Cebada Gago
Cebada Gago

La famille Cebada forge depuis près de soixante ans les deux castes modernes du toro andalou : Juan Pedro Domecq et Carlos Nuñez. Le résultat est un toro atypique, en ce sens qu'il est issu des deux castes préférées des toreros mais qu'il est aujourd'hui, à coup sûr, l’un des plus redoutés. L’illustration parfaite que c'est la sélection qui fait une ganadería et non seulement ses origines.
S'il est craint des toreros, il est aussi un des élevages préférés des aficionados. Son toro athlétique, fin, léger, mobile, porte à coup sûr l'émotion en piste. Avec lui, le toro de lidia revient au fondamental : le combat. Bien que souffrant d'une forte irrégularité, les Cebaítas ont triomphé dans toutes les grandes arènes, remportant les trophées les plus prestigieux. Un des rares à unir Séville et Bilbao. Malgré ces bonnes performances, le nombre de sorties a considérablement diminué ces dernières années. La camada qui comptait dans les années 2000 une soixantaine de toros est passée depuis 2016 sous la barre des vingt toros. Une baisse que l’on ne peut que regretter.

Ancienneté : 28 Juillet 1946
Devise : Colorada y Verde
Signal : Zarcillo à chaque oreille
Propriétaire : Hros. de Cebada Gago, S.L.
Gérant : Salvador et José García Cebada
Fincas : "Pozo del Guardia" - "Las Ventillas"  Alcala de los Gazules"Corteganilla"  Jerez de la Frontera"La Zorrea"  Medina Sidonia"El Pino"  Paterna de Rivera
   Unión de Criadores de Toros de Lidia





Crédits photographiques : Terre de Toros - Terre de Toros  

 

Pour dérouler l'historique de la ganadería de Cebada Gago, il convient de remonter en 1924, date de la création de l'élevage de Juan Belmonte. Le célèbre torero achète alors deux élevages. Celui du poète Fernando Villalón et le tiers de la ganadería de don Antonio Campos Fuente nommée "Campos Varela". Mais, c’est dans une troisième et dernière acquisition que le torero-ganadero trouvera la base génétique de sa ganadería, précisément en la personne de Luis Gamero Cívico.
Juan n’est pas avare. Durant sa carrière de ganadero, il vendra de nombreux lots de bétail, dotant sa devise d'une importante filiation. Pourtant, celle-ci reste uniquement historique, puisqu’aucun éleveur ne conservera les origines léguées par le fondateur de la tauromachie moderne.

Le personnage qui nous intéresse ici est Leopoldo Sáinz de la Maza y Gutiérrez-Solana qui se procure un lot de bêtes de Juan Belmonte en 1935. Il dessine un nouveau fer, mêlant ses initiales, un L et un M, le tout couronné, avant de passer la main à sa fille Cristina de la Maza y Falco. La ganadera ajoute en 1940 des vaches de Gallardo et deux étalons de Juan Belmonte. Conservant l’origine Gamero Cívico, ou du moins Parladé, elle remplace le fer par l’actuel en 1945. Le fer original du père fut récupéré plus tard, en 1953, par son frère Leopoldo plus connu sous le nom du Conde de la Maza.

Revenons à Cristina qui se défait de son élevage en 1960, au profit de José Cebada Gago. Cet achat marque l’arrivée de la famille Cebada dans le monde des éleveurs de toros bravos, mais il faut remonter à 1940 pour connaître le début de l’aventure.
À son retour de la Guerre civile (1936-1939), Salvador García Cebada, âgé d’une vingtaine d’années, rejoint l’affaire de son oncle José Cebada Gago qui détient un élevage de mansos de race Palurdo, une race de vaches autochtone vivant dans la Marisma du Guadaquivir. Installé à Paterna de Rivera sur les fincas de "Arroyo Hierro" y "Los Arquillos », ils y pratiquent l’acoso y derribo et reçoivent régulièrement un visiteur de choix en la personne de Juan Belmonte. Au fils des ans la relation entre Juan et Salavador s’étoffe jusqu’à échanger un cheval contre 3 vaches et un étalon de l’élevage de l’ex-torero. Salvador met alors l’étalon nommé ‘Tormento’ sur les 3 vaches et quelques autres mansas qu’il choisit parmi les plus agressives et commence à vendre du bétail pour les capeas et spectacles sans picador. La nouvelle affaire de Salvador fonctionne bien et surtout le passionne. Il souhaite alors passer un cap, rend l’étalon à Juan Belmonte et lui en achète un autre qu’il place avec 36 vaches achetées à Carlos Nuñez. Salvador ne procède à aucune tienta et l’élevage grandit rapidement pour atteindre une centaine de têtes. Pour marquer ce bétail, José Cebada Gago offre en 1957 à son neveu Salvador, qui est devenu entre-temps son gendre, un fer du second groupe. Le dessin est une cloche et l’élevage est inscrit naturellement au nom de Salvador García Cebada.
Le bétail brave devient plus lucratif que les mansos, alors José Cebada Gago décide de franchir une étape et achète l’élevage de Cristina de la Maza y Falco. À cette époque, il n’était pas possible d’inscrire deux élevages au même nom, l’élevage de première est donc inscrit au nom de José Cebada Gago, même si le ganadero est sans nul doute Salvador. Les 15O bêtes du fer de Maza y Falco seront toutes re-tientées mais aucune ne sera conservée. Salvador tiente alors tout son bétail brave, ce qu’il n’avait jamais fait jusqu’alors. Il re-tiente également les vaches de Carlos Nuñez et parque le bétail approuvé à « La Zorrera » une finca voisine située à Medina-Sidonia, acquise expressément pour son nouvel élevage brave.
Salvador García Cebada est proche d’Alvaro Domecq y Díez, son voisin et ami, qui débute sa carrière en même temps que lui et par lequel il arrivera à faire sortir de « Jandilla », la finca des Domecq y Díez, du bétail de choix. Ensemble, ils achètent aux frères de Alvaro un lot d’une soixantaine de vaches qu’ils se partagent. Salvador mélange alors les deux encastes, en laissant l'avantage au sang Nuñez. Au cours des années 1980, il consolide cette origine en effectuant de nombreux échanges avec son ami Alvaro Domecq, propriétaire de Torrestrella.

À partir des années 1970 la devise de Cebada Gago rencontre un franc succès et les figuras n’hésitent pas à les affronter. Le Cebaíta, comme on le surnomme, est un toro bien particulier, athlétique, mobile et racé. Mais à partir des années 1990, le haut de l’escalafón émet des réticences à affronter les Cebaítas, pour finir par les éviter catégoriquement. Les arènes du Nord et de France deviennent le principal débouché de l’élevage, bien que Séville reste une place forte de la devise. Pourtant, à « La Zorrera », rien n’a changé, on pratique toujours la même sélection en recherchant caste et bravoure sans compromis. Décédé en 2012, Salvador avait laissé la main à ses deux fils, Salvador et José au début des années 2000. Fidèles, ils poursuivent la ligne directrice de leur père et préservent toute la réputation de leurs toros, appréciés des aficionados et méprisés des toreros.

 


L'élevage de Cebada Gago présente un savant mélange des races Domecq et Nuñez, dominé par le Nuñez. Les deux encastes sont, il est vrai, indissociables mais l'influence Nuñez reste prédominante.

Tout débute réellement en 1960, lorsque Salvador García Cebada crée son élevage de première inscrit au nom de son oncle et beau-père José Cebada Gago. Aux 36 vaches achetées auparavant à Carlos Nuñez, la maison mère de l’encaste, il incorpore du bétail de Juan Pedro Domecq y Díez (38 vaches). Si tous les annuaires taurins annoncent que le bétail inséré provient de "Jandilla", il convient de préciser qu’il s’agit là de la finca et non de l’élevage du même nom qui n’était pas encore créé. Le lot comptabilisait une trentaine de vaches qui venaient d’une part acquise en commun avec son ami Alvaro Domecq y Díez.
Ensuite des étalons du fer de Rincón, soit de la famille Nuñez, furent introduits. Parmi eux le plus important fut ‘Fiscal’ n° 265, véritable père de l’élevage dont nombreux des fils furent à leur tour étalons.
Au cours des années 1980, Salvador consolide l'origine Nuñez-Domecq en effectuant de nombreux échanges avec son voisin Alvaro Domecq. Le bétail de Torrestrella étant lui aussi un mélange des deux castes, pimenté par quelques gouttes de race vazqueña qui donneront une belle variété de robes aux Cebaítas. Salvador prit soin de choisir des étalons du fer de Torrestrella à l’ascendance Nuñez, on retiendra plus particulièrement ‘Chicharro', ‘Desganado’ et ‘Cochambroso’. À partir de cette base Nuñez-Domecq sortirent les étalons de la casa qui ont marqué les fondations de l’élevage comme ‘Ajustador’ n° 11, fils de ‘Fiscal’ et d’une vache Juan Pedro, ‘Chiclanero' n° 21, fils de ‘Chicharro' du fer de Torrestrella, ou encore ‘Bolero' et ‘Elegante'.
Depuis, les origines sont restées inchangées à l’exception de quelques rafraîchissements de sang, comme ces dernières années avec un étalon de Nuñez del Cuvillo et un autre de Torrealta.

Toujours est-il que Salvador García Cebada va construire à partir du classique mélange Domecq - Nuñez et de sa conception de la bravoure, un toro bien particulier. Le dosage des deux castes comme tout mélange génétique n'est pas équipotent. Ici, le sang Nuñez a pris l'ascendant. On le dénote, entre autres, aux cornes fines et acérées de ces toros ou à leurs lignes ensellées. Au fil des ans, la sélection extrêmement exigeante de Salvador et de ses fils a imprégné les gènes de son bétail, pour aboutir à un morphotype caractéristique, agrémenté d'une caste vive. Comportement et physique très particuliers, qui vont faire de Cebada Gago un encaste à part entière.


Elevages d'origine Cebada Gago :


Elevages disposant de bêtes d'origine Cebada Gago :

 
 


Morphologie
 

Le toro de Cebada Gago est conforme à l’idéologie des ganaderos, un toro très sérieux et de grand trapío. Bas, long, léger, il possède de la tête et un long cou. Les cornes sont astifinas, caractéristiques de la caste Nuñez.
Les robes sont très variées, la ganadería présente pratiquement tous les pelages excepté le berrendo et le jabonero. Ce dernier aurait pu également faire son apparition, puisqu’un étalon jabonero de Torrealta fut acheté en 2005, mais les résultats furent peu probants.


Comportement

Au campo, le toro de Cebada Gago est noble, toutes les manipulations se font généralement sans difficultés. Les bagarres ne sont pas occasionnelles mais il est rare qu’ils se tuent.
Dans la plaza, c’est tout le contraire, très agressif et brave, il oblige le torero à penser devant lui. Sa caste et sa mobilité féline garantissent l'émotion. Rarement le Cebada Gago engendre l'ennui du public.

 
 

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