Sous l’appellation récente et peu conventionnelle de “La Purísima” se cache l’expansionnisme de la famille Baillères, dont il s’agit de la dernière acquisition. Aussi discrets soient-ils, les Baillères n’ont plus besoin d’être présentés. La tauromachie n’est qu’une facette de leur empire, celle de la passion, héritée du patriarche Alberto Baillères Chávez.

L’homme débute ses affaires au début du XXème siècle, dans un Mexique en reconstruction. Les infrastructures sont vieillissantes, les capitaux rares, mais Alberto n’hésite pas à investir dans les exploitations minières. Une audace qui s’avère payante. Dans son expansion, il n’oublie pas sa passion et s’offre en 1934 son premier élevage de toros avec la création de la devise de Begoña. Dans les années 1950, l’arrivée de son fils à ses côtés accélère la dynamique familiale. Après avoir pris le contrôle de la société Peñoles, alors en difficulté, il développe les gisements miniers – notamment d’argent – qui deviendront le socle financier de son empire. Celui-ci s’étendra bientôt aux assurances, à la finance, à l’immobilier et à l’éducation. Comme son père, Alberto Baillères González reste fidèle à ses passions. En 1972, il rachète l’élevage de San Miguel de Mimiahuapam, qu’il dédouble en créant la devise de Santa Teresa. Avec trois élevages de toros, sa réussite au Mexique est incontestable. Tandis que Peñoles devient l’un des plus grands producteurs mondiaux d’argent, Alberto se lance à la conquête de l’Europe taurine. En 2012, il franchit une nouvelle étape en devenant propriétaire de l’élevage mexicain San Martín, acquis auprès des héritiers de Pepe Chafick. Cette opération renforce encore son influence dans le monde taurin mexicain.
En 2014, il rachète rien de moins que l’élevage de Zalduendo, alors propriété de Fernando Domecq. Cette acquisition le propulse sur le devant de la scène. L’année suivante, il crée la FIT (Fusion Internacional por la Tauromaquia), une initiative visant à instaurer une coopération internationale pour protéger, renforcer et promouvoir la tauromachie. Mais le monde taurin n’a jamais excellé dans l’union de ses forces, et le projet perd peu à peu de son ambition. Sans se décourager, Alberto réalise en 2021 sa dernière acquisition : la ganadería “La Purísima”, avant de s’éteindre l’année suivante.

L’achat de l’élevage des héritiers d’Alicio Tabernero Hernández cible principalement le fer créé en 1941 par Vicente Charro. Côté bétail, les Vega-Villar ont disparu, remplacés par des Domecq classiques issus de Núñez del Cuvillo. On imagine aisément que la transaction s’est conclue à prix d’or. Aujourd’hui, Juan Pablo Baillères, fils d’Alberto, qui le secondait depuis plusieurs années, dirige l’ensemble de l’empire taurin familial. Fidèle à la continuité, il a positionné dès 2025 son nouveau fer “La Purísima” dans de grandes arènes, pour l’instant en novillada.