Hubert Yonnet
Hubert Yonnet

La famille Yonnet est la doyenne des familles d'éleveurs de toros de combat français. Depuis 1859, elle élève des toros avec l’ambition de concourir avec les plus prestigieuses devises espagnoles. Son histoire se décompose en deux parties, l'avant et l'après Hubert Yonnet. Véritable pionnière, la devise des Yonnet mit un siècle pour se rôder. Un siècle pour passer d'un mélange des castes fondamentales, certes prestigieuses mais dont l'amalgame et la qualité restaient à prouver, à un sang pur espagnol. La transition, c'est Hubert Yonnet qui l’a menée. Amenant la première devise française, celle de la première importation de sang espagnol, celle des premières tientas, à la première ganadería française à lidier des toros en Espagne et à se présenter à Madrid !
Depuis, elle a su conserver son rang de numéro un et continue de mener le peloton des élevages français, où la concurrence est chaque temporada plus rude. Suite au décès d’Hubert Yonnet en 2014, le fer passe un moment délicat et c’est désormais sa petit-fille, Charlotte Yonnet, qui gère les deux fers de la famille.

Ancienneté : 4 Août 1991
Devise : Vert et Blanc
Signal : Eperon supérieur à chaque oreille
Propriétaire : Hubert Yonnet
Gérant : Hubert Yonnet
Fincas : "La Belugo"  Salin de Giraud
   Association des Eleveurs Français de Taureaux de Combat





Crédits photographiques : Terre de Toros  

 

Tout débute en 1859, lorsque le patriarche Joseph Yonnet achète une partie du cheptel de Saint Clair de Laborde, composé de bêtes de pure race camarguaise. Mais les ambitions de Joseph vont au-delà de sa propre Camargue et en 1869 l'homme part en Navarre pour ramener du sang espagnol. À partir de ses premières expériences, il effectue d'autres croisements avec des toros espagnols parmi lesquels se détachent les noms de Carriquiri, Miura, Veragua, Flores, Ripamillán et Zalduendo. Inutile de détailler au-delà, je vous renvoie pour ce faire à l'excellent ouvrage de Pierre Dupuy "Histoire de l'élevage du toro de corrida en France", où tout est dit ou presque.
En 1894, au décès de Joseph, ses deux fils, Valentin et Christophe, lui succèdent à la tête de l'élevage, tandis que sa fille Thérèse Gabrielle, récupère sa part de l'héritage pour l'incorporer au troupeau de son époux Louis Dijol, installé à "La Belugo". Sur les traces de leur père, Valentin et Christophe continuent à introduire du sang espagnol par l'intermédiaire de la caste navarraise. En 1912, suite au décès de Christophe, Valentin se retrouve seul à la tête de la manade. En 1917, il est contraint de se séparer de l'élevage au profit de la Compagnie Alais, Forges et Camargue (AFC) qui l'annonce "Manade AFC ex-Yonnet". Cette compagnie n'est autre que la compagnie Pechiney des Salins-de-Giraud qui maintiendra l'élevage jusqu'en 1937, date à laquelle Christophe Yonnet récupère les rênes. Durant la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945), le troupeau subit de nombreux déménagements pour finir en 1945 à "La Belugo", Mas que les Yonnet ne quitteront plus.

En 1948, Christophe Yonnet innove et effectue la première tienta jamais réalisée en France. L'épreuve lui permet d’étalonner sa devise en profondeur et de faire un bilan complet de presque un siècle d'élevage. Regarder la vérité en face est parfois cruel mais primordial pour s'améliorer. Ainsi, aux vues des résultats peu satisfaisants de la tienta, Christophe Yonnet prend conscience de la nécessité de revenir à des origines pures. Deux ans plus tard, Conchita Cintrón souhaite se défaire de son élevage d'origine Pinto Barreiros. Christophe saisit l'opportunité et ramène en deux fois une partie du troupeau de l'ex rejoneadora, pour un total d’une soixantaine de bêtes. La lignée Pinto Barreiros est maintenue séparément des croisés Camargue - Espagnol.

En 1956, Hubert Yonnet succède à son père à la tête de l'élevage. Débute alors la seconde aire de la ganadería Yonnet, initiée en 1948. Son premier choix fut de se défaire de toutes les bêtes "croisées" pour concentrer son attention sur le sang pur espagnol. Choix judicieux, puisque la qualité du bétail croît peu à peu, les succès ne tardent pas à s'enchaîner. Un des faits les plus marquants de l’histoire de la ganadería fut la lidia du novillo ‘Montenegro’ en 1981 à Saint-Sever. Il prit 7 piques et quarante ans après, on parle encore de lui avec les plus grands honneurs. Sans le moindre doute, si ‘Montenegro’ venait à sortir en piste de nos jours, il serait grâcié et, pour une fois, à juste titre. Au fil des ans, la réputation de la devise grandit, passant même la frontière. Les Yonnet se présentent en Espagne, dans les arènes de Barcelone le 21 juin 1987, puis obtiennent la consécration le 4 août 1991, où ils se présentent à Madrid et obtiennent leur ancienneté, une première pour un élevage français. Outre cet honneur, la devise d’Hubert Yonnet eut la gloire de présenter d’autres toros extraordinaires. Parmi eux, ‘Pescaluno’ occupe une place de choix. Lidié à Lunel en 2002, son comportement fut si exemplaire (4 piques) qu’on lui accorda la grâce. 2010 verra un autre événement d’importance, la lidia d’une corrida lors de la feria on ne peut plus torista de Cenicientos. L’annonce avait suscité une grande illusion pour l’afición française et le déplacement des Yonnet fut très suivi. La déception n’en fut que plus grande, car ce jour-là les toros d’Hubert Yonnet ne se sont pas montrés sous leur meilleur jour. Mais l’histoire était belle et valait d’être vécue, même si tout le monde aurait préféré un final plus heureux.
En 2014 Hubert Yonnet décède et l’élevage commence à perdre de son aura. Mais la famille compte parmi elles d’autres amoureux des toros bravos et il se pourrait bien que l’aventure ne s'arrête pas là.

 


Le sang métissé des premiers toros de Yonnet, un complexe assemblage des castes camarguaise et espagnole appartient depuis un demi-siècle au passé. Hubert Yonnet ayant envoyé l'ensemble de ce cheptel au matadero à son arrivée à la tête de la manade. Le dernier toro des anciens Yonnet fut lidié à Châteaurenard en 1959.
En 1956, Hubert choisit donc de ne conserver que la nouvelle lignée créée en 1948 par son père Christophe. De pure origine espagnole bien que provenant du Portugal, la nouvelle souche est d'origine Pinto Barreiros.

José Lacerda y Pinto Barreiros avait assemblé en 1925, des vaches de Felix Súarez (Santa Coloma) et un étalon du Conde de la Corte à l'élevage de Diego de Guerrita (origine Gamero Cívico). Par ce mélange original, José Lacerda crée un toro à large dominante Gamero Cívico, soit un Parladé rustique, fidèle à ses origines primitives, qui va obtenir un fort succès au point de faire de la devise un encaste. Cette nouvelle race se propage plus particulièrement au Portugal où elle devient la référence.
Ainsi l'ex rejoneadora Conchita Cintrón imite de nombreux ganaderos lusitaniens et crée sa devise en 1946 à partir d'un petit lot, 22 vaches et l'étalon ‘Verdadero’ de Pinto Barreiros. Au début des années 1950, elle cherche à liquider son affaire, c'est alors que Christophe Yonnet saisit l'occasion et achète 32 vaches, deux étalons et 18 novillos en 1950. Il récidive l'année suivante avec l'achat de 6 toros, tandis que Conchita Cintrón, "rend" son bétail à José Lacerda.

Depuis plus d'un demi-siècle, la famille Yonnet élève dans la superbe Camargue ses Pinto Barreiros. Autant dire que l'évolution, la terre et la sélection ont grandement contribué à différencier l'actuel Yonnet de son ancêtre portugais. Il faut aussi dire que d’autres étalons d’origine Domecq introduits au fur et à mesure des sélections de Hubert Yonnet ont également contribué à l’évolution du type. Mais cet amalgame de sang, fait par le même homme et dans la continuité, n'a pas dénaturé le toro de Yonnet, qui garde un type bien particulier à la morphologie fine et athlétique nourrie par les herbes de la Crau.


Elevages disposant de bêtes d'origine Hubert Yonnet :

 

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