Partido de Resina
Partido de Resina

Le Pablo Romero est un des plus beaux toros de la cabaña brava. Estampe majestueuse, il est reconnaissable entre tous par sa morphologie singulière sublimée par sa robe cárdena. L’élevage est un des plus anciens d’Espagne et le dernier représentant de la caste Gallardo. Mené pendant plus d’un siècle par la famille Pablo Romero, le désormais Partido de Resina est la propriété de José Luis Algora.

Lorsque José Luis Algora achète la devise en 1997, l'élevage est en plein déclin et plus préoccupant encore, il connaît de graves problèmes sanitaires. Vétérinaire de profession, sa priorité est d'assainir le troupeau, puis de structurer de nouvelles bases.
La première étape est sur le point de se concrétiser, la seconde, la plus délicate, est un travail de long aloi. Même si l’irrégularité reste importante, de belles prestations engagent à l’optimisme, d’autant plus que la tendance est positive.

Ancienneté : 8 Avril 1888
Devise : Céleste et Blanche
Signal : Rabisaco à droite ; Hendida et muesca à gauche
Propriétaire : Partido de Resina Sociedad Agricola y Ganadera, S.L.
Gérant : José Luis Algora Cabello
Fincas : "Partido de Resina"  Aznalcàzar
   Unión de Criadores de Toros de Lidia





Crédits photographiques : Terre de Toros  

 

La richissime histoire de la ganadería Pablo Romero, aujourd’hui Partido de Resina, débute en 1870 lorsque Rafael Laffitte y Castro achète l’élevage de Rafael José Barbero. À l’époque, les élevages de toros de combat sont un véritable patchwork au métissage indéfini. La ganadería de Laffitte illustre parfaitement le propos puisqu’après avoir débuté sur la base du bétail de Rafael José Barbero, d’origine Jijón-Cabrera, il insère en 1874 l’élevage de José Bermúdez Reina, mosaïque des castes Gallardo, Cabrera, Vázquez et Navarra, à large dominante vazqueña. Depuis, si on excepte la probable introduction de sang Saltillo, aucun autre apport de sang n’est intervenu. Mais nous verrons tout ceci plus en détail dans le chapitre consacré aux origines.

C’est en octobre 1885 que l’élevage entre dans la famille Pablo Romero, après un passage furtif dans les mains de Carlos Conradi qui eut tout juste le temps de le partager en deux. Felipe de Pablo Romero, fondateur de la dynastie familiale, s’installe dans les alentours de Séville, entre Sanlucar la Mayor et la Puebla del Río, dans les fincas "La Herreria", "Partido de Resina" et "Venta Negra". Il se trouve alors à la tête d’un troupeau extrêmement hétérogène et multicolore. Colorados, negros, castaños et berrendos se mêlent en alliant un seul point commun la dureza. Les qualités de combattant des toros de Felipe de Pablo Romero procuraient des tercios de varas spectaculaires, conférant à la devise une excellente réputation. L’élevage se présente à Madrid avec l’ancien fer de Laffitte y Castro le 8 avril 1888 avec au cartel Lagartijo, Hermosilla et Guerrita.

En 1906, Felipe de Pablo Romero y Llorente succède à son père. Il gardera l’élevage une quarantaine d’années durant lesquelles il centrera sa sélection autour de l'origine Gallardo pour parvenir à la création du "Pablo Romero" actuel. La mutation se produit au cours des années 1920, où ses toros changent de morphologie, de tempérament et la gamme chromatique des robes se rétrécie. L’utilisation d’étalons du Marquis de Saltillo, qui partageait alors la même finca, tient à l'évidence pour une part importante dans la métamorphose. Cependant le fait reste démenti par les propriétaires, preuve génétique à l'appui.
À partir de 1943, l'élevage passe sous la direction des deux fils de Felipe, José Luis et Felipe. Profitant des évolutions dues au méticuleux travail de sélection de leur père, les toros des deux frères Pablo Romero s’adaptent avec succès à la lidia moderne, permettant à la ganadería de conserver sa réputation. Cependant, dans les années 1940, le conflit opposant José Luis à Manolete, source d’un refus d’afeitado du ganadero, aboutit au veto du torero alors en pleine gloire. Veto qui freinera considérablement l’essor de la devise jusqu'à la mort accidentelle du torero, après quoi l'élevage reprit naturellement son rang.
En 1956, pour éviter une dissolution entre les héritiers (José Luis eut 10 enfants), il fonde la société "Pablo Romero Sociedad Anónima". La ganadería connaît alors son âge d’or. Pendant une vingtaine d’années, les "Pablo Romeros" donneront des combats complets qui illumineront les plus grandes arènes d’Espagne.

Les résultats deviendront irréguliers dans les années 1970. Des bêtes faibles succédant à de grands toros. La famille Pablo Romero connaît également mauvaise fortune avec les décès successifs de José Luis en 1975 et de son fils Felipe en 1979. La situation dégénère encore dans les années 1980 avec une baisse de bravoure et de caste, la faiblesse persistant. Alors, en 1986, les héritiers décident de vendre. Pour sauver l’élevage de la partition, Jaime de Pablo Romero achète toutes les parts. Devant le coup financier de l’opération, il vend la finca emblématique "La Herreria" et une partie de "Partido de Resina" où il transfère la totalité du bétail, se voyant contraint de réduire de moitié le troupeau pour manque d’espace.

Suivent des hauts et des bas, et finalement en 1997, à bout de souffle et ruiné, Jaime est contraint de vendre à la société "Partido de Resina, S.L." menée par José Luis Algorra. L’état sanitaire du troupeau est alors très inquiétant et devient la priorité absolue du nouveau ganadero, vétérinaire de profession. Et bien que le toro ‘Joyerito’ remporte le prix du meilleur toro de la San Isidro 1999, il n’efface pas les inquiétudes de José Luis Algorra. En 2007 l’état d’urgence est ordonné avec une forte épidémie de Brucellose qui l’oblige à abattre 80% des vaches de ventres. En conséquence l’élevage fait seulement lidier 4 bêtes en 2011 et 5 l’année suivante. Depuis, bien que les résultats restent irréguliers, l’état sanitaire du troupeau a été fortement amélioré. Avec 120 vaches de ventre on peut désormais lever l’état d’urgence et augurer de jours meilleurs.

 


Rares sont les élevages qui possèdent des origines aussi complexes que celles de Pablo Romero. Pour simplifier le tout, sa constitution remonte à des temps anciens, très anciens, où les ganaderías étaient un assemblage plutôt confus et pour lesquelles il est difficile d’obtenir des informations précises. Afin de bien suivre la constitution de la ganadería nous allons suivre l’élevage de Gallardo qui en est la racine.

Francisco Gallardo reprend en 1792 l'élevage de Bernaldo de Quiros. L'homme, un Navarrais installé à Cadiz, avait réuni en 1762 des bêtes des Dominicains du couvent de San Jacinto de Sevilla, auxquelles il avait ajouté des produits de sa terre natale, le fameux toro navarrais. C'est dire si les bases de l'élevage de Francisco Gallardo étaient un puzzle aux mille couleurs, qu'il va savoir assembler pour s'offrir une belle réputation avec des toros braves et "durs".
La filiation de Gallardo arriva entre les mains du Duc de San Lorenzo en 1864. Celui-ci, qui possédait déjà du bétail de Cabrera, également originaire du couvent de San Jacinto, mêla les deux sangs. Autour de 1870, il incorpora deux étalons de Juan López Cordero, d’origine Hidalgo-Barquero. C'est-à-dire un mélange des castes Vázquez et Vistahermosa qui pencha en faveur de ce dernier. Le duc est donc le premier à introduire le sang Vistahermosa dans la ganadería.

Son successeur, José Bermúdez, unit lui aussi son troupeau aux vestiges du sang Gallardo. Son élevage avait été bâti en 1846 avec des bêtes de pure caste Vázquez achetées à Benjumea. Lors du mélange, son troupeau comptait près de 500 têtes, la part de caste Gallardo était donc minoritaire, on parle d’à peine une soixantaine de vaches.
Enfin, Laffitte y Castro accomplira la dernière étape en 1870 en insérant lui aussi son élevage acquis quatre ans auparavant à Rafael José Barbero. Il l’avait formé avec des étalons de Cabrera et des vaches de Jijón obtenues de Muñoz Pereira.

Tout est dit sur les origines, enfin dans la version officielle, celle de la famille Pablo Romero et de son actuel propriétaire José Luis Algora. Il n’y aucun doute sur les formidables compétences d’éleveurs de Felipe Pablo Romero et de son fils, qui ont su à partir d’un ensemble hétérogène centrer leur sélection sur la race Gallardo pour obtenir un type de toro bien défini. L’acte est exceptionnel, et le mot n’est pas exagéré, tant la base de départ était faible.
Mais imaginer le Gallardo de Pablo Romero comme l’actuel Partido de Resina serait une erreur. Il y a eu bien plus qu’une évolution. Pour preuve la diversité des robes. Jadis, l’élevage détenait une large gamme chromatique où les ?cárdenos étaient noyés, mais aujourd’hui c’est "la" robe de la ganadería. Pour ma part, et ceci n’engage que moi, il y a bien eu en 1918 introduction de sang Saltillo. Il suffit d’observer les deux toros pour s’en convaincre. Parfois la différence est bien futile. La manœuvre était on ne peut plus facile, puisqu’au décès du dernier Marquis de Saltillo, c’est Felipe de Pablo Romero qui a traité la succession, conservant durant deux ans la totalité du troupeau sur ses terres. N'en déplaise aux romantiques, le sang Vistahermosa est bien présent dans la ganadería de Partido de Resina. D’abord suggérée par le sang Hidalgo-Barquero d’où les anciens toros berrendos qui ont aujourd’hui disparu. Puis, plus sûrement par le sang Saltillo. Aboutissant après deux siècles de sélection à ce toro unique, pour beaucoup le plus beau de toute la cabaña brava, fruit des castes Gallardo, Cabrera, Jijón, Vázquez et Vistahermosa.

 
 


Morphologie
 

C’est un toro volumineux, très musclé, aux formes arrondies qui dépasse facilement les 600 Kg. Il est très harmonieux, malgré un effet de disproportion dû à ses petites pattes et au tronc large et cylindrique (côtes voûtées). De taille moyenne, hondo, le morrillo est spectaculaire, couvert de poils longs et frisés. Une de ses particularités vient de son cou, très court, que la sélection tente d’allonger. La tête est petite, large et courte (chato), munie de petites oreilles très mobiles et de grands yeux positionnés sur le haut de la tête. Les cornes sont bien développées, sans être excessives, les extrémités vont de l’astifino à l’astigordo. La peau est fine, le pelage typique est le cárdeno dans toutes ses variantes, allant du très clair au très sombre. La robe noire, jadis majoritaire, reste présente, mais les berrendos en negro ont disparu depuis les années 1960.


Comportement

Puissant, brave et robuste lors du premier tiers, il allie bravoure et agressivité à la muleta. Cependant, la longueur de son cou constitue un handicap au dernier tiers en l'empêchant d'humilier.
L’élevage sort tout juste d’une mauvaise phase mais la faiblesse semble en régression et de belles sorties portent à l’optimisme bien que l’irrégularité reste importante.

 
 

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