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Eugène Cuillé, originaire des envions de Nîmes, s’installe en 1950 sur le domaine du Grand Badon, un Mas situé entre le Rhône et les étangs, au nord de Salins-de-Giraud. Eugène est agriculteur et trouve là un lieu idéal pour la culture du riz. La propriété voisine des Marquises, travaillé par la famille Laurent, donne quant à elle dans l’élevage et mène un des élevages camarguais les plus illustres. Eugène Cuillé et Paul Laurent vont rapidement se lier d’amitié et les deux familles tissent des liens forts. C’est tout naturellement que les enfants Laurent et Cuillé s’entremêlent dès leur plu jeune âge et les Laurent transmettent aux quatre enfants Cuillé : Françoise, Philippe, Jean-Pierre et Bertrand leur passion pour l’élevage des taureaux et des chevaux camarguais. Eugène n’aura d’autre choix que d’héberger un mini troupeau de vaches camargues acquis au compte-goutte auprès de son ami. Au début des années 1970, la manade est officialisée et nommée “Cuillé Frères et Soeur”, elle remportera son premier “Biou d’or” en 1981 avec “Rousset”, un trophée qu’elle a depuis remporté à six reprises.
Dans les année 1990, les enfants Cuillé se partagent la succession. Jean-Pierre poursuit avec les taureaux camarguais qu’il transfère dans la ferme familiale “Les Pavillons” à Générac, tandis que Philippe reste au Grand Badon. Pas question pour lui de délaisser l’élevage mais il va se lancer dans un autre type de bovin, celui du toro de lidia espagnol. En 1994 débute une nouvelle aventure avec une vingtaine de vaches acquises auprès de Iñigo Sánchez de Urbina propriétaire de la devise de Sepúlveda de Yeltes. Le jeune élevage sort principalement en novilladas sans picador et égrène quelques novillos en novillada piquée. Les résultats sont irréguliers comme pour tous ceux qui disposent de peu de vaches. Philippe désire étoffer son troupeau et repart au Campo Charro en 2007. Cette fois, il se tourne vers Mariano Vicente Muñoz représentant du fer de Ana Isabel Vicente García. L’élevage possède deux rames, une de sang Nuñez et l’autre de sang Lisardo Sánchez via Los Bayones. Philippe Cuillé se porte acquéreur de l’intégralité de la branche Lisardo Sánchez, soit 74 vaches et 3 étalons. Le troupeau de la ganadería de Cuillé dispose désormais d’une génétique et d’un nombre de bêtes suffisant pour permettre à son ganadero de sculpter son toro. Malheureusement deux cas de tuberculose décelés sur des vaches de Ana Isabel Vicente conduiront le troupeau à l’abattoir.
Philippe Cuillé n’était pas exclusivement un ganadero. Il officiait également dans l’organisation et l’apoderamiento. Cependant, délaisser l’élevage était inenvisageable. Il repart alors une nouvelle fois dans le Campo Charro où il fait affaire avec Pedro Ibán Castro, administrateur de la devise de Miranda de Pericalvo. Point d’origine Atanasio Fernández ici, mais du Domecq qui découle des grandes lignes de l’encaste : Jandilla, Zalduendo, Daniel Ruiz, El Torréon et José Luis Marca. En janvier 2010, presqu’un an jour pour jour après s’être défait de son troupeau initial, 37 vaches pleines débarquent au grand Badon. Une majeure partie des vaches est d’origine Daniel Ruiz, mais l’ouverture génétique est forte. Pour ouvrir encore l’éventail génétique un nouvel étalon sera loué chaque année durant cinq ans et un autre lot de vaches déjà tientées sera ajouté.
La première sortie complète fut à Samadet en 2015, et dès 2016, la ganadería obtient la consécration de l’indulto à Alès avec le novillo ‘Tibialuz’. L’objectif de Philippe Cuillé était de constituer un troupeau d’environ 150 vaches. Mais un cancer fulgurant viendra bouleverser ses plans. Décédé le 16 février 2017, il laisse à sa veuve Dominique et à ses enfants un héritage peu commun.
Dominique Cuillé, l’épouse de Philippe, était médecin et suivait le monde des toros de très loin. Si les toros ne sont pas une passion pour elle, elle sait comme son défunt mari les aimait et elle se fait un devoir de poursuivre son aventure. Pour lui. Émouvante, son discours simple respire l’amour. En quelque sorte un amour des toros par transposition. Sa prise de pouvoir fut très compliquée. Avisée et intelligente, elle comprend rapidement que le monde taurin n’est pas un monde bienveillant, surtout pour une femme. Qu’importe, si elle ne peut compter sur tout le monde, la famille répond présente et Vincent, le neveu de Philippe l’aide énormément. Dominique Cuillé et ses enfants ont choisi de poursuivre en hommage à Philippe Cuillé, souhaitons-leur de réussir.
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