Hernández Pla - San Martín
Hernández Pla - San Martín

Point besoin d'être devin pour comprendre que Hernández Pla - San Martín est la fusion de ces deux élevages. Deux ganaderias pour une étiquette, celle du vieux fer de Hernández Pla datant de 1882. Cette devise s'est tout d'abord construite avec le bétail encasté des Escudero Bueno, futur Victorino Martin. Puis, à la fin des années soixante, le sang Buendia vint substituer les anciens Santa Coloma et en 1974 l'ancien fer familial réapparut. Puis, en 2000, Ignacio Huelva, un riche aficionado à la tête de la société au nom barbare et peu aficionado de « Horsebull », acheta la devise.
L'homme d'affaire a depuis fait d'autres acquisitions dans la branche Santa Coloma, dans sa version ancienne chez Pérez de la Concha ou varié chez San Martin. Si il laissa les Pérez de la Concha de côté il réunit en 2008, les San Martin et les Hernandez Pla sous le fer du H, une augmentation qui valu à la devise son changement de nom. Deux ans plus tard, le cheptel fut acquis par les frères Hornos et depuis le fer du H n'est plus utilisé.

Ancienneté : 12 Novembre 1882
Devise : Bleu ciel, Blanc et Encarnada
Signal : Punta de espada à droite - Muesca à gauche
Propriétaire : Horsebull, S.L.
Gérant : Ignacio Huelva Manrique
Fincas : "Zurrón"  Azuaga"San Salvador"  Puerto Moral"El Encinar"  Zufre
   Unión de Criadores de Toros de Lidia



Accrochez-vous ! L’historique de la famille Hernandez est loin d’être un long fleuve tranquille. Les méandres et les chaos y sont nombreux, sans parler des barrages et des écluses magiques permettant de passer outre quelques règles fondamentales de l’U.C.T.L. Pour les cartésiens, cette lecture est déconcertante voire déroutante, mais essayons tout de même d’y voir plus clair.


Ne débutons pas comme il est de coutume par José Maria Hernandez Pla, mais par son père Esteban Hernandez Martinez dont la devise d’Hernandez Pla est l’héritage.
Don Esteban fit sa première acquisition de « bravo » en 1890 auprès de Alejandro Arroyo qui possédait du bétail « de la tierra » mais issu du nord, les fameux Raso de Portillo de Juan Antonio Mazpule. Deux ans plus tard, visiblement satisfait des résultats, il récidive dans la même lignée et achète les restes de l’élevage de Mazpule. Ces acquisitions ne semblant pas contenter son appétit de ganadero, il achète également l’année suivante l’élevage du Conde de la Patilla (824 têtes). Le bétail est installé dans trois fincas différentes des alentours de Madrid : l’une à San Fernando de Henares, l’autre à San Martin de la Vega et la dernière à Ciempozuelos. Le tout étant géré comme trois ganaderias différentes. D’ailleurs, chacune possédait sa devise, les toros d’origine Arroyo sortant le 5 Avril 1891 à Madrid avec une devise blanche et ceux de provenance Patilla avec une devise incarnat, celeste et blanc (20 Mai 1894).
La sélection de don Esteban s’orienta sur l’origine Patilla qui deviendra rapidement exclusive. Le bétail du Duc provenait de la vieille race Andalouse Espinosa – Zapata élevée par les moines « cartujanos » non loin d’Arcos de la Frontera. Arrivé en Castille en 1883, le Duc de Patilla fait sa présentation avec une devise Bleu, blanche et incarnat le 8 Juillet de cette même année. Comment expliquer alors que l’ancienneté du fer actuel de Hernandez Pla date du 12 Novembre 1882 ? Et pour couronner le tout, il faut ajouter que l’ancienneté de la devise de don Esteban Hernandez fut de tout temps celle du Duc de Patilla, sauf un beau jour de 1974 ! Mais poursuivons, nous y reviendrons. Don Esteban agrémenta sa branche Andalouse de bêtes d’origine Vazqueña via Jacinto Trespalacios, un mélange qui fut du meilleur aloi, ses toros obtenant une grande réputation. Reconnu pour leur trapio, leur bravoure et leur poder, les toros de don Esteban Hernandez rivalisent avec les meilleurs élevages du moment. Le troupeau totalise 1500 têtes et un surnom des plus flatteurs qualifie la devise : « Les Pablo Romero de Madrid ». A titre d’exemple, en 1894, « Caminero » vainc un lion dans les arènes de Madrid, c’est dire! Ou dans un combat plus classique, « Cartulino » prend 9 puyas le 22 Avril 1900 à Valence, laissant sur le sable six équins.
Don Esteban décède le 21 Février 1913 d’une chute de cheval sur sa finca de « Sotillo Gutierrez », ses héritiers et sa veuve Luisa Pla prennent sa succession. L’élevage est désormais annoncé « Señores herederos de don Esteban Hernandez ». Seulement trois ans après la prise en charge de la ganaderia, les nouveaux ganaderos effectuent un croisement avec des étalons du Marquis de Saltillo. Les résultats furent là aussi excellent et grandirent encore la réputation de la vacada. Le sang Vazqueño s’éteint peu à peu au profit du fleuve Vistahermosa.
En 1932, Luisa Pla et ses enfants achètent une nouvelle ganaderia et non des moindres, celle de José Encinas, une des matrices du sang Vega-Villar dans le Campo Charro. Alors la devise ancestrale passe au nom de don Esteban Hernandez Pla, tandis que le nouveau fer couvrant les Patas Blancas est inscrit au nom des héritiers de Esteban Hernandez. Esteban Hernadez Pla, fils de son père ; est alors très jeune, mais déjà excellent aficionado et éleveur. Il présente à Madrid sa nouvelle devise (blanche, noire et verte) le 27 Mars 1932, mais n’aura pas l’occasion de briller, la guerre civile détruisant l’œuvre des générations antérieures.


Ce n’est que dix ans plus tard que la ganaderia des Hernandez va renaître. C’est José Maria Hernandez Pla (frère de Esteban) qui fut le premier à repartir. En 1944, il fonde sa propre ganaderia avec des bêtes de Bernardo Escudero de pure origine Albaserrada. Mais alors tout est à refaire. La ganaderia sollicite son adhésion à l’U.C.T.L par « la prueba » qu’elle remplit entre 1948 et 1950 en lidiant des novilladas à Saragosse, Grenade, Albacete, Segovie et Madrid où il prend son ancienneté avec une devise blanche, verte et incarnat le 25 Septembre 1949. Pendant ce temps, Esteban décide de refaire vivre le fer familial et reprend son activité en 1948 avec 60 des bêtes du Duc de Pinhoermoso, elles aussi d’origine Albaserrada. Esteban Hernandez maintiendra près de vingt ans la devise familiale avant de la céder à un certain Miguel Zaballos.
La destinée familiale se retrouve donc dans les mains de José Maria. A son décès, en 1955, la ganaderia est partagée entre ses trois enfants : José Luis, Maria José et Teresa. Maria José vendra rapidement, tandis que José Luis, qui a conservé le fer, maintiendra les Albaserrada paternels jusqu’en 1975. Teresa, quant à elle, munie d’un nouveau fer et d’une devise blanche et verte (mais conservant l’ancienneté de son père) va parvenir à faire survivre le patrimoine en y apportant toutefois des variantes. Durant ses années de règne, elle insère un lot de vaches et un étalon de Samuel Flores, venant imprimer l’influence Parladeña si en vogue. En 1959, c’est le frère du défunt José Maria, Gabriel Hernandez Pla qui prend la direction des opérations, conservant le cap jusqu'à sa mort en 1968. Alors, ses héritiers reprennent l’affaire. Ils insèrent d’abord un lot de la veuve Arribas, avant de se raviser et de remplacer complètement le bétail familial (1969) par du Santa Coloma de Joaquin Buendia. Enfin en 1974, ils décident de remettre en pompe le fer de don Esteban Ier et récupère devise et ancienneté. Enfin presque, puisque l’ancienneté devient étrangement le 12 Novembre 1882, date inconnue jusqu’alors…


La belle épopée de la famille Hernandez se clôturera en 2000, après plus d’un siècle d’histoire et de multiples rebondissements. Son heureux successeur, Ignacio Huelva, conserva le nom et le sang, mais eut la faute de goût de nommer la société gouvernante « Horsebull ». L'élevage vit alors sur sa réputation passée et a bien du mal à ressurgir. Pourtant, la devise va rejaillir, et au moment le plus opportun, en pleine San Isidro 2002. La corrida sort complète avec un toro extraordinaire : "Guitarrero" qui remporte tous les prix de la plus grande feria du monde. Deux ans plus tard, dans la plazita de Céret, le fer ressuscite un second exploit d'un autre genre, avec des tiers de piques historiques offrant de nombreux batacazos d'un autre temps. La présentation du bétail est admirable, cependant une forte irrégularité avec une balance penchant fortement du mauvais côté engendre un certain dédain des aficionados.


En 2008, le bétail de l'élevage de San Martin, lui aussi propriété de Ignacio Huelva, vint rejoindre les Hernandez Pla sous le fer historique. Pour Ignacio les ascendances sont identiques et la fusion logique. Le fer fut à l'occasion renommé "Hernández Pla - San Martín". Deux ans plus tard, le cheptel fut acquis par les frères Hornos et depuis le fer du H n'est plus utilisé.

 


Qu’elle fut l’idée de Ignacio Huelva lorsque il unit les élevages de Hernandez Pla et de San Martin ? A cette heure lui seul connaît la réponse et toutes les directions sont possibles. Maintenir ses deux lignes séparément, ou les mélanger. Mélanger l’une en conservant intacte l’autre. De nombreux scénarios sont possibles et il faudra patienter quelques années avant d’avoir une ébauche de réponse.


Quoi qu’il en soit les origines de la devise sont Santa Colomeñas pour sur. D’un côté comme de l’autre.


Coté Hernandez Pla, l’ascendance Santa Coloma est directe via le successeur du Comte : Joaquin Buendia. En 1969, les héritiers de Hernandez Pla avait remplacé le vieux bétail de la casa par une centaine de vaches et deux étalons du fer de Buendia.
Oui mais voila, les choses ne sont pas aussi simples qu’il n’y paraît. Le sang Buendia qui coule dans les veines des Hernandez Pla est bien loin de l’image actuelle du toro de caste Buendia. Il est vrai qu’en une quarantaine d’années la ganaderia a évolué et il est normal de trouver un type différent. Ceci illustre parfaitement le fait que les Hernandez Pla sont d’un trapio largement supérieur aux classiques Buendia, mais n’explique pas tout. Car à y regarder de plus près, si certains toros ne peuvent renier leurs origines, d’autres font une allusion à peine voilée à leur filiation Saltillo. Leur silhouette ultra fine, degollada, aux museaux effilés ne trompe pas. Alors si la forte présence du sang Saltillo ne laisse aucun doute, le mystère reste entier quant à sa provenance. Une ascendance qui pourrait avoir été importée avec le lot de chez Buendia et affinée au fil des ans par une scrupuleuse sélection. Ou bien encore, avoir été introduite par une des rames Saltillo de la famille Hernandez. Qu’elle soit, vestige de l’ancien troupeau ou transféré depuis un des autres élevages de la famille. N’oublions pas que Luisa Rueda Hernández, petite fille de Luis Pla, a maintenu des Saltillo-Santa Coloma jusqu’en 2004...
Outre le nucléon qui gravite autour de la ganaderia, nous ne saurons sans doute jamais la vérité sur les origines exactes des Hernandez Pla, si tant est que quelqu’un la connaisse. Toujours est-il que les Hernandez Pla sont des toros uniques et parmi les plus beaux que compte la cabaña brava actuelle.


Coté San Martin, la situation est bien plus complexe, car la généalogie de cet élevage est très particulière pour ne pas dire unique. Elle lie sous un même fer la plupart des dérivations de l’élevage du Comte de Santa Coloma. Depuis le début du siècle, les divisions de l’élevage de Santa Coloma ont créé des rames, qui au fil du temps ont profondément évolué voire muté en des races propres, qu’il convient de différencier. C’est pourquoi les élevages de cette origine présentent généralement l’une ou l’autre des rames, ou tout au plus un croisement entre elles. Mais aucun n’a jamais pensé, ou pu, réunir la quasi-totalité de la filiation du Conde de Santa Coloma. Pour parvenir à cette oeuvre remarquable, les éleveurs Mexicains, Marcelino Miaja Calvo et José Chafik Hamdam, ont rassemblé du bétail issu de huit fers différents.
En 1905, lorsque le Comte de Santa Coloma fonde son élevage il unit les castes Saltillo et Ibarra. Les lois de la génétique interdisant un mélange homogène des sangs, chaque Santa Coloma conservera de manière prédominante l’une ou l’autre des deux castes. Aujourd’hui, quatre rames restituent les vestiges de la ganaderia originelle : Albaserrada et Buendia avec une majorité de gènes Saltillo, Coquilla et Graciliano avec une large ascendance Ibarra. A ces 4 branches pures Santacolomeñas, il faut ajouter la branche Vega-Villar. Celle-ci fut constituée en 1910 par José Vega en croisant des vaches de José Vazquez avec un étalon du Comte de Santa Coloma. L’origine Santa Coloma va prendre le dessus sur le sang Vazqueño, ce qui explique que cet encaste nommé Vega-Villar, ou plus populairement Patas Blancas, est souvent classé dans cette catégorie.
Passionnés par cette origine, dont ils possèdent également un élevage au Mexique, les deux ganaderos vont tâcher d’en réunir toutes les origines. Buendia d’abord, à partir de l’élevage de Paco Camino et de produits de la maison mère. Graciliano, par les ganaderias des fils de Ignacio Pérez Tabernero et de Palomo Linares. Coquilla, la part Santa Coloma la plus infime, avec du bétail de Sanchez Fabres et Sanchez Arjona. Manquent seulement les Albaserrada, les "presque" Saltillo, consacrés par Victorino Martin. Mais ce dernier a toujours repoussé les nombreuses offres des ganaderos ; cependant José Chafik a tout de même pu acquérir quelques paillettes de spermes qu’il a importées au Mexique. Sûrement pour pallier à cette absence, les ganaderos allèrent chercher du pur Saltillo chez Moreno de Silva. Puis, pour compléter la collection, ils introduirent des bêtes d’origine Vega-Villar, provenant de chez Barcial. Pour vivifier cette souche, des vaches de Curro Chica (origine Vazqueña - Ybarra) furent ajoutées ainsi que des injections de sang Buendia.

 
 

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