorino Martín. Sa sœur Caridad, elle, ajoute d’abord ce bétail à sa propre ganadería avant de s’en défaire en 2018 au profit de Victorino Martín et Antonio Ferrera. Manuel, le fils de Salustiano, reprend le fer de son père, tandis que son frère Francisco vend le fer de sa mère Maria Teresa Calderón qui devient Pedraza de Yeltes et récupère le fer de son oncle ainsi que la propriété de « Hernandinos ».
Francisco Galache Calderón que tout le monde appelle Paco, entretient d’étroites relations avec son frère Manuel et ils opèrent des rafraîchissements mutuels. Depuis sa reprise en main de l’élevage, il a procédé à un important travail de sélection éliminant de nombreuses vaches pour arriver à un troupeau de 150 vaches de Vega-Villar et seulement 70 de Urcola. Désormais cantonnée aux arènes de troisième catégorie, l’illustre devise fait courir deux lots par an et continue de préserver un trésor génétique et c’est bien là l’essentiel.

 


Au cours d'une tertulia, José Vega exposa son idéal en matière de toro de lidia : un mélange des caractéristiques du toro vazqueño et du Santa Coloma. Des mots aux actes, il n'y a parfois qu'un pas, si bien qu'il tenta l'aventure. Il choisit scrupuleusement 40 vaches au Duc de Veragua et un étalon d'origine Saltillo de couleur negro au Conde de Santa Coloma, et entreprit le croisement.
La filiation de "l'idée" de Pepe Vega, ce sont les frères Vega qui vont l'étalonner et la formater. Le Vega-Villar est un toro berrendo, mélange de deux couleurs, dans une large plage chromatique, des negros, des cárdenos mais aussi des colorados et des jaboneros. Ils présentent de nombreuses tâches sur tout le corps et possèdent souvent le bout des pattes blanches, d’où leur surnom populaire de « Patas Blancas ». Une diversité de robes qui tient à l'influence du sang Veragua. Mais il semblerait que ce soit le sang Santa Coloma qui ait pris le dessus dans le mélange des deux races, apportant une morphologie réduite et un caractère pimenté.
Par la suite, les deux frères Villar vont se séparer et donner naissance à deux branches. D’un côté Arturo Sánchez Cobaleda va opter pour un toro imposant et très armé avec une influence forte de la caste vazqueña, de l’autre la branche commencée par José Encinas, relayée plus tard par la famille Galache, aboutit à un toro autre, modeste, au physique très Santa Coloma et à la « douce bravoure » .

Outre les différences, il est à noter que la branche Encinas-Galache dut repartir en 1932 d’un nombre restreint de bêtes (50 vaches et 2 étalons). En effet, à cette date, José Encinas, pris au milieu de difficultés financières, fut contraint de vendre à Esteban Hernández l’ensemble de la ganadería se gardant seulement une cinquantaine de vaches. La chance ne fut pas du côté de Esteban Hernández puisqu’il hérita d’une ganadería mort-née, si l’on peut dire, ravagée dès le début de la Guerre civile (1936-1939), soit seulement quatre ans après avoir débuté. Ne restait plus de cette branche des Vega-Villar que les quelques bêtes conservées par José Encinas. La taille de la vacada explique sans nul doute la facilité avec laquelle la famille Galache va fixer ses caractéristiques.


Elevages disposant de bêtes d'origine Francisco Galache de Hernandinos :

 


L’Urcola est une caste antique et aujourd’hui bien rare. Issu du Conde de Vistahermosa mais mené de façon indépendante depuis plus d’un siècle, on pourrait imaginer le toro d’Urcola comme très différent des Parladé actuels. Pourtant l’Urcola apparaît comme un cousin du Parladé, partageant avec lui de nombreuses caractéristiques. Plus encore celui de la famille Galache qui sut le modeler à son goût et le faire correspondre au besoin du toreo des années 1950. Pourtant, le toro d’Urcola ne fut pas toujours semblable à ses congénères. Déclinons en trois temps l’histoire de ce sang si particulier : l’avant Félix Urcola, la création de l’encaste et enfin le rénovation des Galache.

De l’élevage du Conde de Vistahermosa dérivent cinq branches, deux d’entre elles étant à l’origine de la quasi-intégralité de la cabaña brava actuelle. La première, celle de Salvador Varea, va donner naissance aux Murube, mais ce n’est qu’après une forte injection de Arias de Saavedra, soit de la deuxième ligne de Vistahermosa, que l’élevage acquit toute sa réputation. Des Murube dérivent ensuite Ibarra, Parladé et le Conde de la Corte, soit la majeure partie des toros actuels. La deuxième lignée est créée par le Barbero de Utrera et poursuivie par Arias de Saaavedra. À la suite de la vente d’une grande partie de la vacada à la veuve Murube, la famille Nuñez del Prado récupère le reste du bétail, pour atterrir en 1890 entre les mains de José Antonio Adalid, auquel Félix Urcola achète la moitié de l’élevage en 1902, soit 214 vaches et 113 toros.

Félix Urcola était un banquier bilbaíno installé à Séville. Grand, gros, il s’agissait d’un homme imposant d’une grande rigueur et très vantard. Il fut un ganadero scrupuleux, donnant tout le soin nécessaire à son bétail, cherchant l’élite au travers de sa sélection. La fine fleur en matière de présentation avec des toros à son image, monumentaux et très armés. De même sur le plan du caractère, où la puissance était une des grandes vertus des toros de don Félix. Au cortijo de Zahariche, là où il élevait ses toros, on pouvait voir un azulejo représentant un toro soulevant dans le ciel un cheval de picador, sous lequel était écrit : « Ainsi poussent les toros de Urcola ». Don Félix se plaisait à dire que ses toros allaient en terminer de tous les coletudos. Durs de pattes et très nerveux, ils étaient « terrorifiques » et portaient haut leur réputation. Pour imaginer leur renommée, « Joselito », máxima figura de l’époque n’en affronta que 16, alors qu’il mit à mort : 131 Murube, 79 Parladé / Gamero-Cívico ou 106 Santa Coloma. Il faut dire aussi que le personnage était loin de faire l’unanimité, ses vantardises répétées agaçant les taurinos et la violence de ces toros les toreros.

À partir de 1930, la ganadería s’installe en terres charras sous la gouverne de José Maria Galache. La climatologie et la géographie changent un élevage de bravos mais plus encore que ces facteurs « naturels », l’homme en est le véritable architecte. En déclinant sa pensée au travers de sa sélection, il module et sculpte le toro de ses songes. Ainsi, les toros monstrueux et poderosos de don Félix vont-ils devenir les toros bonitos y bonbones de don Paco, le fils de José Maria Galache. Sans concession sur la bravoure, la famille Galache va parvenir à créer un toro noble en parfaite adéquation avec la tauromachie moderne. Les années 1940 et 1950 situent l’âge d’or de la devise, la ganadería obtenant de beaux succès jusqu'à l’aube des années 1970, où l’accroissement du volume du toro de lidia précipita sa chute. Depuis, les toros d’Urcola des Galache, trop légers et modestes, ne trouvent plus leur place dans nos ruedos.


Elevages disposant de bêtes d'origine Francisco Galache de Hernandinos :

 
 


Morphologie
 

Plus haut que les autres Vega-Villar, et notamment son cousin Barcial, le Galache est un toro « bonito », comme il se dit. La distinction est d’autant plus flagrante que ses lignes fines et ses armures plutôt modestes lui confèrent un ensemble harmonieux, moins « basto », mais aussi moins puissant et moins impressionnant. Chato (tête courte), le front et le museau sont larges, les yeux grands et la papada discrète. Le cou est de longueur moyenne, la ligne dorso-lombaire droite, voire légèrement ensellée, la croupe forte et ronde et la queue fine. La robe caractéristique est le berrendo. En negro, comme la plupart des toros de cet encaste mais il existe aussi un très grand nombre de toros berrendos en colorado, pelage beaucoup moins courant. De nombreux accidents, ou tâches, pimentent leur robe, les plus fréquents étant le girón, lucero, estrellado, facado, careto, bragado, meano, corrido, axiblanco, aldiblanco, calcetero, calzón, coliblanco et rebarbo ; rien que ça…


Comportement

En piste, le toro de Galache place ses atouts dans sa noblesse. Cette maniabilité exceptionnelle est agrémentée d’une charge exquise, à la fois douce et « propre » qui ravit bien entendu les toreros. Lorsque par bonheur vient s’y ajouter la bravoure qui leur est coutumière, leur moteur ne cesse de tourner, devenant un toro propice au triomphe. L’idéal ? Non, il manque encore un ingrédient et non des moindres, l’essence même du toro : la caste. Et s’il existe un reproche à faire aux toros de la casa, c’est d’en manquer trop souvent. La sélection les a conduits également à manquer de force, ce qui n’est pas pour aider la carence de caste. Mais lorsque la caste pointe son nez, elle transforme leur alegría naturelle et repousse aux oubliettes leur fadeur pour promouvoir une noblesse piquante irrésistible.

 
 


Morphologie
 

Comme son homologue Vega-Villar, l’Urcola de la famille Galache est un toro « bonito ». D’un gabarit modeste, plutôt bas, il s’agit d’un toro léger. Le tiers antérieur est beaucoup plus fort que la partie arrière, ce qui lui donne une forme triangulaire. Le poitrail est profond et les pattes courtes et larges, donnant un toro compact. De peu de papada, l’Urcola des Galache possède un ventre beaucoup moins en barrique que ses frères de race, affinant ainsi sa silhouette.
Le cou est court et pourvu d’une grande tête profonde, dessinant un profil droit avec un museau large. Doté de grands yeux, les cornes sont grosses et rarement astifinas.
Côté chromatique, le negro est majoritaire avec une forte présence de colorados et de quelques castaños.


Comportement

En piste, l’Urcola de la famille Galache est un toro foncièrement brave. D’une grande fiereza, il développe généralement du piquant. Malheureusement, le manque de force vient trop souvent gâcher ses sorties, favorisant le développement de sentido.

 

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