Toros de Gerardo Ortega
Toros de Gerardo Ortega

L’élevage de Gerardo Ortega Rodríguez n’est pas un Domecq de plus. Ici, la personnalité aux diverses facettes de Gerardo tranche avec les habitudes lissées du mundillo andalou. Pas de palace mais un campo rustique et bien soigné où Gerardo vit dans la solitude. Il y puise son âme ganadera et la force de maintenir l’héritage dont il est la troisième génération.
Son Domecq est bien bâti. Sous les robes negras y burracas de ses Los Guateles – Algarra on sent le souffle de l’agressivité qui impose le respect. Pourtant, le monde taurin s’est détourné de « Los llanos ». Résister sans se compromettre dans le marché miséreux réservé aux élevages de second plan, tel est le défi que doit relever Gerardo. Il y trouve pour l’instant la solution dans le marché des toros de rues où il y fait courir l’intégralité de ses toros. Un acte non sans dissonance dans le milieu.

Ancienneté : 15 Juillet 1979
Devise : Vert, Jaune et Blanc
Signal : Hoja de higuera à chaque oreille
Propriétaire : Ajierro, S.L.U.
Gérant : Gerardo Ortega Rodríguez
Fincas : "Los Llanos" - "Vallebarco" - "Los Cabezos" - "Pozoblanco"  Santa Olalla
   Unión de Criadores de Toros de Lidia





Crédits photographiques : Terre de Toros  

 

Dans le monde taurin, Gerardo Ortega Rodríguez fait figure d’homme atypique. Cheveux gominés légèrement frisés et coiffés en arrière, doté d’une carrure imposante, cet hidalgo est connu pour son franc-parler. Gerardo est un homme entier, passionné et spontané. Plus jeune, sa personnalité lui a causé quelques embarras mais l’homme a mûri. Avec les années les cheveux ont laissé le negro zaino pour le cárdeno et une sagesse certaine l’a envahi. Désormais, il n’agit plus seulement à l’instinct, il sait se projeter, planifier des tâches avec raison, comme construire l’équilibre financier d’un élevage de toros de lidia. Sa récente décision de ne plus faire lidier de toros dans les arènes pour dédier l’intégralité de sa production aux spectacles de rues s’inscrit dans ce cadre. Savoir préserver son bien malgré un contexte défavorable, le faire fructifier en dépit de l’adversité pour un jour choisir de revenir.

Depuis quelques années, Gerardo vit seul, dans sa finca isolée de « Los llanos » proche de Santa Olalla del Cala et se complait dans la solitude du campo. Pourtant, il fut attiré dans sa jeunesse par les lumières. D’abord la musique. Il est de l’aventure du groupe de rock Triángulo negro aux côtés de son cousin, le musicien David Summers créateur du groupe Hombres G. Gerardo partagera avec eux quelques chansons lors de leur tournées, ce qui lui vaudra le surnom de cinquième homme G (le groupe était composé de 4 personnes). Il s’essaya aussi comme acteur. Dans la série Serenella mais surtout dans le film de Manuel Summers, son oncle, ¡Sufre, mamón! . Un film dans lequel il se fit remarquer pour avoir cassé la mâchoire d’un acteur lors d’un combat de boxe et où, du fait de son accent andalou quelque peu prononcé, il fallut doubler sa voix. Un curriculum vitae encore plus surprenant quand on connait les origines de notre homme. Car Gerardo Ortega n’est pas de ces ganaderos parvenus, parachutés dans le monde des toros, mais bien l’héritier de deux familles à la longue tradition ganadera. C’est d’ailleurs en accompagnant respectivement leur parents ganaderos à Aracena lors de la feria de 1954 que ses parents vont se rencontrer.
Sa mère Amalia venait voir les novillos de sa mère Amalia Márquez Martín de Aracena qui faisait lidier une novillada le vendredi. Son élevage annoncé à son nom et à celui de son frère Alberto avait été fondé en 1943 sur une base Villamarta achetée au Marquis de Villabragima à laquelle ils ajoutèrent un étalon d’origine Saltillo de Félix Moreno. On imagine ce mélange comme tonitruant. Le dessin de leur fer mêlant le A de Aracena et le M de Márquez nous est encore familier puisqu’il marque aujourd’hui les bêtes de l’élevage de Torrealta. La veille, le jeudi, était annoncé les novillos de Gerardo Ortega Sánchez. Son fils José, père de Gerardo l’actuel ganadero, l’accompagnait et croisa pour la première fois la route d’Amalia. Union de deux belles familles d’éleveurs andalous.

Gerardo Ortega Sánchez n’était pas un señorito andalou issu d’une grande famille, il dût construire lui-même son affaire agricole proche de Aracena. L’expansion de son commerce l’amena à acheter plusieurs fincas autour de Trigueros (Huelva) ou du bétail manso transitait. Mais seulement pour ces activités commerciales. L’afición va arriver par son fils Francisco qui désirait devenir torero. Pour l’entraîner, il commence par acheter des becerros. « Paco » est tenace, alors en 1947 Gerardo lui achète un petit lot de vaches de Estebán Gónzalez qu’il loge sur ses propriétés de « Pelegrín » et « Chaparrera ». Dire alors que les Ortega détenaient un élevage de toros bravos était un bien grand mot, mais ils étaient lancés, piqués par un virus dont ils ne sauront jamais se défaire.
L’histoire devient sérieuse en 1949. Gerardo se défait alors de ses premières vaches au profit d’un certain Celestino Cuadri, illustre ganadero installé à quelques pas, pour acheter à Carmen Calderón une part de l’élevage de son père. Le lot comprend 79 vaches et un étalon étrangement nommé ‘Triguero'. José Enrique Calderón avait acheté en 1937 la part de Salvador Domecq y Díez soit un quart de l’élevage de Juan Pedro Domecq y Nuñez de Villaviciencio. Un lot connu pour sa prédominance Veragua, puisque la famille Domecq y Díez s’en servit pour sortir cette ascendance de leur troupeau. Il est notamment à l’origine de la devise de Prieto de la Cal et explique la présence de nombreuses bêtes jaboneras dans les prémices de l’élevage. Pour autant, Gerardo Ortega n’est pas vraiment satisfait de la qualité de son bétail, qui semble déjà d’une autre époque, allant de más a menos. Pour l’améliorer il ajoute des bêtes de Isaías y Tulio Vázquez, « ils avaient de la dynamite dans le sang, de la pure TNT » se plait à raconter avec nostalgie son petit-fils et actuel ganadero. 39 vaches et l’étalon ‘Imparcial' rejoignent le troupeau. Sur cette base, Gerardo Ortega Sánchez construit la première phase de son élevage, celle des années 1950 ouù il fait combattre principalement des novilladas.
Désireux de mieux faire, il entreprend de grands changements au début des années 1960, alors il achète deux camadas de becerras « neuves » au marquis de Domecq, ainsi que 3 étalons. Après la tienta il en reste assez pour qu’il puisse éliminer définitivement l’origine Veragua et obtenir un changement radical. La réputation de la devise grandit.

Gerardo Ortega Sánchez décède en 1973. Il laisse l’élevage à ses deux fils José et Francisco, débordant tout deux d’afición mais à l’entente fragile. Sous l’impulsion de Francisco sont achetées 40 vaches et l’étalon ‘Garbancito’ de Luis Algarra. Un apport d’excellente qualité qui va renforcer les aptitudes de noblesse. José, quant à lui, sera le défenseur d’une nouvelle entrée de sang du marquis et réussit à incorporer quelques vaches et un étalon. En 1979 la devise a l’opportunité de lidier à Madrid et prend son ancienneté le 15 juillet sous le nom des deux frères. Mais, peu à peu, leurs discordances plongent la devise dans une sorte d’abandon qui lui est préjudiciable. Preuves de ces désaccords les nombreuses tentatives d’émancipation de José Ortega. Il achète tout d’abord en 1964 un fer de « seconde ». Puis, quelques mois avant le décès de son père, en 1972, il crée un fer à son nom. Comme pour préparer une succession qui ne peut se préserver dans l’union. Le fer est celui de doña Francisca Marín, veuve de Emilio Bueno. Il le cédera quelques années plus tard en 1976 pour récidiver en 1982. Cette fois sonne l’acte du divorce, survenu après une tentative de coalition. D’autant plus que José inscrit son nouvel élevage au nom de ses enfants, Gerardo, Salud, Maria et José, et l’annonce « Hijos de José Ortega ». Le fer acquis auprès de Manuel Navarro Sabido est re-dessiné en encerclant le R des Rodríguez dans le O des Ortega. Finalement, son frère Francisco lui laisse la devise familiale en 1985 et José se défait aussitôt de sa dernière acquisition qui finira dans les mains des García Jiménez.

À partir de 1992, le fils de José, Gerardo Ortega Rodríguez entre dans l’entreprise. Il marque son influence par l’introduction de 2 étalons de Los Guateles qui vont injecter beaucoup de sérieux, aussi bien dans la présentation que dans le caractère. Il répéta avec un autre étalon et une trentaine de vaches. Une influence d’autant plus grande, qu’il choisit de délaisser l’origine marquis de Domecq, même si certains gènes subsistent. À partir de 2001, désormais sous la seule direction de Gerardo, la devise fait lidier sous le nom de « Toros de Gerardo Ortega ». Sous sa main l’élevage prend une belle trajectoire, prenant ses habitudes à Séville, où il fut répété onze années consécutives.
L’actualité est beaucoup plus délicate avec une dernière apparition en spectacle avec picadors en 2017. Sa devise souffre comme de nombreuses autres de l’uniformisation des ganaderías imposé par un mundillo à l’esprit toujours plus étriqué à mesure des années. Gerardo n’étant pas un homme de soumission, il a trouvé un autre débouché pour ses toros dans la tauromachie de rues. Le respect mutuel et la qualité de ses bêtes pour ces spectacles lui permettent de vendre la totalité de ses camadas et de conserver son élevage de toros, un héritage dont il représente la troisième génération.

 


Gerardo Ortega Rodríguez est la troisième génération d’éleveur à la tête de la devise familiale. Lorsqu’il entre dans l’aventure ganadera en 1992, il y a déjà bien longtemps que les sangs Veragua et Tulio Vázquez sont sortis des veines de ses toros. À cette époque, les Ortega sont un mélange de marquis de Domecq des années 1960 (1963) rectifié par un apport de Luis Algarra. Précisément 40 vaches et l’étalon ‘Garbancito’ amené par son oncle Francisco Ortega Sánchez. Son père, José Ortega Sánchez était quant à lui un fidèle défenseur de l’encaste marquis de Domecq qu’il réussit à renforcer en 1979 avec quelques vaches et un étalon. Dans cette ligne l’étalon ‘Talanero’ n°13 marqué du fer du marquis de Domecq fut un des piliers de l’élevage. Les stratégies des deux frères avaient du mal à s’aligner et précipitèrent l’élevage dans un manque de gouvernance. Lorsque Gerardo Ortega Rodríguez récupère la devise il dispose de 75 familles (reatas), pas moins !

Il manque à ses marquis de Domecq un petit quelque chose que Gerardo pense trouver dans la devise de Los Guateles. Un élevage issu de la ligne Domecq nommée Fonseca, créée à Salamanque par Maria Antonia Fonseca. Un Domecq qui se distingue par son agressivité et son sérieux. En 1994, Gerardo Ortega installe sur ses vaches ‘Sorpresa' et ‘Desgreñado', deux toros marqués du fer de Los Guateles. Le résultat est probant et ses deux toros deviendront 2 étalons fondamentaux de l’élevage. Plus tard, il récidive avec un autre étalon ‘Ligeo' et une trentaine de vaches, toujours de Los Guateles. À mesure que les gènes des Guateles prennent de l’importance, Gerardo diminue l’influence de la souche marquis de Domecq qui, à partir des années 2000, devient très minoritaire. Désormais, l’élevage ne compte plus que 22 familles et est un bel équilibre entre la noblesse des Algarra et la race des Los Guateles que quelques vestiges de sang marquis de Domecq viennent agrémenter par leur sérieux.

L’un des principaux combats que va devoir mener Gerardo Ortega Rodríguez est celui de la force. Comme de nombreuses autres devises, à partir des années 1990, ses toros souffrent d’une faiblesse qui occulte toutes leurs qualités de bravoure. Pour combattre ce fléau, Gerardo va se concentrer sur trois axes.
Tout d’abord, il change de finca. Jusqu’alors seuls les mâles étaient en pâture à « Los Llanos », mais les femelles et leurs veaux étaient restés dans les fincas historiques de « Pelegrín » et « Chaparrera », proches de Trigueros. Il y régnait un climat beaucoup plus clément alors que à « Los Llanos », proche d’Aracena, la température y est beaucoup plus fraîche, ce qui endurcit les animaux, même s’il est vrai que cela diminue leur gabarit. Autre point d’importance : l’alimentation. Gerardo fait bien attention à nourrir son troupeau de manière constante, progressive tout au long de l’année et non seulement par à-coups en fonction des besoins commerciaux. Ce pilier est fondamental. Enfin la bravoure. La sélection se doit de maintenir un haut niveau d’agressivité, sans ça la faiblesse pointe son nez. D’autant plus que la bravoure n’est pas facile à conserver, elle se dilue très rapidement et pour ne pas la perdre il faut sans cesse l’alimenter.
Si dans les années 2010 l’élevage comptait 225 vaches de ventre, il n’en compte désormais que 140 (2022). Dans la camada prédomine les negros et les burracos, influence des Los Guateles. Il y a peu de colorados et de castaños. Les types sont également variés, avec certains toros acapachados au tronc en forme de barrique et d’autres aleaonados et veletos (presque asaltillados).


Elevages disposant de bêtes d'origine Toros de Gerardo Ortega :

 
 

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